Apprendre les hiéroglyphes égyptiens
Dictionnaire des hiéroglyphes Ancien Egyptien
Hieroglyphs dictionay of Ancient Egyptian

CHAP 5... Evolution de l'armée romaine

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I] la situation militaire à l'époque des Sévères
  
         1) Marc Aurèle et la stratégie romaine
   Marc Aurèle a vu les premières attaques dangereusement contre l'empire, la première en Orient : les Parthes avec la perte de l'Arménie en 161. La situation est rétablie par L. Verus en 166 par statu quo.
   Ensuite, viennent les attaques germaniques par confédérations de tribus : les Quades, Marcomans et les Sarmates sur le Bas Danube. et les Bataves, Sicambres, Chauques, Chattes et Hermundures sur le Haut Danube. Les attaques sont nombreuses, le front a été percé jusqu'à la ville d'Aquilée.
   Cela nécessite des campagnes nombreuses et coûteuses sous Marc Aurèle entre 167 (invasions des Marcomans) et 175 (paix avec les Iazyges), puis de 177 (révolte des Quades) à 180 (Mort de Marc Aurèle).
   Ces observations permettent de constater une nouvelle chose : l'empire est désormais sur la défensive ; il n'est plus conquérant.

         2) Un empire sur la défensive
   L'empire romain se défend contre l'adversaire germanique, féroce, pillard, qui ne combat pas à la mode romaine en pratiquant la guérilla. La conséquence est simple : la pression extérieure entraîne une fragilité du pouvoir établit.
   En 175-176 : usurpation d'Avidius Cassius, commandant en chef de toutes les troupes d'Orient. C'est une première expérience de l'affaiblissement impérial.
   Aussi, les guerres entraîne de graves difficultés financières : il faut payer les troupes en campagne permanente, alors on dévalue la monnaie. Une monnaie s'apprécie par son titre (=quantité de métal). Le titre du denier passe de 850 pour 1 000 sous Marc Aurèle à 450 pour 1 000 sous Septime Sévère.
   Egalement, des épidémies de peste. Elles entraînent un affaiblissement démographique, avec des problèmes d'effectifs dans l'armée et dans les finances.

   Finalement, on retiendra que l'idée de conquête disparaît au profit de la défense.


II] L'action des Sévères dans le domaine militaire


   Les Sévères bénéficient d'un calme relatif qui prévaut depuis Commode. Celui-ci avait en effet cherché à négocier avec les barbares pour assurer sa tranquillité.
   Avec les Sévères, notamment Septime Sévère, il y a retour à une politique offensive tant en Orient qu'en Occident. Elle s'accompagne d'une militarisation accrue du pouvoir, liée aux conditions d'accès même de la nouvelle dynastie : coup d'état du 9 avril 193.

         1) L'armée et les Sévères
   L'empereur s'appuie sur l'armée, mais maintenant, c'est armée non italienne. Les troupes d'Italie ont été remplacées par l'élite du limes danubien. L'armée devient donc la force du régime et se recrute surtout localement, dans les lieux de stations des légions.
Les légions étaient au nombre de 30 sous
Marc Aurèle, elles passent à 33 sous les Sévères avec la création des I Parthica, II Parthica, III Parthica. La seconde sera installée à Albanum près de Rome et constitue une légion de réserve destinée en cas de besoin à protéger l'Italie. Les deux autres sont stationnées en Mésopotamie, nouvelle région conquise par Septime Sévère.
   La militarisation du régime apparaît dans la titulature impériale avec le terme de proconsul qui est portée par le prince pour Rome même. Dans les titulatures des princesses syriennes également : elles sont appelées Mater Matrorum.
   Les Sévères développent le caractère absolu et héréditaire de la dynastie qu'ils mettent en place en utilisant tous les supports possibles pour développer leur idéologie. Ce sont les monnaies, les arcs de triomphe etc.. L'idéologie se rattache à Alexandre le Grand, monarque absolu. Caracalla notamment, est alexandromaniaque à un point maladif ; son cousin Alexanius prendra le nom d'Alexandre et la famille honorera les divinités protectrices d'Alexandre : Dionysos et Hercule.
   Et qui dit Alexandre le Grand dit conquêtes.

         2) Les conquêtes sous les Sévères
a. Sous Septime Sévère
   Principalement la guerre contre les Parthes 194-195 puis 197-8. Septime Sévère reçoit le titre de Parthicus Maximus en janvier 198.
   Ces campagnes lui permettent de mettre la main sur la haute Mésopotamie transformée en province romaine avec le contrôle des deux légions parthiques (la Ie et la IIe).
   Des auteurs perspicaces comme Dion Cassius se sont demandés si ces nouvelles conquêtes étaient réellement intéressantes.
   A la fin du règne, Septime Sévère engage une campagne en Bretagne (208-211), contre les Calédoniens de Basse Ecosse. Ils avaient profité de l'usurpation de Clodius Albinus pour pénétrer la province. A la mort de Septime Sévère, la frontière est ramenée au mur d'Hadrien (130). Il prend alors le titre de Britannicus Maximus.

b. Sous Caracalla
   La politique est encore plus favorable à l'armée : Dion Cassius : " mon vœu le plus cher ... ". C'est l'homme des soldats, on lui en donna le titre de pater militum.
   A partir de 213, on en revient à la politique de défense, Caracalla remporte une victoire en Germanie Supérieure et en Rétie qui assurera la paix pendant une 20aine d'année. Il reçoit le titre de Germanicus Maximus à l'été 213, puis de Dominus Invictissimus, Pacator Orbis.
   Après cette campagne, Caracalla est touché par des troubles du comportement et une alexandromanie grandissante. Il envisage une expédition en Asie pour suivre les traces d'Alexandre le Grand. Il procéde à une concentration de troupes en Orient, mais de 216 à 217, aucune action n'est engagée.
M. Opellius Macrinus fait assassiner Caracalla le 8 avril 217.

c. Sous Macrin
   Sous Macrin et Sévère alexandre se poursuit une politique défensive. Macrin fait la paix avec les Parthes du roi Artaban en 217. Mais il n'est jamais venu à Rome, voyant son pouvoir laminé par les actions en sous main des princesses syriennes. Macrin se suicide finalement, néanmoins, il consolida les frontières.

d. Sous Hélagabale
   Hélagabal arrive au pouvoir à l'age de 14 ans ; il a d'autres centres d'intérêt avec le sacerdoce d'El Gabal notamment. A 18 ans il meurt assassiné sans grandes œuvres à son actif

e. Sous Sévère Alexandre
   Une campagne est nécessaire en 231-232 contre une menace des Perses Sassanide, successeur des Parthes. Il semble que son armée fut vaincue, bien qu'il transforma la défaite en victoire en profitant de l'apathie des Perses. Il conserve ainsi la Mésopotamie.
   Sur la fin du règne, une menace des Germains sur le Rhin en 234-235, qu'il parvient à contenir. Il est victime avec sa mère d'une mutinerie organisée par Maximin le Thrace, préfet du prétoire.
   La dynastie finit comme elle a commencé : un coup d'Etat.

         3) La frontière et l'armée
   Il s'agit ici d'aborder le problème de l'organisation des défenses des frontières : le limes. Notion vague qui ne semble pas être du Haut-Empire. C'est l'espace sous la domination romaine, fermé, derrière une frontière plus ou moins rigide. Fin premier siècle, le terme désigne les routes s'enfonçant dans les terres hostiles, routes militaires jalonnées de postes fortifiés, disposés pour favoriser les offensives.
   Après Trajan, ces routes deviennent des routes longitudinales, parallèles à la frontière pour relier entre eux de façon continue les postes militaires. Le Danube sera une ripa = rive (frontière naturelle) et non pas un limes.
   Ou y a t-il limes alors ?
            – Entre le Rhin et le Danube. Il protège un territoire colonisé sous les Flaviens : les champs décumates, (territoire soumis à la dîme). La frontière est constituée de fort en pierres, d'un fossé avec des palissades, de fortins dans lesquels stationnent des auxiliaires : les numéries.
            – Le limes de Bretagne avec le mur d'Hadrien, continu, jalonné d'une ligne de forts placés en arrière.
            – Le limes d'Orient n'est pas construit : le désert de Syrie fait frontière. Les Romains ont des troupes montées (cheval - chameaux). Il n'y a pas de camp de légionnaire sur la frontière même.
            – Enfin, le limes d'Afrique, avec la construction de routes pour quadriller l'Afrique du Nord. Il n'y a pas d'Etat organisé menaçant, seulement des semi-nomades. Cependant des forts abandonnés qui se replient. On a créé un fossé qui matérialise la frontière.
   Au cœur, le camp légionnaire de Numidie : la IIIe légion Auguste. Des archers palmyréins, des numéries, des troupes montées.

   La frontière est une zone de colonisation dans laquelle s'établissent les vétérans qui font souches et transmettent.


III] L'organisation de l'armée sous les Sévères

Eric Birley, Septimius Severus and the roman Army,

         1) Répartition des légions dans l'empire
   Il y a un front principal sur le Danube et un autre en Orient, frontière avec les Parthes et les Sassanides. La frontière du Rhin à perdu de son importance. Il n'y a plus que 4 légions sur le Rhin, et 3 en Bretagne (front occidental).
   Sur le Danube, 10 légions : 4 dans les Pannonies et 6 dans Mésies et Dacies sans compter les auxiliaires.
   En Orient 8 légions de la Cappadoce au sud de l'Arabie.
   En Afrique 1, en Espagne 1, en Egypte 1, auxquelles il faut ajouter les 3 légions parthiques.
On peut ajouter la flotte prétorienne de
Misène et Ravenne, destinées à surveiller la méditerranée.

   On remarque aisément que l'armée romaine est une armée de frontière qui ne dispose pas d'armée de réserve (sauf la IIIe parthique). Une fois le limes percé, il n'y a rien pour arrêter les barbares.

         2) Les unités de l'armée romaine
   L'unité de base est la legio,-nis. Elle comporte 10 cohortes de 6 centuries. Il y a 480 hommes par cohortes sauf pour la première qui est doublée. S'ajoutent 120 cavaliers. Au total, 5200 hommes en gros. Les Sévères peuvent ainsi compter aux frontières sur 150 000 légionnaires environs.
   Le service militaire dans une légion est de 20 ans. Ce sont des professionnels qui l'ont voulu.
   Les autres unités forment les auxilia. Ce sont des unités plus réduites en effectif qui forment des troupes légères et mobiles. On distingue des cohortes d'auxiliaires et des ailes d'auxiliaires (cavalerie). Une cohorte est en général quingénaire (500 hommes) ou tantôt milliaire (1 000 hommes). Ces dernières sont des cohortes equitata (montées) : elles ont une répartition mixte cavaliers-fantassins.
   A partir du IIe siècle se généralise la pratique des vexiliations prisent parmi les auxiliaires et les légionnaires sous le commandement d'un praesitus.
   Egalement, apparition des numéries, recrutées parmi les peuples de l'autre côté du limes, moyen de romaniser ces régions en leur permettant de combattre avec leurs usages et leurs armements. En sortant de charge, ils reçoivent la citoyenneté : les archers palmyréens, les cavaliers maures.

         3) Le recrutement
   Autrefois, il y avait uniquement des italiens dans les légions. Après quoi, le recrutement se fait dans les Balkans, l'Illyrie, notamment en Dalmatie. Egalement en Asie Mineure et de plus en plus on prend des fils de soldats. On impose au soldat en retraite de faire des enfants destinés à l'armée.
   On en arrive à une provincialisation du recrutement, ce qui a l'avantage de romaniser les régions les plus reculées de l'empire. Armée de métier qui amalgame les provinciaux et possède un esprit de corps représenté par le centurion.

         4) Le commandement
   Il est assuré par les sénateurs et les chevaliers. Le commandement de légion est donné aux sénateurs avec le titre de légat de légion. Mais sous les Sévères, les trois légions parthiques sont commandées par des chevaliers avec le titre de préfet de légion, tout comme la IIe Trajana en Egypte.
   Les unités auxiliaires sont commandées par des chevaliers, dans le cadre des milices équestres. L'expérience militaire est du côté des chevaliers.

         5) Les soldes
   La solde des légionnaires est passée de 250 deniers à l'époque de Domitien à 500 deniers sous Sévères. Ils peuvent également recevoir des donativa exceptionnelles en argent, butin, nature.


   Cette armée tient une place de plus en plus grande offerte par les Sévères. Aussi, elle aura la tentation de déstabiliser l'empire pour mettre à la tête un général qui rétribuera leurs services.
   En déstabilisant ainsi le pouvoir, l'armée est un des facteurs de la crise du IIIe siècle.

 

Texte établi à partir d'un cours de faculté suivi en 1999-0
Grands Mercis au professeur

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