CHAP 9... La cité et la guerre
La guerre dans la Grèce classique est la forme la plus courante des relations entre cités. De fait, la plupart des cités consacre l'essentiel de leur politique extérieure à la préparation ou la conduite de la guerre.
I] Pourquoi la guerre ?
1) Des raisons
économiques : l'impossible autarcie
On retrouve ici la contradiction entre l'idéal et
la réalité de l'autarcie. L'idéal étant de vivre en totale indépendance et autonomie,
ce qui a pour corollaire économique l'autarcie ou l'autosuffisance alimentaire. Mais elle
est souvent impossible à réaliser, du fait de l'exiguïté du territoire civique et de
la rareté des terres cultivables. Il existe une notable exception : Sparte, qui depuis le VIIe siècle au moins,
contrôle les riches plaines de la Messénie. De fait, de nombreuses guerres eurent pour motivations principales
l'appropriation de ressources naturelles ou le contrôle de routes commerciales, comme il
apparaît dans les années 460, par les expéditions de Cimon, rival de Périclès.
En 455,
il contrôle la Chersonèse de
Thrace (Dardanelles), jusqu'alors soumise aux Perses, d'un intérêt vital pour
l'importation du blé en provenance de la Mer Noire.
En 463,
afin de punir l'île de Thasos
qui essaie de se détacher de la ligue de Délos, le même Cimon
s'empare de la cité et du territoire continental qu'elle contrôle. Il met ainsi la main
sur les mines d'or du Mont Pangée.
De même la
concurrence entre deux puissances économiques peut jouer un rôle dans le déclenchement
d'une guerre. L'une des causes immédiates de la guerre du
Péloponnèse fut l'interdiction par les Athéniens aux
citoyens de Mégare, alliée de Corinthe, de fréquenter les marchés de
l'Attique.
Mais cela
n'explique pas tout, il faut également faire jouer des aspects psychologiques.
2) Raisons psychologiques : le goût de la compétition
Pour les Grecs,
la guerre est une activité de compétition. Les Grecs possèdent un esprit de
compétition exacerbé ; c'est eux qui ont inventé les concours et les distributions de
prix : ils ont une mentalité agonistique. Cet esprit s'épanouit à l'occasion des guerres qui souvent opposent
des grecs entre eux, de même façon que les grands concours.
Les citées
grecques sont souvent rivales, il existe un véritable parallélisme entre la guerre et
les concours. De même que pour ces derniers, la guerre a des règles : on ne peut pas
faire la guerre sur le territoire où a été proclamée la trêve sacrée qui précède
les concours panhelléniques. La violation de ce règlement a entraîné une fois, pour
les spartiates, l'exclusion de la participation aux Jeux
Olympiques.
Le
vainqueur à la guerre est assimilé à un vainqueur d'un concours ; dans les grands
sanctuaires, les offrandes consécutives à une victoire militaire coexistent avec celles
de victoires de concours. On décerne même des prix de valeurs ; après la bataille de Salamine en 480, les principaux
chefs d'armée se réunissent à l'Isthme de Corinthe pour attribuer le premier et le deuxième prix de la valeur. Premier :
personne (ils ont chacun voté pour eux-mêmes !), deuxième : Thémistocle. Cette compétition
profondément individuelle a aussi un caractère collectif quand il s'agit de défendre
une hégémonie ou sa liberté.
3) Raisons politiques : la guerre, garantie de liberté
Les Grecs
éprouvent une passion pour la liberté, et l'indépendance absolue de la cité est
considérée comme le fondement de son existence. Ors pour que la liberté se maintienne,
il faut bien accepter de se battre.
Les risques
d'empiétement à cette liberté sont en effet nombreux, notamment dans le cas des
confédérations : elles sont conçues comme un idéal fragile qui repose sur l'égalité
des puissances.
La guerre a
un but préventif quand il s'agit d'empêcher un voisin ou un allié de devenir puissant.
On estime qu'il vaut mieux régler un litige par les armes que par la négociation, au nom
de la paix.
Il existe
ainsi une dynamique de la guerre qui fait dire à Platon que les citoyens d'une cité donnée passe leur vie a faire une guerre
incessante contre toutes les autres cités.
II] La guerre, affaire de la cité
Il n'y a pas d'autorité militaire qui ne soit distincte d'un pouvoir
politique. le rôle des institutions et des magistrats rend bien compte de cette
primauté.
1) Les
institutions
a. L'Assemblée du peuple
Dans tous les régimes politiques, l'Assemblée réunit normalement tous les
citoyens ; c'est seulement dans la démocratie qu'elle est souveraine, et ce notamment en
matière militaire. C'est au terme d'un débat contradictoire qu'on décide de déclarer
une guerre ou de conclure une paix.
Même les
questions purement techniques sont du ressort de l'Assemblée chargée de dresser un plan
de campagne et de voter par décret l'envoie d'un corps expéditionnaire. Ces discussions
sont donc publiques et la notion de secret défense n'existe pas.
Les
décisions prises en public, font l'objet de décrets affichés sur l'Agora. Il peut en résulter des fuites
fâcheuses dont se plaignent certains. Le pouvoir de l'Assemblée est relié à celui du
conseil.
b. Le conseil
Dans une
oligarchie comme Sparte, ce
genre de décisions est pris par le conseil de la Gerousia qui comprend 28 "anciens" et les deux rois. L'exécution du
programme décidé, elle est confiée à des magistrats qui sont les cinq éphores.
A Athènes, c'est la Boulé des Cinq Cents qui gère les finances
militaires et applique les décisions de l'Assemblée. Par exemple : pour les programmes
de construction de navires de guerre (les trières), l'Assemblée désigne dix architectes
chargés d'effectuer le travail. Ces dix architectes agissent sous le contrôle d'une
commission technique formée de dix trieropes nommés au sein du Conseil.
A Athènes, c'est aussi le Conseil qui s'occupe
de la cavalerie et qui fait passer un examen aux futurs cavaliers. Au cours de la guerre
du Péloponnèse, il y avait 1
000 cavaliers. Ils sont choisis parmi les citoyens qui ont les moyens d'avoir un cheval.
On étudie l'aptitude des chevaux, qui sont réformés s'ils sont indociles ou malades !
2) Les magistrats
a. Les stratèges, ou la conduite de la guerre
Il n'existe pas
d'équivalent aux généraux ; il n'existe pas de professionnels de la guerre. A Sparte, le commandement de l'armée revient
aux deux rois. A Athènes, la
charge publique la plus importante est celle de stratège.
Le mandat
du stratège a une durée limitée : un an. C'est une charge élective, qui peut être
exercée plusieurs années de suite. Chaque année on nomme dix stratèges, qui ne
demandent pas une formation spécifique.
Au Ve siècle, ils n'ont pas encore
une répartition spécifique des activités militaire. Ils se répartissent entre eux les
tâches suivant les besoins.
Ces stratèges sont subordonnés à la Cité, à laquelle ils doivent rendre
des comptes en cas d'échec, généralement assimilé à de la trahison. Ils peuvent alors
être jugés par le tribunal et éventuellement condamnés à mort.
b. Les triérarques, ou le support logistique.
Ils ont une fonction particulière à Athènes : une liturgie. Elle est exercée gratuitement, confiée à des citoyens riches.
Comme la puissance d'Athènes est surtout maritime et que la construction de navires
coûte chère, on ne s'étonne pas de la fonction accordée à la triérarchie qui permet
à l'Etat de faire participer les plus riches.
Le triérarque est forcément un citoyen. Il est
tenu d'équiper à ses frais une trière, de l'entretenir, de rembourser à l'état les
pertes subies et de stimuler les équipages par des primes qui s'ajoutent à la solde
versée par l'Etat.
Les
triérarques sont proposés par un stratège, puis on les tire au sort pour attribuer à
chacun une trière. A partir de la guerre du Péloponnèse, il arrive que deux citoyens soient réunis pour équiper une trière : syntrierarchie.
Au IVe, quand la flotte
atteint son plus grand développement, il arrive qu'on nomme à l'année 400 triérarques
; les riches commencent à manifester ... Les citoyens les plus riches sont alors
regroupés en 20 sections : les symmories, qui représentent une même fraction du capital imposable. A chaque symorie
revient l'entretien d'un certain nombre de trières. C'est le système des symmories trierarchiques. Cela permet
d'alléger le fardeau des riches en le répartissant sur une base plus large. C'est un
souci d'efficacité et d'organisation.
III] La guerre et le citoyen
Une association très forte entre le politique et le militaire explique
l'association entre civisme et patriotisme.
1) Civisme et
patriotisme
A Athènes comme pour Sparte, tous les citoyens sont mobilisables dès qu'ils ont atteint l'âge
adulte et ce jusqu'à 60 ans. On peut accorder des dérogations à ceux qui exercent des
charges publiques et aux inaptes au service déclaré devant la Boulè. Désertion et
refus de servir sont considérés comme particulièrement diffament et entraînent un
déshonneur.
a. Sparte
Son régime est
fondé sur la discipline, le sens de l'honneur et du sacrifice. Une belle mort est
préférable à une vie honteuse : Léonidas (Thermopyles : 480). Le monument érigé sur place, portait
une inscription qui se présente comme une interpellation au passant : "étranger,
va dire aux Lacédémoniens que nous gisons ici, en obéissance à leurs lois".
Dans ces conditions, il n'est pas
étonnant que les soldats faisant preuve de lâcheté soient relégués au rang
d'inférieur : Hypomeiôn.
Cette
personne n'est plus invitée ; quand elle se promène, elle doit céder le pas, se lever,
avoir l'air triste et accablé sous peine de prendre des coups. S'il a des proches
parentes non-mariées, elles ne trouveront pas de mari.
b. Athènes
La politique
occupe une place plus importante. Il existe ainsi une loi qui interdit l'accès à l'Agora aux traîtres, déserteur, objecteurs
de consciences, ceux qui maltraitent leurs parents, ceux coupables d'impiété, et ceux
qui ont les mains sales. Le point commun : ils sont souillés par un acte impur. C'est la
raison pour laquelle il y a sur l'Agora des bassins pour se laver les mains.
Les futurs
magistrats subissent un interrogatoire concernant leurs obligations militaires. Une
personne réfractaire au service peut être frappée d'Atimie : dégradation civique.
c. Les funérailles publiques ou la reconnaissance de la cité à Athènes
D'une manière
générale, c'est la Grèce ancienne qui a inventé les monuments aux morts et les
funérailles publiques pour les soldats. Les monuments portent la liste des citoyens morts
au combat, classés par tribus. Un tel monument fur érigé après Marathon.
Quand a la
cérémonie publique, elle avait lieu dans le cimetière du céramique extérieur. A cette
occasion était prononcé un discours funèbre par un citoyen désigné par le conseil
pour ses qualités d'éloquences et pour l'autorité dont il jouissait. On a conservé un
discours, prononcé par Périclès en 430, à la fin de la première année de la guerre du
Péloponnèse. Les cendres des défunts étaient regroupées dans dix cercueils placés
sur des chars. A la fin de la procession est prononcé le discours qui exalte la
démocratie et qui justifie la mort de ces hommes : ils se sont sacrifiés pour les deux
principes de la démocratie : liberté et égalité.
Pour
conserver les souvenirs des défunts a lieu chaque année une fête : l'Epitaphia. A lieu des jeux avec
exercices équestres et courses en armes.
2) La formation militaire
Le métier de
citoyen est aussi le métier de soldat. De ce point de vue il existe des différences
entre les cités selon l'importance accordée à la formation militaire du citoyen ou
politique du citoyen.
a. Sparte : le citoyen est un soldat.
Dans la
constitution il a été établi qu'on ne pouvait pas être citoyen et exercer une
activité professionnelle. C'est pourquoi il a à sa disposition des hilotes qui lui
permettent d'être entièrement disponible aux activités militaires.
Dès l'âge
de 7 ans, il est confié à l'Etat ; à 12 ans commence sa formation militaire. L'accent
est mis sur l'athlétisme et le maniement des armes. Il est habitué à marcher pieds nus
et à n'utiliser qu'un vêtement pour l'année. Sa nourriture est strictement rationnée.
Tout cela pour faire de lui un bon soldat. A 15, le jeune spartiate doit voler sa
nourriture sans se faire prendre.
Cette
formation est délivrée dans le cadre d'activités paramilitaires ; les individus sont
divisés en classes, sous la direction d'un pedonome équipé de fouets. Cette formation rigoureuse va assurer aux
Lacédémoniens la suprématie absolue dans les combats terrestre pendant le Ve siècle.
b. Athènes : le soldat est un citoyen
Le statut de citoyen n'est pas fondé sur
l'exclusion de catégories socioprofessionnelles. Le citoyen est soldat en plus de ses
activités normales, ce qui supposent que sa formation militaire soit d'un type différent
de celle en vigueur à Sparte : l'Éphébie.
Le jeune athénien reste au sein de sa famille jusqu'à ses 18 ans. Alors, il intéresse
l'Etat, se fait inscrire comme citoyen dans son dème et reçoit une formation de deux ans
en tant qu'éphèbe.
Ce service
comprend des séjours dans les forteresses de l'Attique. La deuxième année, il prête un serment de respect des lois, de
fidélité à la patrie et de piété à l'égard des dieux. La close d'obéissance aux
lois fait de l'Athénien un citoyen responsable qui ne doit se soumettre à des ordres
contraires aux lois.
Dans ces
conditions, l'armée fonctionne comme une milice. Les athéniens sont répartis en 42
classes d'ages : de 19 à 52 ans. Les deux premières clases, celles des éphèbes, et les
dix dernières, sont employées à la défense de l'Attique, les autres sont envoyés à
l'extérieur.
3) Le non-citoyen peut-il être soldat ?
Un non-citoyen
ne peut pas se battre pour sa citée de résidence. Mais en cas de perte importante, la
cité peut faire appel à des métèques ou des esclaves, avec des différences entre
armée de mer et de terre.
a. L'armée de terre
Normalement il
n'y a ni métèque ni esclaves dans la phalange. Mais les esclaves peuvent servir de
valets pour porter les armes du citoyen. Il est arrivé au cours des crises de la guerre du Péloponnèse, d'utiliser des
métèques comme fantassins, sans que cela ne leur permettent pour autant d'obtenir leur
naturalisation.
A Sparte, où les étrangers sont peu nombreux,
on équipe parfois des milliers d'hilotes comme fantassins. De fait, les citoyens de
Sparte sont peu nombreux et le statut d'hilotes très ambiguë (il est plus qu'un esclave,
mais moins qu'un citoyen). Certains d'entre eux peuvent même obtenir leur
affranchissement ; ils sont alors considérés comme Lacédémoniens mais non comme spartiates.
b. L'armée de mer
Athènes emploie massivement des métèques pour l'équipage de sa flotte : deux
cent trières à 170 rameurs chacune mobiliseraient 34 000 hommes. Ce nombre correspond à
la population civique d'Athènes à la veille de la guerre du Péloponnèse ! On
préférait faire appel aux métèques plutôt qu'aux esclaves pour ramer aux côtés des
citoyens (des thètes majoritairement
).
Sparte utilise beaucoup d'hilotes, en partie par manque d'hommes, mais aussi
pour des raisons idéologiques : le citoyen spartiate est avant tout un fantassin. Ils
possèdent nécessairement une grande masse de marins esclaves comme le remarque Aristote dans la politique.
IV] Armée et idéologie
1) La cité
conservatrice des hoplites
a. Les hoplites et l'avènement de la cité archaïque
Un hoplite est un fantassin lourd dont
l'équipement s'appelle une panoplie. Cet armement se compose d'éléments défensifs : un casque, un bouclier
rond, une cuirasse, des jambières, et d'éléments offensifs : deux lances et une épée.
Le tout peut peser jusqu'à 35 kilos.
L'hoplite a
joué un certain rôle dans la création de la cité dans le cadre de la réforme hoplitique. Il s'agit de
l'utilisation massive des hoplites, serrés, se protégeant les uns les autres et formant
un bloc compact : la phalange.
C'est une nouvelle perception de la guerre, qui ne met plus l'accent sur les individus
(les héros de l'Iliade) mais sur un groupe.
Par son
caractère compact, elle renforce la fraternité et la liberté. C'est en ce sens qu'elle
a pu accompagner un processus de consolidation de la cité. Le premier processus du genre
est attesté à Sparte
b. Sparte, modèle hoplitique
Au Ve siècle, la cité ne reconnaît de valeur
qu'aux hoplites. Elle tend donc nécessairement à l'oligarchie : le principe de recrutement des hoplites est que l'on paye soi-même son
équipement. En sont ainsi exclus les pauvres. Le vrai citoyen se bat pour sa patrie, les
plus démunis sont donc des citoyens de seconde zone. Un citoyen à Sparte est donc nécessairement un hoplite.
Cela
rencontre l'approbation des théoriciens, plutôt conservateurs, comme Aristote. Pour définir le citoyen
dans le meilleur régime possible : "il faut que le corps politique ne soit
composé que de ceux qui possède des armes lourdes." Ces idées conservatrices
ont rencontré de nombreux partisans.
c. La bataille de Marathon (490) et le mythe athénien de la cité des
hoplites
Les théoriciens modérés à Athènes se sont beaucoup inspirés de la bataille de Marathon. Elle n'a fait intervenir que des hoplites qui ont réussi à repousser
l'invasion des perses... Les anciens combattants de Marathon, les marathonomaques vont être présentés
comme des héros, des modèles de bravoure, considérés comme le pur produit d'un régime
politique modéré qui favorise les classes moyennes.
C'est
pourquoi l'évolution démocratique d'Athènes inquiète beaucoup les modérés et
conservateurs qui tenteront dans les dernières années de la guerre
du Péloponnèse, d'instaurer un régime oligarchique limité
aux seuls hoplites.
Le rapport
entre système hoplitique et régime modéré explique qu'au IVe siècle, quand la démocratie prend un
caractère radical, l'Etat athénien ait décidé de fournir gratuitement les armes de
l'hoplite.
2) Les marins et
la démocratie
a. La bataille de Salamine (480) et la démocratie.
Si il y a eut un mythe de Marathon, c'est par
réaction à un autre mythe : Salamine, éclatante victoire remportée uniquement par la
marine.
Traditionnellement, ce sont les citoyens les plus pauvres à Athènes qui
sont employés comme rameurs. A la suite de la bataille navale de Salamine, ces citoyens
les plus pauvres vont s'efforcer d'obtenir la place qui leur revient dans la politique.
Tous les hommes politiques qui aux Ve vont soutenir la politique maritime d'Athènes vont contribuer à renforcer la
démocratie. Consciemment pour Thémistocle et Périclès,
inconsciemment pour Cimon.
Ce sont les
marins athéniens basés à Samos
qui en 411, vont faire renverser le complot oligarchique qui se tramait à Athènes.
b. Marine, intelligence et démocratie
Toute la
propagande athénienne tend à opposer diamétralement l'esprit d'entreprise de la cité
maritime au conservatisme étriqué de la cité territoriale. Les démocrates ne
méprisent pas l'infanterie mais éprouvent un certain mépris pour le système de la
phalange hoplitique, jugé archaïque ; l'hoplite est avant tout un obéissant mais pas
nécessairement très intelligent.
Au
contraire, la fabrication et la manuvre d'un navire de guerre suppose des qualités
d'imagination et un savoir-faire pratique qui fait défaut aux Lacédémoniens. Les
athéniens ont donc nécessairement une intelligence supérieure aux spartiates en
matière maritime.
Ors une
partie importante de la population d'Athènes sont des gens de métier, des gens qui a Sparte serait exclus de la citoyenneté. Ce schéma met en évidence les
qualités et les défauts des peuples, mettant en valeur l'esprit d'initiative et du
savoir-faire. [Discours rapporté à la pensée athénienne].
On remarque l'absence d'une
autorité militaire séparée du pouvoir politique a été un facteur de cohésion et de
solidarité du corps civique. Assurant eux-mêmes la défense du territoire, les citoyens
complètent leur formation politique et assument pleinement la responsabilité des
défaites et des victoires.
Toutefois, l'évolution des techniques militaires va rendre rapidement
nécessaire, dès le IVe siècle
l'appel à des professionnels de la guerre : des mercenaires et la spécialisation
militaire des stratèges. On s'acheminera dès lors vers une dissociation du militaire et
du politique.
Texte établi à partir d'un cours de faculté suivi en 1998-9
Grands Mercis au professeur