Apprendre les hiéroglyphes égyptiens
Dictionnaire des hiéroglyphes Ancien Egyptien
Hieroglyphs dictionay of Ancient Egyptian

CHAP 3... Le monde des villes

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   Les transformations sont plus importantes et plus rapides que dans les campagnes. C'est un monde dynamique, parfois très innovant. On observe donc une dualité avec des situations traditionnelles et d'autres de pointe, caractéristique de la France de cette époque...    C'est la construction de l'automobile, de l'aéronautique et du cinéma. La France est à la pointe des évolutions de la 2e Révolution Industrielle. Les villes vont en saisir les opportunités.
   Par conséquent, ceci joue dans l'accentuation des décalages dans la société française entre le nouveau et l'ancien.
   La France des villes bougent, mais connaît aussi de forts contrastes.
Bordeaux, Toulouse bougent peu. Lille, Paris, les choses bougent énormément. Ce qui bouge:
            – L'économie et la culture. Paris est la ville de l'art moderne et de l'architecture.
            – Le social : une certaine bourgeoisie s'affirme. Il y a une bourgeoisie de la fortune (industrie, immobilier) mais aussi de la culture. A côté, très près géographiquement, les quartiers ouvriers, divers et anciens, et les masses de non qualifiés qui s'installent où ils peuvent : les mondes ouvriers. Mais ceci ne doit pas faire oublier l'entre deux : le monde de la petite bourgeoisie.

 

 

I] Les bourgeoisies


   La société se recompose, surtout en ville. Que deviennent les nouveaux et anciens habitants ? Il y a forcément un brassage des populations. Alors, comment la société s'organise ? Avec un arrière-plan politico-économique : du progrès et une stabilité politique étonnante.

      1) La bourgeoisie de la fortune.
   Il y a différents type de richesse. La bourgeoisie de la fortune s'est enrichie et on l'impression d'assister à son sommet. C'est la belle Epoque de cette bourgeoisie, du monde qui se promène sur les grands boulevards. Période difficile que la Grande Dépression ? Pas pour tous. On peut s'enrichir sous la dépression. La crise de 1929, causera du tort pour les rentiers seulement.

a. Doctrines et idéologies
   Cette société s'appuie sur une foi au progrès. C'est la suite de Saint Simon qui culmine et se monumentalise dans le paysage. La Tour Eiffel, hymne au progrès qui ne sert à rien. Les expositions universelles sont aussi des temples de cette croyance qui peuvent justifier le pouvoir de la bourgeoisie de la fortune. Le pouvoir est à ceux qui travaillent (St Simon).
   Du point de vue social, il y a une fermeture de cette bourgeoisie. Ouverte au début, à la Belle Epoque on se marie entre soi et au début du XXe, en étudiant les conseils d'administrations des grandes industries, les origines sociales sont ainsi : 45% sont issus de la grande industrie, 20% de professions libérales élevées, 10% de hauts fonctionnaires. Il y a donc reproduction sociale, mais une certaine circulation entre les différents secteurs.
   C'est le monde dominant de la Belle Epoque : grand industriels, professions libérales, hautes fonctions publiques. Et on se marie à l'intérieur de ces catégories. Les conditions sociales se referment sur elle-même. La famille Berlier, originaire de la petite industrie de soie. Les frères Lumières. Ce sont des ouvertures qui se traduisent par des opportunités dans les secteurs nouveaux : automobiles et cinéma. Ces ouvertures technologiques donnent un peu d'air. Daladier: "200 familles dominent la France. "

b. L'entreprise
   Elle a beaucoup bougée. Le temps de la petite entreprise est révolu. Depuis 1807, une loi permet les sociétés anonymes sans autorisation. La Grande Dépression est un moment de changement : concurrence et profits sont plus importants avec la manifestation d'un souci de rentabilité. On tente donc de discipliner les ouvriers et les fils de patron font des études en rapport avec le métier pour mieux connaître le milieu.
   Le patronat a du mal à s'organiser. Les organisations syndicales sont faibles, même pour les patrons, ce qui pose des problèmes de négociations.

      2) La bourgeoisie de la culture.
   Sur la longue durée, le secondaire est élitiste, destiné à former des gens cultivés, des hauts fonctionnaires, l'élite. Il est payant avec un système de bourse. La IIIe République se présente donc comme un régime méritocratique : on peut monter par son mérite qui se construit dans l'école. Il y a donc une idéologie du scolaire. L'école est présentée comme un ascenseur social. Mais joue-t-elle réellement ce rôle ?

   Ils sont avocats, médecins, ingénieurs, hauts fonctionnaires. Ils sont proches de la bourgeoisie de richesse. Il passe par de hautes écoles, ce sont souvent des héritiers qui sont de familles déjà en place. Et par le mariage ils pourront accéder à la bourgeoisie de fortune. Les mariages sont d'excellents indicateurs.
   Un deuxième groupe, avec un niveau culturel aussi élevé mais avec une autre origine sociale : enseignants et "journalistes", intellectuels. C'est l'explosion des professeurs de lycée, et des enseignants du supérieur. Avec la presse qui crée un milieu social instruit et qui estime que sa place n'est pas celle qui devrait être la sienne. C'est pourquoi on accorde la liberté de la presse, avec une explosion de celle-ci et du monde qui gravite autour.
   Ainsi s'impose un nouveau pouvoir avec des prises de positions publiques par l'intermédiaire de la presse : Zola. Mais tout ceci n'aurait pu se faire sans la rotative.
   Les professeurs de lycée sont peu nombreux. 1876: 7 396 — 1926 : 9 269. Il y a un blocage de l'enseignement secondaire. Qui sont-ils ? Ils ont un diplôme élevé, souvent d'origine sociale modeste. Il existe un auto-recrutement faible à ce moment là (les fils qui font comme papa). Dans ce petit nombre, il y a une réalité de la méritocratie. Seulement, on constate qu'ils n'ont pas de contact avec le reste de bourgeoisie. Les deux milieux ne communiquent pas.


      Les systèmes de valeur entre les deux groupes, les engagements politiques sont différents. Le milieu des affaires est de droite, celui des enseignants de gauche. Il y a des cloisonnements qui correspondent à la différence matérielle / culturel.
   Ces milieux d'affaires ont tendance à s'homogénéiser, à se rapprocher. De même la bourgeoisie de fortune se rapproche de celle de l'aristocratie qui apporte outre le nom, un capital relationnel : on connaît le monde, qui se traduit par les bons usages. Les aristocrates ayant converti leur capital de la terre, vers la finance.

 

 

II] Les ouvriers


Il faut souligner une forte diversité. Sous le 2nd empire on parle "des classes ouvrières".
La différence est dans la qualification (terme anachronique), le métier (C le bon terme). Et tout sépare ceux qui ont un métier et ceux qui n'en ont pas.

      1) Les ouvriers de métiers
   Les métiers plongent leurs racines dans un passé profond ; ils sont organisés en corporations qui protégeaient l'emploi. Il y a endogamie, on se connaît, on fait le tour de France mythique pour apprendre. On est dans un apprentissage long qui est une familiarité, une relation. On n'est pas sur le marché du travail mais dans une relation sociale.
   Le métier est un savoir-faire où le toucher est important. Et les patrons n'y comprennent rien : la technique n'est pas scolaire, elle est sensitive. Et les métiers vont se défendre avec le premier syndicalisme pour la défense de ces traditions. Il peut mettre un patron en interdit ; le métier vise à la maîtrise du travail dans cette catégorie familiale. En effet le savoir-faire et leur seul capital.
   Un ouvrier de métier est conscient de sa valeur et en est fier. Il peut donc avoir un salaire correct: 3x, 4x plus qu'un autre ouvrier.

      2) Les autres différences
            – Urbain / rural :  Les salaires sont forts en ville, faible à la campagne. Mais des compensations en nature.
            – Homme / femme : Le travail féminin est important mais a un profil typé : pas d'apprentissage, arrêt de travail avec le deuxième enfant et reprise à la fin de l'éducation. Il n'y a pas d'intégration des femmes dans le métier. Le plus souvent, elles travaillent dans les industries de la première révolution.
   Mais un travail qui ne se voit pas : la fabrication industrielle à la maison.
            – L'âge : Le salaire monte jusqu'à 30 ans, il diminue ensuite. La vieillesse est épouvantable dans le monde ouvrier.
            – Le lieu : On distingue en 1850, les ouvriers de Paris et ceux de Bretagne à Paris. Ensuite installation de population non originaire en auréole large : belge, italienne, polonaise. Cette immigration est importante à cause des conditions françaises.

      3) Vers une classe ouvrière
   Avant la Grande Dépression, la proclamation de la IIIe république, il est hasardeux de parler de la classe ouvrière. On préfère parler des classes ouvrières. Il y a en effet une grande hétérogénéité et en employant le pluriel on signifie une certaine parenté entre les différentes classes.
   Est-ce qu'on peut classer ceux qui travaillent dans un petit atelier ou il y a proximité entre le patron et les ouvriers avec ceux de la grande industrie ? Se souvenir aussi de l'importance du travail des enfants et des jeunes adultes, du travail féminin, et de l'immigration.
   Avant la condition ouvrière était plastique, c'est à dire qu'il n'y a pas de limite établie entre être indépendant et ouvrier mais aussi entre l'industrie et la terre (nombre de travailleur en industrie travaillent la terre aussi : pluriactivité). Plasticité aussi au niveau de l'âge : les jeunes n'auront pas tous et toutes le même parcours. Pour les femmes et fils de paysans, le parcours s'arrêtent vite. Sur un plan spatial, l'usine n'est pas clairement délimitée. C'est le signe que les catégories ne sont pas définies. De même, ces ouvriers ne sont pas organisés en tant que tel ; il n'y a pas de groupements ouvriers.
   En juin 48, on supprime les ateliers nationaux qui regroupaient des chômeurs de toutes nationalités et des ouvriers d'origines diverses se battent ensemble.

   Y a-t-il homogénéisation des catégories ? Il faut envisager des ruptures avec les appartenances antérieures. Y a-t-il rupture avec la terre. L'appartenance au métier diminue -t-elle ? Est-ce que l'on se dit menuisier ou bien ouvrier menuisier ? Passe-t-on des classes à la classe ouvrière...

a. Une rupture avec la terre ?
   Depuis longtemps, on pratique la pluri-activité (travail dans l'industrie et l'agriculture). La situation est extrêmement répandue dans les deux premiers tiers du XIXe siècle. On peut être sur la terre pendant les récoltes, et pendant la saison morte aller faire le maçon en ville.
   Ce mode de vie est vanté en France comme un équilibre.
         Ex: Les
mineurs de Carmaux. Ils ont été étudiés par Trempé. Ils sont d'origine paysanne, et n'ont pas l'intention de renoncer à cette activité. Sous l'empire, les mineurs désertent la mine entre mai et juillet, pendant les travaux agricoles. La production de la mine varie suivant le climat. Quand il pleut ou qu'il fait froid, ils sont là. La direction de la mine à des actionnaires qui veulent toucher des bénéfices. Elle veut donc plannifier ses productions. Et à partir du moment ou le réseau de chemin de fer est national, le charbon peut se vendre sur un espace international. La direction a comme objectif de couper les mineurs de la terre pour assurer une production régulière et avoir une main d'œuvre reposée. Par conséquent 1870-90 est une période d'affrontement entre les deux partis sur cette question là. Les mineurs veulent conserver leur mode de vie et la direction intégrer l'entreprise sur le marché. C'est la lutte classique du marché et de la population.
   On crée donc des amendes pour absence injustifiée, c'est pourquoi on fait des murs pour délimiter l'usine. On contrôle la main d'œuvre, on la discipline. Cela crée des tensions mais n'est pas satisfaisant. La direction casse les horaires de travail de façon à empêcher le travail agricole. En 1869, le combat est engagé et les mineurs reprennent le mot d'ordre des 8 heures.
   Mais en même temps ces luttes sur les huit heures se développent partout dans les villes, et les mineurs se rencontrent donc avec d'autres ouvriers pour cette lutte. Tout cela pour rester paysans. Il y a une véritable guérilla entre compagnie et mineur.
   En 1890, on peut considérer que la compagnie à gagnée : la population a changé de caractère. Ils ont quitté les villages et fermes pour habiter à Carmaux. Ainsi, peu à peu, ils voient leurs liens se distendre avec la campagne. On voit se développer des commerces à Carmaux ; ils commencent à acheter des produits alimentaires. Insensiblement, la vielle structure familiale se disloque au profit d'une famille ouvrière qui a tendance à être nucléaire. Petit à petit on se marie entre gens du même milieu : les mineurs de Carmaux. On retrouve l'endogamie. C'est à dire une certaine liberté pour les jeunes mariés qui échappent à la tutelle du chef de famille. Et on voit que non seulement ils se marient entre eux, mais que cette endogamie s'étend aux verriers, gens de métier. Et on commence à voir des mariages entre mineur et verriers. C'est le signe que la classe ouvrière est en train d'exister. Ca se traduit par une baisse de l'âge de mariage. Le souci devient de type consommation. Elle est le souci le plus important qui se traduit par une inquiétude véritable sur le salaire.
   La transformation sociale de ce milieu débouche sur un renversement politique : Jean Jaurès.

   Mais ce cas ne se généralise pas. Il y a divers types mais la tendance est à la rupture.

b. Une rupture avec le métier ?
   Effectivement, les mariages sont un bon critère, y a-t-il endogamie ? . Il y a localement des reculs de l'influence omnipotente du métier, d'où l'acharnement de député à abolir les corporations et tous regroupements.
   Contrairement à une idée reçue, les ouvriers de métier trouvent assez bien leur place. Si dans certains secteurs, ils étaient les seuls, maintenant il y a l'industrie qui lui succède. Mais ce travail qualifié du métier conserve sa valeur. Dans l'industrie automobile on voit que des ouvriers de métier occupent des places importantes. Avec le taylorisme, il y a un rôle important à tenir. Très peu répandu avant la guerre de 14, il va s'accélérer très vite et surtout dans l'automobile. Ors le taylorisme repose sur la séparation entre la main qui fait et la tête qui pense. Et dans le métier, les deux étaient reliés : toucher et penser. Le taylorisme révolutionne donc le rapport au travail.
   Il y a d'un côté l'ouvrier spécialisé (O.S), et de l'autre l'ingénieur dans l'aquarium. Ors cette séparation ne peut être totale, et il faut des spécialités qui articulent la conception et la fabrication ; ce sont les contremaîtres. Et les ouvriers de métiers trouvent leur place dans cet encadrement. De même on n'est pas à l'ère de la standardisation. Et il faut un ajusteur, travail de métier stratégique qui se maintient. Quand la machine s'arrête c'est la catastrophe, et il faut des mécaniciens, travail de métier qui n'est pas soumis à la machine.

   Les ouvriers professionnels sont les héritiers des ouvriers de métiers. Il y a dans la nouvelle usine une hiérarchie. La classe ouvrière n'est pas homogène. Le contremaître n'est pas O.S et les salaires, la sécurité de l'emploi est tout autre.

c. Des nouvelles formes géographiques?
   Il existe de nouveaux lieux, créés par l'industrie. La banlieue parisienne, espace nouveau, directement crée par le développement industriel : métallurgie, automobile. Ces espaces sont accolés à la ville sans être la ville. C'est la ville par la densité de population, mais du point de vue du paysage, ce n'est pas la ville (monuments, histoire, tradition n'existent pas). C'est important car il crée un flou identitaire dans ces nouvelles banlieues. En même temps, il y a des sociabilités intenses. on est l'ère du chemin de fer. L'habitat est regroupé autour des gares et s'étend en auréole. On se voit dans le train, dans le quartier souvent sous équiper. Et petit à petit s'invente une tradition, une culture autour d'une classe ouvrière issue des usines de la 2ème Révolution Industrielle. C'est le lieu ou va s'implanter le parti communiste dans les années 1920. Le vide culturel débouche sur quelquechose de nouveau autour cette idéologie.
   C'est vrai dans la banlieue parisienne mais aussi ailleurs.
         Ex:
Lamester en Bretagne. C'est le lieu de construction des navires de la compagnie des Indes sous Colbert. en 1870 : 3 000Hab, 1896 : 8 000Hab. Pour l'instant, c'est un non-lieux. Il faudra attendre 1909, pour que soit crée la commune. Elle dépendait alors d'un bourg : Caudan, assez riche et bourgeois. A partir de là, l'agglomération a grandi vite par les paysans des environs. Et il n'y a pas de bourgeoisie comme dans la ville avec des quartiers et des maisons typées. Ici, c'est uniforme et sans tradition. Tout le monde est fils de paysan. Et de plus en plus, la trans s'opère, des mariages ont lieu dans le milieu ouvrier. Mais il n'y a pas d'encadrement, alors s'implante le socialisme et très vite Lamester devient socialiste. Pourquoi ? Ces gens ont des relations proches : tous connaissent tous. Et de proche en proche, la nouvelle opinion occupe le vide.

   Il y a rupture avec la ferme, transformation de la ferme et création d'espaces ouvriers. Mais il n'y a pas reproduction de la classe ouvrière. Pour le cas de St Etienne, étudié par Burdy, il montre que les ouvriers qui exercent la même profession que leur père sont 56%, mais dans les années 1920 elle tombe à 36% alors que le nombre d'ouvriers augmentent. Il y a diversification du travail : métallurgie et passementerie. On peut aussi circuler à l'intérieur même du secteur. Burdy montre aussi l'importance du petit commerce qui est lié au monde ouvrier. Très souvent, il est tenu par une femme d'ouvriers.
   Les limites ne sont pas étanches, la classe ouvrière n'est pas renfermée, il existe des ponts.

d. Le mode de vie.
   Il est modeste, mais la vie s'améliore. Et ça se voit dans l'étude des budgets ouvriers. La nourriture n'est plus la même : apparition de la viande et du vin. Augmentation de l'habillement ; la première façon d'appartenir à la société civile est d'avoir des habits du dimanche. La semaine, c'est le bleu de travail ; le dimanche et surtout à Paris, on s'habille autrement. On s'intègre ainsi dans la société.
   Néanmoins le travail est pesant. La taille n'est pas la même dans les milieux aisé et ouvrier. En 1880, elle est encore marquée. Le travail marque le corps.

   Mais tout ceci ne constitue pas une classe, il y a trop de différence. Mais pour défendre leur situation, ils se coordonnent entre eux, et c'est dans la lutte qu'ils peuvent former une classe ouvrière. Avant 1880, les événements montrent qu'il n'y a pas une classe : les grèves ne sont pas coordonnées. Mais à partir de 1880, avec la Grand Dépression, on voit l'apparition d'organismes qui reposent sur l'existence d'une classe ouvrière : les coopératives de consommation, en particulier dans le nord. 1898, est fondée la C.G.T (Confédération Générale du Travail). Le grand débat dans la C.G.T : comment on s'organise ? Comme les métiers en corporations ou par branche (Auto, métallurgie)...
   Ainsi la C.G.T va poser des perspectives au monde ouvrier et poser la classe ouvrière comme acteur avec la grève générale. Son objectif est d'abattre la société capitaliste. Le mythe de la grève générale est promis à une longue vie.
               1906: 500 000 grévistes
               1919–21: 1,3 millions
               1936: 2,4 millions
               1968: 14 millions

   Suffit-il de faits matériels pour dire qu'une classe sociale existe, alors que la part de l'action est d'importance ? S'il y a tendance à l'existence d'une classe ouvrière, ce n'est certainement pas un bloc.
   En Allemagne ou Angleterre, on a envie de dire que la classe ouvrière existe plus sur des faits matériels : grande cohésion et syndicats. En France, le dialogue n'est pas spontané, mais précédé par de grandes crises sociales. Il y a une structuration conflictuelle des classes en France, d'où l'importance des vagues contestataires qui reviennent régulièrement.
   Les classes sociales sont aussi structurées suivant l'histoire propre, ce n'est pas un déterminisme industriel.

 

 

III] Le rôle de la petite bourgeoisie : un creuset.


      1) Une définition.
   Elle est quasi insoluble. on sait qu'un mécanicien peut être patron et diriger des ouvriers. Est-il de la petite bourgeoisie ? A la fin du XIXe, les ouvriers peuvent encore s'établir suivant les secteurs, les moments. Et quelle est la limite vers le haut ?
   On peut estimer qu'il y a
continuité avec le monde ouvrier et que la petite bourgeoisie représente beaucoup de monde. D'après François Bedarida : on retient environ 12millions sur 41millions.
   Là aussi les choses évoluent : Pendant la deuxième moitié du XIXe, la mobilité sociale se ralentit, en particulier dans l'industrie ou il devient difficile de s'installer. Reste un secteur: le petit commerce, la boutique. Et on a pu dire que l'entre deux guerres était son âge d'or.
         Ex: Le père travaille à l'usine, la femme tient un petit commerce. Si la boutique marche, la famille tendra vers le petit commerce, si ça ne marche pas, on retourne à la mine. En faisant un bilan, on s'aperçoit que les bouchers et boulangers laissent quelquechose à leurs enfants. Dans ces commerces, il y a des phénomènes de mobilité sociale importants.
   Mais il faut prendre au moins trois générations pour voir si ça se stabilise. On s'aperçoit alors qu'on peut avoir : une "migration" mine à boutique à fonction publique. Cela nous montre qu'il y a une certaine liaison vers l'éducation, d'où la question scolaire.

   Les relations sociales expliquent beaucoup de choses. Les commerçants animent les associations le plus souvent. C'est un rapport avec la clientèle. Mais l'inverse est vrai aussi, être à la tête d'une association peut valoriser un commerce. On peut donc bâtir des carrières politiques. Sans fortune, on a un capital social qui peut jouer un rôle de première importance.
   Entre 1870-1940, le petit commerce évolue. Au début très proche du monde ouvrier, on voit les commerçants faire crédits aux ouvriers en grève. Il y a un monde populaire qui se situe politiquement à gauche et qui vote pour le parti radical.
   Les années 1900 sont les années de cette France radicale. C'est le parti le plus important de la IIIe République. Cela montre la situation pivot de la petite bourgeoisie. D'où la faiblesse du parti socialiste avant 1940. Puis une distance se prend entre commerçant et boutiquiers, et avec la montée du communisme, on veut abolir la propriété privée. Le parti radical va donc bouger : Extrême Gauche en 1869, il va bouger Centre Droit. Dans les années 20-30, on peut parler d'une crise des classes moyennes. Ors c'est le moment ou la société est en train de changer : elle devient urbaine. En même temps, la concurrence se développe, le petit commerce devient difficile et les ouvriers sont contre la propriété. C'est la rupture, et le parti radical va hésiter entre droite et gauche. C'est donc lui qui sera l'axe de crise de la politique française.
   C'est certainement le front populaire qui porte le coup de grâce à cette alliance. C'est significatif du reclassement social qui s'affirmera après la guerre avec le salariat. Antoine Prost se demande si le mouvement des anciens combattants n'est pas un manifeste des difficultés de la classe moyenne.

 

Texte établi à partir d'un cours de faculté suivi en 1997-8
Grands Merci au professeur

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Mise à jour du : 23/03/99

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