Apprendre les hiéroglyphes égyptiens
Dictionnaire des hiéroglyphes Ancien Egyptien
Hieroglyphs dictionay of Ancient Egyptian

CHAP 6... La "crise" du IIIe siècle : causes et aspects politico-militaires

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   Cette période s'étend de la mort de
Sévère Alexandre en 295 à l'avènement de Dioclétien en novembre 284. C'est une période de crises internes comme externes.
   Il faut distinguer dans ces cinquante années un pic dramatique lors des règnes conjoints de Valérien et Galien entre 253-260. Elle se termine avec la capture et la mise à mort par le roi sassanide Shapur Ier de l'empereur Valérien. C'est un cas unique qui rappelle Crassus contre les Parthes à Carrhée.
   C'est tellement noir que l'empire aurait pu disparaître. Il faut analyse la crise avant d'aborder les mutations et réformes pour y faire face.


I] Les causes

         1) Causes extérieures
   C'est l'attaque permanente du limes par les ennemis de Rome. On distingue deux grands groupes :
           
Les Germains : ils s'attaquent au front du Danube à partir de 233-4 (fin du règne de Sévère Alexandre). Sous ce terme, on désigne les peuples qui vivent aux frontières de l'empire de la mer du nord à la mer noire.
   Coté Danube, ce sont les Carpes, etc. qui voient leur espace vital se réduire par l'arrivée de nouveaux peuples : les Alamans, les Francs, eux-mêmes poussés par des peuples asiatiques (les Huns ?). Apparaissent en tout cas des Goths, des Vandales, Burgondes vers 240-270. Ils buttent sur le limes, demandent à entrer dans l'empire. On leur refuse alors ils se servent. La frontière devient un monde instable.
            – En Orient, les Perses : les défaites infligées aux Parthes Arsacides ont discrédité cette dynastie remplacée par les Perses Sassanides qui prétendent descendre des achéménides. Ils revendiquent l'héritage achéménides (Xerxès).
Cette dynastie est mise en place par le roi
Ardashir de 226 à 241 et Shapur prendra la suite 241-272. Cette dynastie prendra fin en 651, battues par les Arabes.
   Avec cet adversaire, c'est la radicalisation de l'Etat vis à vis de Rome, l'ennemi héréditaire. Rome doit faire face à un Etat centralisé, une monarchie organisée, farouchement "nationaliste" qui s'appuie sur une religion d'Etat : le mazdéisme, et un puissant clergé qui rejette tous l'héritage hellénique. Dès 231, Ardachir révèle une hostilité irréductible à Rome ; son successeur également.
   L'empire fragilisé leur donne l'occasion de porter des coups terribles comme la capture de l'empereur.

   Ce qui est grave pour l'empire est la conjonction d'attaques en Orient et en Occident. Rome a du mal à faire face simultanément. L'absence d'une armée de réserve se montre cruelle. Ces invasions multiples ont eut pour conséquence de désorganiser l'empire.

         2) Des troubles internes
a. Les oppositions interne
   C'est le brigandage avec l'affaiblissement de l'Etat. En Gaule les Bagaudes (270-286) ; en Egypte, les Blemmyes (260-280) ; en Afrique du Nord c'est le soulèvement de populations indigènes (253-260)

b. Les troubles politiques
   Il s'agit de l'affaiblissement du pouvoir central. Il est tombé entre les mains de généraux élevés à l'empire par leurs soldats et éliminés par l'assassinat. C'est le ralentissement progressif du commerce, le déclin de certaines cités et le marasme de l'agriculture dans certaines régions. Sur le plan social, c'est la permanence du brigandage, à ne pas surévaluer mais qui est endémique.    Finalement, c'est l'appauvrissement des notables et de l'évergétisme et par la même la diminution des inscriptions.

c. Les troubles religieux
   On assiste à un trouble des consciences devant tant d'épreuves, avec la recherche de boucs émissaires parmi lesquels les chrétiens. C'est la recherche de cultes nouveaux capables de réconforter, d'assurer le salut des vivants après leur mort. Mais il faut avoir à l'esprit que cette crise ne touche pas toutes les régions de la même façon, ne touche pas toutes les classes sociales, toutes les provinces et toutes les époques. Il n'y à rien à voir entre la Gaule et l'Afrique proconsulaire.

   Cette crise n'est pas une vue contemporaine. Les populations de l'époque, les intellectuels (Hérodien), les écrivains chrétiens (Tertullien) ou encore Origène et Cyprien. Tous sont conscients de vivre une période de crise profonde. Cyprien se demandent même si l'empire ne va pas disparaître. La crise se généralise vers 260.


II] La crise militaro-politique


   Une constatation : les mouvements aux frontières ont pour une large part entraînée l'anarchie politique, encourageant les ennemis de Rome. Cette période est fertile en usurpation et en invasions. Par-dessus cela, elle est assombrie par la peste entre 250 et 280.

         A/ Les mutations politiques

        
1) Le Sénat
   La période manifeste un déclin politique incontestable du sénat. Dès les Sévères on note ce déclin avec des persécutions avec Maximin le Thrace.
   L'influence du sénat sur le plan militaire est considérablement réduite par Gallien, tandis que les empereurs illyriens (Claude IIAurélien : 268-275) l'écartent du pouvoir. Néanmoins, ce comportement n'est pas systématique : certains empereurs cherchent à collaborer comme Sévère Alexandre (222-235), les Trois Gordiens (238-244), Pulpien et Balbin en 238. Trajan Dèce (249-251) lui confie l'administration civile, et Tacite (275-276) aurait remis le Sénat au premier rang.
   Le déclin politique est visible dans la nomination des empereurs. La tradition veut que l'empereur soit acclamé par les sénateurs. Seuls Pulpien, Balbin et Tacite ont été désignés par le sénat. En 282, Carus proclamé empereur par l'armée de Rhétie néglige de demander l'acclamation du sénat. C'est déjà une perte d'influence. Suit un affaiblissement en matière législative et juridique : le    Sénat est remplacé par les chevaliers et les juristes.
   En fait, on constate un déclin politique du sénat certain, mais sur le plan social, il conserve toute son influence et son prestige.

         2) Les chevaliers
   Dans l'administration de l'empire, la distinction entre provinces sénatoriales et impériales s'efface du fait de la guerre contre les barbares et de la guerre civile : de plus en plus, toutes les provinces sont armées.
  
Il y aura toujours des légats de rang sénatorial avant Gallien (253-268), mais ils sont moins nombreux, on les prive de leur commandement militaire pour les remplacer par des chevaliers avec le titre de praeses, -ides.
   On assiste à la même évolution pour les commandement de légion. Le légat est remplacé par un préfet chevalier. Les commandements extraordinaires, les vexillations, sont donnés à des chevaliers avec le titre de dux, -cis.
   L'ordre équestre a ainsi récupéré et les pouvoirs civils et les pouvoirs militaire de l'ordre sénatorial avec la pratique du recours aux intérims avec l'exemple de Thymésithée. Cette évolution est le résultat aussi du désintérêt d'un certain nombre de sénateurs pour l'armée. Les guerres sont longues, meurtrières, cause de stress. Aussi le gouvernement à recours aux hommes d'expérience que sont les chevaliers.

         3) L'empereur
   Tous les empereurs, ainsi que les usurpateurs, moururent de mort violente, soit tués au combat (Trajan Dèce : 249-251), assassinés ou encore contraints au suicide. Un seul est mort de la peste (Claude II le gothique, 268-270).
   Cela annonce un déclin de l'autorité de 'empereur. Au début de l'empire, l'avènement d'un empereur est le fruit d'une volonté commune du Sénat, de l'armée et du peuple. Chaque corps social y va de son acclamation. Mais à partir de Maximin le thrace (235-238), ce n'est plus un princeps, encore moins un dominus : il n'y a plus d'hérédité dynastique, et désormais c'est l'armée qui donne à l'empereur le pouvoir absolu en le proclamant imperator. C'est l'armée qui décide de le conserver ou de lui retirer cette autorité.
   Finalement l'autorité de l'empereur s'effrite et s'émiette par ces changements successifs et simultanés. Cette situation crée l'instabilité politique et le renforcement des pouvoirs de l'armée.


         B/ Les renforcements des pouvoirs de l'armée

         1) L'armée qui fait et défait les empereurs
   C'est une des causes, et un aspect, de l'instabilité. On peut chercher dans l'armée l'ambition des préfets du prétoire ou bien celle des généraux : Maximin le Thrace (235-238) fut préfet du prétoire sous Sévère Alexandre et Philippe l'Arabe (244-249) était le préfet du prétoire de Gordien III. Mais surtout il faut évoquer les généraux, le dux de Mésie Trébonien Galle (251-253), Emilien en 253, Valérien toujours en 253, Postumus (260-269) général en Gaule porté par l'armée du Rhin, Carus en 282-283.
   Les règnes des empereurs sont courts sauf pour Gallien (253-268). Tous ces règnes finissent tragiquement, la plus part sont tués par leurs officiers ou leurs soldats. Les empereurs le deviennent presque tous soit par le sentiment du devoir, soit le plus souvent par nécessité, forcés par les soldats.
   L'armée exerce ainsi une véritable dictature consacrant la formule : " l'armée fait et défait les empereurs ".

         2) Les motivations de l'armée
a. Egoïsme de caste
   Par égoïsme de caste, certaines légions agissent ainsi pour obtenir des avantages : les donativa. C'est le cas de Probus qui a voulu instaurer une discipline plus rigoureuse dans l'armée ; il est victime d'une mutinerie.

b. Le patriotisme
   Trajan Dèce en 249 est proclamé empereur malgré lui parce que ces succès militaires contre les Carpes inspiraient confiance.

c. L'amour propre
   C'est l'influence du particularisme régional et l'esprit de compétitions entre les légions avec leurs candidats consécutifs, ce qui entraîne des épidémies d'usurpations (248, 252-3, 258-60, 280-1).
  
Le grave danger : ces usurpations se produisent aux frontières, sur les limes du Rhin et du Danube en particulier. Les légions se battent entre elles pour imposer leur candidat alors que le péril barbare est quant à lui constant.
   L'indiscipline et les rivalités multiplient les usurpations et l'instabilité générale.


         C/ Chronologie rapide

238 La guerre civile prend naissance en Afrique, à Thysdrus. La IIIe légion Auguste est dissoute.
235-249 C'est la montée des périls : on contient les barbares en payant un tribut aux barbares. Gordien III avec les Carpes, Sarmate, Goths, et Philippe l'Arabe aux Goths et Perses.
21-23 avril 248 On célèbre les fêtes fastueuses du millénaire : Roma Aeterna. Avec la célébration de jeux splendides pour marquer la félicité des temps : temporum felicitas. C'est le gaspillage des derniers sous qui voit l'impossibilité de verser tribut aux Goths
249-254 C'est la première grande alerte. On voit l'alliance des Carpes et des Goths. Avec une compétition entre l'armée d'Orient et l'armée du Danube.
Fin 249 Il faut ajouter les persécutions contres les chrétiens à Rome et dans l'empire lancées par Trajan Dèce, responsables des invasions barbares
250/251 Toutes les provinces au sud du Danube, sont soumises aux invasions des Goths
253 (88 jours) Usurpation en d'Emilien, avec des difficultés économiques, catastrophes naturelles et la peste qui se déclare. L'absence de politique durable enfonce l'empire dans la crise
253-258 Règne conjoint de Valérien et Gallien : le sommet de la crise
253 On reconstitue la III légion pour faire face à l'insurrection Maures
254 La Gaule est envahie par les Alamans / les Perses s'installent en Mésopotamie : prise de Carrhae
253-254 + 256 Les Goths attaquent les Balkans et l'Asie Mineure
256 Prise d'Antioche ?
   
258-261 C'est l'apothéose de la crise, avec la conjonction des attaques germaniques et Perses.
258 Effondrement du limes danubien sous les coups des Goths, Quades et Sarmates
259-260 Capture de Valérien par les Perses // Perte de la Mésopotamie
260-261 Tous les barbares en profitent : Saxons, Francs en Gaule Septentrionale, Alamans en Rhétie, Blemmyes en Egypte et les Perses. Zosime 1,37,1 : " tout l'Empire romain était ruiné au point que rien ne subsistait ".
260 Victoire de Milan de Gallien qui permet de sauver l'Italie. Gallien fait frapper des séries monétaires sur le salut de l'Italie
260 Sécession d'Odenath à Palmyre
Juillet 260 En Gaule, c'est Postumus qui fait sécession et crée un empire gaulois. Son souci est de défendre les Gaules :  il est profondément romain. Après ses victoires, il est proclamé Restitor Galliarum
267-274 3e alerte avec l'attaque des Goths dans les Balkans jusqu'à Athènes et Corinthe. Néanmoins, la victoire de Gallien à Nish arrête leur progression en 267. De même Claude II en 269 les étrille sévèrement en Thrace. La défense est alors assuré par L. Domitius Aurelianus proclamé empereur par ses troupes. Pour faire face aux Goths, il évacue la Dacie et les Champs Décumates. Mais il récupère le royaume de Palmyre en 273, et l'empire gaulois en 273-4, avec la reddition de Tetricus. Il se fait alors appeler Restitutor Orbis.
276-284 4e grande alerte. Aurélien est assassiné en 275 alors qu'il projète une campagne contre les Perses. Les règnes de Tacite et Florianus après et finalement Probus (276-282). Le divin Probus a passé son règne à défendre les quatre coins de l'empire. La Gaule fut alors particulièrement touchée avec les provinces du Rhin.


Texte établi à partir d'un cours de faculté suivi en 1999-0
Grands Mercis au professeur

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