CHAP 1... L'architecture gréco-romaine de l'époque classique à l'empire
II] Les temples
A/ Les types de temples
1) Une grille de classement simplifiée
Données par les archéologues, des tables de
classement permettent d'identifier les temples légués par les Grecs et les Romains. En
voici une simplification :
Temple "in antis" : Il s'agit d'un petit édifice, dont les murs latéraux dépassent le mur
de façade et entre ces murs latéraux (les antes) on place deux colonnes (in antis). (trésor des Athéniens à Delphes).
Temple
prostyle : Les murs latéraux dépassent le mur de
façade, et en avant des murs latéraux, une succession de colonnes.
Temple
amphiprostyle : on retrouve les prostyles avec, derrière
le bâtiment, une nouvelle série de colonnes. (Athéna Niké).
On tient
compte du nombre de colonnes : distyle "in antis" ; tétrastyle prostyle ;
hexastyle ; octastyle etc
Temple périptère : il a une colonnade qui fait tout le tour du
bâtiment central. Il se caractérise aussi par l'existence de trois pièces : le naos ou cella bien sur, la plus grande au centre. Pour y accéder, on passe par le pronaos ; de l'autre côté,
accessible seulement par l'extérieur : l'opisthodome. On remarque ici que les murs latéraux dépassent les murs de façades
avec un jeu de colonne : périptère distyle hexastyle.
Temple
diptère : il comporte deux jeux de colonne autour du temple
La
Tholos :le temple rond
2) Les nuances et particularités chez les grecs
Cette grille de base connaît de nombreuses
nuances.
Le Temple de Didymes, à Milet en Asie Mineure. Il se trouve dans un sanctuaire consacré à Apollon
Didyméen, d'où le didyméion. Le bâtiment date de l'époque hellénistique. C'est un bâtiment de
très grande taille : 100m. Comme on le voit sur le plan, c'est un diptère
décastyle in antis tétrastyle.
On remarque l'existence d'un escalier
pour les humains et d'un autre pour les dieux à la taille des marches ! Sur les bords de
l'escalier, des podiums avec des statues. Les colonnes sont de style ionique.
Pour entrer dans le naos, deux options : soit on entre par
les marches, et on passe le pronaos, mais on peut aussi entrer par un sas le long des petits couloirs en
pente : c'est qu'ici, le naos est plus bas que le pronaos. Et finalement,
dans cette partie on remarque un temple intérieur : un prostyle quadrastyle.
L'ensemble est pour terminer un temple
sans toit : un hypèthre
3) Les temples et les innovations romaines
Pour les Romains, les types des temples se
retrouvent, mais ils ont innové beaucoup.
La maison carrée à Nîmes : comme ici, les temples romains sont surélevés sur un podium. Il
permet de surélever le bâtiment de manière significative pour le rendre plus
prestigieux. Le podium dépasse la façade et enserre l'escalier d'accès. Il ressemble à
un périptère, mais les colonnes latérales sont en fait incrustées dans le bâtiment ;
c'est un pseudopériptère.
Le capitole de
Rome a une enfilade de colonnes sur seulement trois murs. Ici
trois cellae qui reçoivent chacune une divinité ; c'est la triade capitoline : Jupiter, Junon, Minerve.
Autre
caractéristique : sur les façades, il était de convention de mettre une dédicace.
Exemple sur le panthéon : [M.AGRIPPA.LF.CONS.TERTIUM.FECIT] = Marcius Agrippa, Lucii
Filius consul tertium fecit. D'ailleurs, ce temple est fort particulier ! On a un temple rectangulaire engagé dans un
temple circulaire. A été construit premièrement la partie rectangulaire, et plus tard
la partie circulaire. Cette dernière est inscrite dans une sphère ; la voûte est
immense et il n'existe pas de clé de voûte ! Ors, il est parvenu à nous en l'état.
N.B_1 : les
sacrifices se faisant sur un autel hors du temple.
N.B_2 : les
bâtiments étaient richement colorés et décorés.
B/
Les décorations et la construction
1) Les
matériaux
Chez les Grecs, ils sont construit en pierre. Mais
à l'époque archaïque, et ce jusqu'au VIIe siècle, on utilisait le bois et
la brique.
On utilise aussi la pierre noble qu'est le marbre bien évidement, mais on
connaît également des temples en calcaire ou en tuf (roche poreuse formée de
concrétion calcaire et volcanique).
Pour ce qui est du marbre, tous les marbres ne se valent pas. Le monde
égéen est une gigantesque carrière de marbre : elles abondent et en marbre d'excellente
qualité (Paros, Pentélique, Naxos). Mais la région alpine romaine est bien représentée, les Pyrénées
aussi en moindre mesure ainsi que l'Afrique du Nord.
En Bretagne, Orient, Egypte, il n'y pas de
marbre, ce qui explique son absence dans les constructions.
2) L'assemblage
Les blocs sont découpés rectangulaires, même
pour les colonnes. Pour transporter les blocs, on les intègre dans de grandes roues, ou
dans de grands chariots. On utilise aussi la technique des rondins (comme les égyptiens,
sauf qu'on utilise la force animale et non servile pour la traction). Arrivés à
destination, il faut alors les fixer.
On ne connaît pas le béton, ni le ciment.. . On aménage donc dans la
pierre une cavité en col de cygne destinée à recevoir une pièce en bronze qui fixerait
ainsi l'ensemble formé par les deux blocs. Aussi, il y a utilisation d'agrafes placées
dans des trous préalablement aménagés.
Pour élever les blocs, on pratiquait des saignées en U sur les cotés, où
l'on plaçait des cordes de treuillage.
3) La
décoration
Même dans le cas des monuments très bien
conservés, ils nous apparaissent bruts, uniquement en pierre blanche ou grise, avec peu
de décorations. C'est une illusion. En effet, le temple est une uvre d'art,
décoré de sculptures et de peintures avec des couleurs chatoyantes.
Pour les chapiteaux de colonnes, on sait que ces éléments étaient peints
de couleurs chatoyantes. Les Grecs affectionnaient la couleur et l'utilisaient dans tous
les coins. Ils affectionnaient les formes géométriques : les lignes brisées autour de
la forme du svastika
(croix gammée), des végétaux stylisés, des guirlandes de feuillages décorées de
rubans, des fleurs de lotus. On ne sait pas s'ils peignaient des scènes de genres
(hommes, animaux). Les premières datent du IVe siècle, dans les tombes du site du Vergina.
On sait
également que les Grecs peignaient leurs statues : on peignait les cheveux, les iris des
yeux ; les vêtements étaient dessinés.
4) Les couleurs
Le matériel parvenu à nous est en mauvais état,
mais on a pu reconnaître les couleurs les plus souvent employées : le rouge (cheveux),
le bleu (vêtement), le vert, le brun et l'ocre.
Pour la civilisation romaine, on a de très bonnes connaissances, notamment
grâce aux fresques de Pompéi.
5) Les sculptures
a. Frises et métopes
Les décorations d'un temple ne se limitaient pas
à la peinture. Sur les bâtiments, des sculptures, des frises (succession de plaques en pierre
sculptées) : frise des Panathénées sur l'Acropole. Chaque rectangle de pierre mit bout à bout reconstitue
une scène. Ce genre de sculpture se rencontre dans les temples ioniques.
Sur le
temple d'Olympie, encore des
plaques de marbre. Mais cette fois, ce sont des métopes. Ce sont des plaques de marbre isolées les
unes des autres représentant chacune une scène comprise isolément. Ils se rencontrent
dans les temples doriques. Dans l'ordre: le lion de Némée (Athéna, Hermès) ; l'Hydre
de Lerne ; Les oiseaux du lac de Stymphale ; La capture du taureau de Crète ; la capture
de la biche de Cérynie ; la ceinture d'Hippolytè ; le sanglier d'Erimanthe ; les juments
de Diomède ; les boeufs de Géryon ; les pommes des Hespérides ; la descente aux enfers
; les écuries d'Augias.
Ces
sculptures sont des réalisations de très grandes qualités faitent par les plus grands
sculpteurs du moment, comme Phidias.
Exemple : Les frontons du Parthénon
Au XVIIe siècle, l'ambassadeur de France a eut
l'autorisation de visiter le Parthénon avec un dessinateur, dans l'empire ottoman. En 1682,
le Parthénon est détruit !
Sur le fronton Est, la naissance d'Athènes ; le fronton Ouest était en meilleur état de conservation : dispute
entre Athéna et Poséidon pour la domination de l'Attique. Ces sculptures, peu visibles de par
leur hauteur, étaient extrêmement travaillées.
Les
frontons de Zeus à Olympie nous sont arrivés en bon état.
b. Gargouilles et acrotères
La sculpture se rencontrait encore en d'autres
endroits : le toit était sculpté avec des gargouilles pour évacuer les eaux de pluies. En général, des têtes de lion. Elles
pouvaient être en marbre ou en terre cuite.
Egalement,
des acrotères : sculptures en
marbre ou terre cuite qui servent à décorer les extrémités des frontons des temples (3
cotés du triangle). On représente des fleurs stylisées (jusqu'à 3 mètres
d'envergure), du feuillage, des personnages, des objets, des animaux fabuleux.
c. Les autres supports de représentations
Encore d'autres moyens : des bases de colonnes
travaillées (Artémis à Ephèse) ! C'est rare. Enfin, la mosaïque (temple de Zeus à Olympie) avec des
figures géométriques et une figure de genre au centre (triton). La grande époque de la
mosaïque est l'époque romaine. Les mosaïques sont au sol, les murs étant réservés à
la peinture.
La lumière
aussi est un élément décoratif, alors on enlevait une partie du toit : des temples hypèthres.
Ces
décorations n'étaient pas pour autant obligatoires, elles sont fonction des moyens et
des volontés.
C/ Les ordres architecturaux
Ils nous permettent de dater un temple
suivant les évolutions de l'art des sculptures, des techniques de constructions, et de
réalisation des façades.
Ces ordres architecturaux se regroupent en trois types principaux : dorique,
ionique, et corinthien.
1) L'ordre
dorique
Quand est-il apparut ? Les textes antiques qui en
parle ne correspondent pas aux vestiges archéologiques. En tout cas, il existe au moins
à partir de la fin du VIIe siècle. L'ordre dorique s'est surtout imposé dans le Péloponnèse, la Grande Grèce et la Sicile.
On divise
la façade d'un temple en quatre éléments : le crépis, les colonnes, l'entablement et
le fronton.
a. Le crépis
Il consiste en un soubassement à plusieurs
degrés. On remarquera la différence de hauteurs des marches pour les dieux et des
marches pour les mortels (3 marches pour les dieux).
b. Les colonnes
Elles reposent directement sur le crépis. Elles sont plus larges à la base
qu'au sommet : elles sont cannelées au nombre de vingt le plus souvent et les arêtes
sont vives. La colonne supporte un chapiteau : il consiste en un coussin symbolique sur lequel repose l'entablement.
N.B :
Il arrive que certaines colonnes soient élevées toutes seules : pour les grecs et les
romains, elle est une uvre d'art à elle seule (colonne des naxiens ; les colonnes
du forum romain).
c. L'entablement
Il consiste en une succession régulière entre les
métopes et les triglyphes.
d. Le fronton
C'est toujours un espace de façade triangulaire,
sculpté ou non.
2) L'ordre
ionique
On pense qu'il existait également dès la fin du
VIIe siècle, mais il s'est imposé ailleurs : en Asie Mineure et dans quelques îles de la mer Egée.
a. Le crépis
Il correspond à une succession de degré, comme le
dorique, distinguant les marches à l'usage des dieux et celles à l'usage des hommes.
b. Les colonnes
Elles sont élancées et fines. Elles reposent sur
des bases ; elles sont plus larges à la base qu'au sommet, mais moins nettement que pour
le dorique. Elles sont cannelées également : 24 en général, mais les arrêtes sont
cette fois-ci coupées.
Comme dans l'ordre dorique, elles sont surmontées de chapiteaux
caractérisés par des volutes. On les voit de face mais pas en vision latérale.
c. L'entablement
Il consiste en une frise continue qui court tout
autour du bâtiment.
d. Le fronton
C'est toujours un espace de façade triangulaire,
sculpté ou non.
3) L'ordre
corinthien
C'est une évolution de l'ordre ionique. Le seul
changement se trouve dans les chapiteaux. Il est vraisemblablement originaire d'Athènes, donc plus tardif, vers le Ve siècle.
Sur le chapiteau donc, une succession de feuilles
d'acanthes avec au-dessus les volutes ioniques. Les feuilles sont sur deux niveaux. Au sommet du chapiteau, il
y a parfois des éléments décoratifs.
4) Leur destinées
Ces ordres n'ont pas réellement disparu : la
bourse de New York à Wall Street ; l'Eglise de la Madeleine. En revanche, il existe des périodes
d'utilisation plus intenses.
Dans la
civilisation grecque, ils ont perdurés jusqu'à la conquête romaine. L'ordre ionique a
perdu sa vitalité sans disparaître au profit du corinthien. Le corinthien est l'ordre
par excellence de l'époque romaine. Il connaît des faiblesses à partir de la basse
époque impériale et de la construction d'Eglise.
Outre les
temples à finalité cultuelle, l'antiquité a construit aussi des monuments à vocation
de loisirs.
Texte établi à partir d'un cours de faculté
en 1998-9
Grands Mercis au professeur
Mise à jour du : 19/07/99
Note perso : CORR 1.0