CHAP 1... Le monde grec
I] Les grecs et l'unité du monde grec
Cette unité, n'est pas
politique en raison de la grande dispersion géographique de la population grecque dans
l'antiquité, autour de la Méditerranée mais aussi de la Mer Noire. En effet cette dispersion est génératrice de diverses cités, mais,
malgré tout, les grecs constituent une même nation à défaut d'un même état ; un
même peuple qui se reconnaît aux travers de traditions et de valeurs communes. Cette
appartenance se voit dans la participation aux jeux
panhelléniques.
Ce
sentiment identitaire a été bien exprimé par l'historien Hérodote. " Nous appartenons à la même race, nous parlons la
même langue nous honorons les mêmes dieux, avec les mêmes autels et les mêmes rituels
et nos coutumes se ressemblent ". Elle ne fait aucune référence à un
quelconque régime politique.
1)
" Nous parlons la même langue "
La langue grecque n'a connu que peu de
changements au cours de son existence de 1 200 ans comme langue ancienne. Cependant cette
langue est divisée en plusieurs dialectes dont les plus importants sont les Ioniens et les Doriens. A Athènes on parle l'Ionien attique.
Ces
différents dialectes s'écrivent parfois avec des alphabets un peu différents.
Cependant, ils sont apparentés étroitement et n'empêche pas la compréhension mutuelle.
Mais l'existence de ces dialectes nous indique que les grecs n'étaient peut être pas
aussi unis que veut le dire Hérodote.
2) " Nous honorons les mêmes dieux "
Quand Hérodote évoque la religion, il ne fait pas
référence à des dogmes ou à des croyances, mais à des rituels, des gestes destinés
à s'attirer les faveurs des dieux. De fait, il n'existe pas de doctrine religieuse en
Grèce, et la pratique de la religion consiste essentiellement en fêtes, en concours, ou
en sacrifices. A noter que dans cette définition, Hérodote ne parle pas des temples, accessoire non indispensable pour le
culte, l'autel (lui
indispensable) étant extérieur au temple.
Le grec
estimait simplement que les dieux intervenaient dans la vie des hommes et que leur
influence dépendant de la piété des individus.
C'est un
courant polythéiste ; ils vénèrent une multitude de divinité : Dieux, héros,
muses, titans. Les principaux : Apollon, Athéna, Artémis... Les prêtres qui
desservaient ce culte étaient des laïcs, revêtant une fonction publique, exercée
pendant un an empêchant toute imposition d'une doctrine religieuse.
2) " Nous appartenons à la même race"
Le mot
" race " ne doit pas être pris à la lettre ; ce que les grecs
entendaient par race, c'est une communauté culturelle plus que biologique. En effet dès
les temps préhistoriques, eut lieu un certain nombre de brassages qui ont eut des
prolongements dans les colonisations grecques autour de la Méditerranée et de la Mer Noire.
Les grecs
ont voulu créer l'illusion d'une communauté biologique en inventant des mythes en vertus
desquels les différentes composantes des peuples grecs auraient eu un ancêtre commun.
Deux
nuances : certains grecs s'estimaient autochtones, par opposition aux autres : les
envahisseurs. Les Athéniens, Ionien, sont autochtones par opposition au Dorien.
Ce qui unit
tous les grecs : ne pas être un barbare. De fait il y des préjugés importants, Ex : Aristote, estime que les barbares non pas la
capacité de raisonner.
II] La Grèce, réalités physiques
La civilisation grecque
n'est pas née dans un milieu géographique favorable, à la différence d'autres
civilisations. Elle est un pays pauvre, c'est pourquoi on parle parfois d'un " miracle grec ".
1) Un pays pauvre en eau
Il n'y a pas de
grand fleuve, mais une multitude de cours d'eau, insuffisants pour l'irrigation.
La Grèce
comprend un très grand nombre d'îles qui forment des archipels dont le plus
célèbre : les Cyclades.
Elles sont privées d'eau douce pour la plus part. On construit donc des citernes qui
recueillent l'eau de pluie. Ex : Délos, sanctuaire d'Apollon. Exceptions: l'île de Théra, propice à l'agriculture.
2) Les montagnes
Elles occupent
80% du territoire grec. Certaines montagnes dépassent les 2 000 mètres: la Macédoine est séparée de la Thessalie par le Mont
Olympe (2 900m).
Un peu plus
au sud, dans la Grèce centrale est dominé par le Mont
Parnasse (2 450m).
La montagne
est aussi présente dans la Grèce insulaire : le Péloponnèse. Sparte est
dominée par le Mont Taygète.
3)
Le problème des cultures
La superficie
des terres cultivable est limitée avec des grandes plaines rarissimes : la Thessalie, la Béotie. Les terres sont de dimensions réduites et les sols sont pauvres. On est
souvent obligé donc de réduire la culture des céréales au profit de la vigne et de
l'olivier. Le vin et l'huile d'olive étant échangé et exporté contre du blé.
La Grèce,
pays pauvre est donc dépendante de l'extérieur.
4) Conséquences politiques de ces conditions naturelles.
Un grave
problème d'approvisionnement, raisons pour laquelle des grecs ont quitter leur terre
natale de grès ou de force vers des terres plus propices. A partir du VIIIe siècle, a lieu un grand mouvement de
colonisation, qui a permit au grecs de s'installer sur les bords de la Mer Noire, en Crimée, en Italie du Sud, Sicile, ou
dans le sud de la Gaule.
La Grèce
est un pays compartimenté, qui peut rendre compte du très grand nombre d'états. Ces
états prennent à partir du VIIIe siècle le caractère de cité.
III] Caractéristiques de la cité grecque (Polis)
1) La Cité et la mer
La pauvreté du territoire est compensée par sa
large ouverture sur la mer qui favorise les échanges et le commerce maritime. Aucun point
du territoire n'est éloigné de la mer de plus de 90 km. Les îles servent de relais
entre la Grèce et l'Asie mineure à l'est. Le passage des Dardanelles : Hellespont et Bosphore permettent l'approvisionnement en blé en provenance de la Mer Noire.
La mer joue
un rôle indispensable dans la vie urbaine, avec un développement de la civilisation
urbaine autour de la Mer Egée.
Les côtes de l'Asie Mineure, la Grèce Orientale sont beaucoup plus urbanisées que le
centre et l'ouest du pays. Il y a très peu de grandes cités qui n'ait un port.
Platon à ce propos dans Phédon, déclare que les grecs vivent
autour de la mer comme des fourmis et des grenouilles autour d'une mare. Cependant sur un
plan historique les grecs se sont mis que tardivement à la mer.
2) Cité et territoire
La cité est un
état territorial pourvu d'un centre urbain. Ce territoire comprend un certain nombre de
commune ainsi que des terres agricoles ; il est sacré et de dimensions limitées.
Sacré car protégé par les dieux de la Cité. Il est une multitude de héros qui ont
pour vocation de protéger un endroit précis ; le territoire de la Cité est rempli
de petits sanctuaires qui matérialisent cette protection divine.
De ce fait,
envahir un territoire, c'est commettre un sacrilège. Cette omniprésence des sanctuaires
renforce le patriotisme.
Ainsi la
cité d'Athènes qui s'étend
sur 2 600 km2, et au Ve
siècle l'Etat qui dispose du territoire le plus vaste est Sparte qui s'étend sur le Sud du Péloponnèse : Laconie et Messénies.
C'est dans
les îles que les cités sont les plus petites : Délos 3,6 km2.
Ces dimensions modestes montrent le très grand nombre des Cités à l'époque classique.
On pense qu'il a pu atteindre le nombre de 1 000.
3) Cités et
communauté humaine
La Cité est d'abord une communauté d'individus,
ou plus précisément une communauté de citoyens. En Grèce on n'utilise pas le nom du
territoire pour désigner la cité, on utilise les noms des citoyens : les athéniens.
La cité est un lieu de vie sociale, " l'homme
est un animal politique ". Politique étant relatif à la Polis.
La cité
est un mode de vie autour d'un centre urbain. Cette Cité est une communauté
restreinte : pas moins de 10, qui ne pourraient assurer la subsistance, mais pas plus
de 100 000, ils ne pourraient être gouvernés par de bonnes lois. L'idéal c'est que tout
les citoyens se connaissent et aient l'occasion d'exercer une charge publique.
4) Un Etat indépendant et autonome
Les grecs ont
été très soucieux de leur liberté ; quelles que soient les différences des
régimes politiques, les inégalités sociales, les grecs ont toujours estimé qu'ils
représentaient la liberté face aux barbares.
Chaque
Cité frappe sa monnaie. L'autonomie est politique ; il s'agit de se régir selon les lois
fondamentales. La communauté des citoyens est liée par l'obéissance aux lois de la
Cité. Chaque Cité doit assurer sa propre subsistance. Il s'agit d'un idéal presque
jamais atteint en raison de l'insuffisance des productions céréalières. Mais cette
autarcie a toujours été l'obsession des théoriciens politiques. En effet, ils
répugnent à l'activité commerciale, considérée comme immorale à cause du contact
avec d'autres civilisations (barbares !) et du profit.
La cité grecque est un Etat de dimension limité, qui n'a d'équivalent
dans aucune autre civilisation. Son originalité tient à l'importance du facteur social
et à l'identification du corps des citoyens et de l'Etat.
Des institutions propres à la cité grecque ne peuvent fonctionner que dans une petite
communauté à l'échelle humaine.
Texte établi à partir d'un cours de faculté suivi en 1998-9
Grands Mercis au professeur