Apprendre les hiéroglyphes égyptiens
Dictionnaire des hiéroglyphes Ancien Egyptien
Hieroglyphs dictionay of Ancient Egyptian

CHAP 9... Christianisme et persécutions : 192-284

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   En un siècle le christianisme s'impose comme une religion dominante alors que le pouvoir a tenté mainte fois de l'éradiqué. Mais la politique à l'égard du christianisme est tant désorganisé qu'il ne peut que renforcer les adeptes de la religion


I] Le christianisme et l'empire de 192 à 259


         A/ Le christianisme aux premiers siècles de l'empire

   Né en même temps que l'empire, il s'est développé en Orient, et de là il gagne progressivement l'Afrique du Nord, les Balkans, L'Italie et les provinces occidentales. Ce progrès est l'œuvre des évangélistes qui ont répandu la bonne nouvelle.
   On ne peut pas dire que l'empire et l'Etat ait pris conscience de ces progrès, si ce n'est épisodiquement. Mais très tôt le christianisme est jugé comme un corps étranger menaçant la cohésion sociale, religieuse et politique de l'empire : un chrétien ne sacrifie pas dans le culte de l'empereur.
   Ors il semble qu'il n'y ait pas eut de textes juridiques officiels pour pourchasser les chrétiens. Quel est l'attitude de l'Etat ? Il semblerait qu'il juge cette nouvelle religion comme une religion illicite, qui n'a pas reçut l'autorisation des collèges sacerdotaux : ce culte refuse le culte impérial, commettant un crime de lèse-majesté. Mais tant que les communautés chrétiennes constituaient une minorité, les textes ne la condamne pas.
   Ainsi, pendant les deux premiers siècles, l'empire se contente de réprimer et contenir cette nouvelle superstition maléfique, et uniquement encore lorsqu'elle troublait l'ordre public. On a des exemples de condamnations, mais uniquement sur un plan local, par une ville, relayée par un gouverneur. La condamnation est celles d'agitateurs. On voit l'embarras des autorités pour une religion qui n'entre pas dans le cadre de la religion impériale.


         B/ Le christianisme au IIIe siècle

   La première moitié du IIIe siècle est une période de législation contre les chrétiens. Elle précise les devoirs des chrétiens vis à vis de l'Etat. On voit cette législation qui cherche à affaiblir et désorganiser l'Eglise chrétienne.

        
1) La réception du christianisme
   A la fin du IIe début IIIe siècle, on note que le sentiment religieux des habitants de l'empire est fort, et de ce fait ouvert au syncrétisme, c'est à dire l'adoption des cultes étrangers. Mais il ne faut pas croire que la religion traditionnelle païenne soit en perte de vitesse. Seulement les esprits sont ouverts aux mystères, aux initiations, et à la divination. Les gens ont envie d'être actif dans le culte, et non plus passif.
   En outre le christianisme n'apparaît plus comme une nouveauté dangereuse : certains empereurs, même s'ils ne la comprennent pas, n'y sont pas hostiles : Sévère Alexandre, Philipe l'Arabe. Dès les Sévères, on a des témoignages de sénateurs et militaires adeptes de cette religion chrétienne.
   Mais on ne constate pas de changement radical de la politique : on applique la même règle. Une dénonciation et on envoie aux mines ; une protestation engendre des travaux forcés ou la mort. Mais encore, ce n'est pas généralisé. Ce qui est nouveau : il y a des empereurs farouchement hostiles au christianisme, accrochés à leurs convictions qui cherchent à éliminer par des persécutions dont ils sont responsables. Voila pourquoi on a la coexistence de ces deux attitudes.

         2) L'expansion du christianisme au IIIe
   On note au IIIe une accélération dans le recrutement des adeptes. Le christianisme profite de tous les troubles de la période. C'est surtout à la cour que l'on voit le christianisme gagner du terrain. Ce progrès se voit dans l'organisation ecclésiastique, avec l'apparition des évêques et des diacres dans les villes, avec l'apparition de paroisses chrétiennes. Cette organisation sort de la clandestinité sous Commode, influencé par sa concubine. Ils utilisent pour cela le principe de l'organisation des collèges et associations (l'équivalent des lois 1901).
   De même, on passe des lieux de cultes et de prières en des lieux privés, à des édifices propriétés de l'Eglise, avec la construction d'église influencée par la basiliques.
Zéphirin, évêque de Rome, qui meurt en 197 est à l'origine de la création d'un grand cimetière de Rome situé ad catacumbas, sur la via Appia. De même, l'Eglise tient des assemblées ; les conciles qui réunissent les évêques et prêtres discutent de questions techniques de la religion chrétienne.

   La conséquence de ce développement : au moment de ces persécutions, on s'attaque à la hiérarchie ecclésiastique, aux monuments, aux livres sacrés. On a bien compris que c'est là le pouvoir de l'Eglise.

         3) Les tentatives d'intégration dans la société romaine
   On trouve des chrétiens magistrats de cités et militaires dans l'armée. Dans une certaine mesure, ils participent à des assemblées publiques. Ce ne sont pas des fanatiques : ils vivent dans leur temps.
  
En revanche, une minorité refuse cette intégration. Ce sont des fanatiques et leur hostilité peut aller jusqu'au martyre qui rend martyr. Ces positions excessives ne sont pas celles de l'ortodoxie chrétienne qui vit avec son temps.


II] Les persécutions dans la première moitié du IIIe siècle

   Il n'y a pas de persécutions permanentes. Quand elles ont lieu, elles sont de courtes durées et sont entrecoupées de périodes plus ou moins longues de tolérances qui voient la croissance du christianisme.
   On peut distinguer ainsi quatre phases de persécutions


        
A/ Sous Septime Sévère 193-211

   Il y a débat sur l'existence d'un édit de Septime Sévère prônant la persécution des chrétiens. Pour exprimer la réalité de cette persécution, on s'appuie sur un édit de 202, alors qu'il est en Palestine. Il aurait interdit le prosélytisme (faire des adeptes) juif et chrétien. Seulement, aucun auteur chrétien, aucun historien ancien n'attestent l'existence d'un tel édit.
   Il s'agit d'atténuer les effets d'un édit en montrant qu'il semblerait n'y avoir que deux régions touchées : l'Egypte et l'Afrique du Nord. Et encore fut-elle intermittente.
   En Egypte elle n'aurait eu lieu que pendant la présence du préfet Q. Maecius Laetus 202-203. Eusèbe de Césarée ne donne le nom que de 8 martyrs.
   En Afrique du nord, on n'en connaît que 6 sur l'ordre du proconsul. A la même époque, on note la mise à mort de quelques chrétiens dans des émotions populaires.
   Et il n'y a pas en dehors de ces deux provinces l'attestation d'un édit de persécutions générales. Les persécutions sont le fait du zèle d'un gouverneur ou de l'opinion.

   Les historiens actuels nient l'existence de ces persécutions car aucun écrivain chrétien n'en parle, argument pertinent. De même Tertulien, écrivain chrétien, donne une image de tolérance de Septime Sévère.
   Ces persécutions sont en fait à rattacher à l'hostilité contre les chrétiens, accusés de ne pas participer concrètement aux cérémonies religieuses, en particulier les decenalia de 202 de Septime Sèvère, notamment en Afrique du Nord.
   Cela entraîne la colère de la population et des gouverneurs : ils sont accusés de ne pas sacrifier pour le salut de l'empire et de l'empereur.


         B/ De Caracalla à Philippe l'Arabe

   Il existence une tolérance de fait de Caracalla à Philippe l'Arabe, période de longa et bona pax. On assiste à de bonnes relations entre le christianisme et l'Etat. D'ailleurs, sous les derniers Sévères, la tolérance est déjà installée par Septième Sévère lui-même.
            + Sous Caracalla, on peut considérer que le règne est bien veillant, mis sur le fait que sa nourrice est chrétienne. Les chrétiens ont pu se réunir quand ils le voulaient.
   S'il y a des cas connus de persécutions, c'est dans l'armée, pour des causes d'indisciplines.
            + Il n'y a rien à signaler pour Macrin.
            + Elagabale, marque son règne par l'instauration de sa propre divinité installée dans l'Elagabalium qui exerce un énothéisme. Dans son projet Elagabale voulait soumettre tous les autres Dieux à sa divinité ainsi que les Chrétiens.
            + Sévère Alexandre, il était tolérant à l'égard des juifs et chrétiens. Ses convictions sont celles d'un syncrétisme religieux. Il aurait songé à élever un temple pour le christianisme. On peut dire que de nombreux chrétiens participaient à la vie de la cour impériale : la religion chrétienne se pratiquait ouvertement dans l'empire.
   Sévère Alexandre apparaît comme très favorable et tolérant au christianisme, tout en étant conservateur de la religion traditionnelle : renvoi du bétyle à Emèse.
Cela ne veut pas dire que l'entourage soit du même avis : le préfet du prétoire
Ulpien avait prévu un traité de persécution.

   En une vingtaine d'années, le christianisme s'est développé dans les classes de la société, majoritairement dans les provinces de l'Orient. On note par exemple que Philippe l'Arabe en est un partisan.


         C/ L'épisode de Maximin le Thrace

   Maximin le Thrace, homme de guerre, prend le contre-pieds de la politique de Sévère Alexandre.
On a longtemps cru que Maximin avait promulgué un édit contre le clergé chrétien. Ce sont eux les responsables de la prédication et du développement du christianisme.
   Seulement, on dispose de témoignages discordants : l'évêque Firmilien en Cappadoce dit qu'il y a eu des persécutions de chrétiens, mais uniquement liés à des successions de tremblements de terre, actes isolés, dans la tradition du bouc émissaire.    Dans ces cas, c'est le légat impérial qui engage la persécution sous la pression publique.
   S'il y a eut persécutions de chrétiens, c'est plus dans l'entourage des élites. Cela est confirmé par Hérodien et l'Histoire Auguste.
   La persécution apparaît dès lors comme une action plus politique que religieuse.

   Néanmoins, le règne de Maximin est une parenthèse dans la période générale de tolérance qui se poursuit entre Gallien et Philippe l'Arabe.
   Eusèbe de Césaré dit que Gordien III était chrétien. Philippe l'Arabe est originaire de Bosra en Arabie. Il y a là une Eglise chrétienne florissante et Philippe et son épouse correspondait régulièrement avec Origène, un chrétien. Certains supposent alors bien vite qu'ils en étaient eux-mêmes des chrétiens.
   Néanmoins, en dépit d'une tolérance religieuse, son règne n'est pas exempt de persécutions : à Alexandrie en 248-49, une émotion populaire voit la mort de huit chrétiens selon Denys d'Alexandrie. Il semble que l'instigateur de cette insurrection soit un prêtre du clergé égyptien païens.
   Philippe a été favorable à la nouvelle religion : il donne l'autorisation à l'Eglise de Rome de ramener la dépouille de l'évêque Pontin.    Cette tolérance est peut-être l'une des raisons qui explique sa chute, sous les efforts de deux courants hostiles à sa politique de tolérance :
            – L'un dans le Sénat qui soutient un sénateur d'origine pannonienne, Trajan Dèce, relié à au paganisme.
            – Le fanatisme des masses populaires qui rendent responsable des maux que subit l'empire les chrétiens.


III] Les grandes persécutions du milieu du IIIe : 249 - 260

   Ce sont les plus terribles pour les chrétiens car cette fois-ci elles semblent être organisées par l'Etat. Bien qu'il y ait des nuances et des avances prudentes à avancer.
  
La situation aux frontières s'aggrave avec la grande invasion des Goths qui ont enfoncé le limes en Mésie et pénètrent dans les Balkans jusque vers Athènes (249-260). On les voit franchir la Mer Noire et attaquer les villes de Pont-Bythinie.
   Au même moment, on connaît des luttes pour le pouvoir par des généraux d'armées différentes : Trajan Dèce / Emilien.


         A/ La persécution de Trajan Dèce : 250

         1) Les mesures
   Le nouvel empereur est reconnu en septembre 249 par le sénat. Il veut tout de suite mettre en application son programme de gouvernement basé sur un retour à la tradition romaine : 1) gouver-nement avec le Sénat, 2) établissement de la paix, de la sécurité, et de la concorde dans la roma aeterna.
   C'est un programme de restauration politique et religieuse pour faire l'unité de tous les habitants de l'empire autour de l'empereur et des dieux de Rome. Aussi, il n'est pas étonnant que cet empereur ait manifesté le désir de mettre à mal les religions orientales et notamment le christianisme.
   C'est ainsi qu'il promulgue un édit en décembre 249. Sa teneur est connue par les auteurs chrétiens qui évoquent son application : Syprien, évêque de Carthage ; En Egypte, Denys d'Alexandrie.
   Cet édit ordonnait à tous les sujets de l'empire d'offrir conjointement – avec femmes et enfants –un sacrifice solennel aux dieux.    La nouveauté de cet édit est qu'il dispose d'un caractère obligatoire et étendu à l'ensemble de l'empire. On installe donc des commissions chargées de contrôler l'exécution des sacrifices par les habitants. Et une fois ce sacrifice effectué, les sacrifiants reçoivent un certificat de sacrifice.
   Il faut noter néanmoins une limite : la mesure est appliquée aux autres religions également ; il ne s'agit pas d'une mesure uniquement anti-chrétienne.
   Ceux qui refusaient étaient envoyés en prison. Ils comparaissent ensuite devant une commission qui leur demande de sacrifier sous la torture. Ensuite, en cas de refus, on les condamne à la prison, l'exil, la confiscation des biens ou encore l'exécution capitale. Mais l'édit n'a pas pour but de faire des victimes, mais de rallier des chrétiens au régime.

   Cette persécution fut un choc pour les communautés chrétiennes d'Afrique et d'Egypte.

         2) Applications et conséquences
   Toujours d'après Cyprien et Denys d'Alexandrie, de nombreux chrétiens se conformèrent à l'édit et parfois même avec zèle.
En Occident, Cyprien est le principal informateur, en relation avec de nombreuses communautés. En Afrique du Nord, il déplore la chute de beaucoup de chrétiens. Des chrétiens se sont cachés, Cyprien lui même s'engage dans la clandestinité. On peut compter à Carthage une quinzaine de martyrs.

   Le premier constat, c'est que la persécution n'a pas fait autant de victimes que ne laisse supposer le retentissement dans le monde chrétien. L'application de l'édit semble inégale dans les provinces selon les gouverneurs et l'hostilité plus ou moins grande de la population locale.
   Pour l'Etat, ce fut un échec car le ralliement fut superficiel et dès la fin de l'année 250, les chrétiens qui avaient sacrifié ont demandé à l'Eglise leur réintégration.
  
Cette catégorie de chrétiens, les apostats, les lapsi, – faux convertis – a été un problème grave pour l'Eglise. Une majorité de chrétiens ont cédé devant Trajan Dèce. La réintégration pose le problème de la loi chrétienne : l'apostasie, au même type que l'homicide et l'adultère, est considérée comme une faute très grave.
   La plus part des évêques et chefs de l'Eglise adoptent à leur égard une attitude modérée de compassion. Il furent rejoint par une catégorie de chrétiens qui n'avaient pas sacrifié : les confesseurs. Certains confesseurs accordent aux lapsi des billets de réconciliation 251-252, deux conciles accordent le pardon à ceux qui ont acheté des billets de sacrifices (libelli), mais également ceux qui avaient sacrifié. On leur demandait une période de pénitence jusqu'à leur mort. Ces mesures favorisent l'apaisement.
   Mais cette persécution est la cause de schismes entre les chrétiens : des partisans du rigorisme n'acceptent pas le pardon. Novatien s'élève, hostile à toute politique de faveurs aux lapsis. Cette hérésie va durer jusqu'au Ve siècle.


         B/ La persécution de Valérien (257-258)

         1) Les causes
   Trois causes de natures différentes pour expliquer cette persécution :
           
– D'après Denys d'Alexandrie : le responsable est Fulvius Macrianus qui est a rationibus de Valérien. Donc un procurateur tricénaire. Denys le juge responsable des pogroms, et d'avoir poussé Valérien à faire des persécutions. A l'appui de cette attitude, il affirme que Macrin avait prévu des édits de confiscation des biens pour renflouer les caisses de l'Etat.
            – Le rôle de l'aristocratie sénatoriale. Raison plus logique que la responsabilité d'un individu seul, d'autant plus que Valérien est sénateur lui-même. C'est un courant qui considère les chrétiens comme les ennemis de l'empire. Il est possible que les progrès du christianisme et l'échec de la persécution de Trajan Dèce soit responsable d'une nouvelle tentative d'éradication contre une religion qui gagne dans les rangs même du Sénat.
            – L'année 257-258 est une année noire, l'empire est attaqué de toutes parts : Germains et Goths en Occident, Perses en Orient, la peste et les problèmes économiques et monétaires. Dévaluation, inflation, augmentation des impôts etc...
Les païens y voient la colère des Dieux : les chrétiens sont jugés comme responsables. L'ensemble consiste en une période de fin du monde perçut par les païens et par les chrétiens.

   Ces trois causes sont parties prenantes dans le développement de la persécution.

         2) les mesures de la persécution
   Elle est radicalement différente de celle de Trajan Dèce : Valérien veut stopper l'avancée du christianisme.
  
Aussi, il s'attaque surtout aux chefs et guides spirituels du christianisme. En somme, il veut décapiter le mouvement chrétien. Une lettre de Valérien et Gallien est envoyée aux gouverneurs de province pour préciser les modalités de la persécution. Les premières mesures datent d'août 257.
            Août 257 : les clercs supérieurs, évêques, prêtres et diacres doivent sacrifier aux Dieux de l'empire sous peine d'exil. On interdit aux chrétiens de se réunir pour leurs cultes, on leur interdit l'accès au cimetière sous peine de mort.
   Au total, des mesures moins ambitieuses que celles de Trajan Dèce, mais on espère décapiter ainsi le mouvement. Cyprien fut arrêté, envoyé en exil, Denys subit le même sort. En Numidie, on connaît des exemples de prêtres condamnés aux mines. Pour les autres provinces que l'Afrique, on ne dispose pas de témoignages précis.
            – Une deuxième série de mesure en août 258. On les connaît grâce à un rescrit, dont une lettre de Cyprien donne le ton : les prêtres exilés refusant de sacrifier devaient être mis à mort. Les chrétiens des classes élevées voient leurs biens confisqués, sont condamnés à l'exil ou au travaux forcés. Les chrétiens de la maison de l'empereur subissent le même châtiment.
   Cela fait rentrer beaucoup d'argent dans les caisses tout en éliminant les chefs de l'Eglise, et les civils disposant de clientèles.

   Quels en ont été les conséquences ? On n'a pas de traces d'apostats. Les victimes désignées ne sont pas toutes arrêtées.    Néanmoins, il y eut de nombreux martyrs : l'évêque Sixt II de Rome est décapité, Cyprien, Fructulosius à Tarragone. Denys d'Alexandrie y échappe en Egypte.
   La persécution prend fin printemps 260, à la mort de Valérien. Sa mort est rapportée par Lactance comme un châtiment céleste.


         C/ L'Edit de tolérance de Gallien

   L'Edit de tolérance de Gallien 260-305 et la petite paix de l'Eglise représente une période de calme fondamental pour le christianisme. Cet édit de tolérance tient à la personnalité de Gallien, homme cultivé et hellénophile, disposant d'une épouse certainement sympathisante au christianisme.
   Cela tient aussi la situation de l'empire à la mort de Valérien : les invasions barbares, les usurpateurs de 260, et le brigandage. Il y a donc un souci d'une certaine paix civile et une tentative pour se concilier la communauté chrétienne qui prend de l'importance.
   Enfin, Gallien prend ses distances avec le sénat, voir l'édit de 262 sur les réformes du sénat. Il prend donc le contre-pied de la politique de son père, il est un néo-platonicien plus détaché de la religion traditionnelle.

        
1) Le contenu de l'édit
   On ne dispose pas du texte, qui n'est connu que par un rescrit de 262 à Denys d'Alexandrie connu par Eusèbe de Césarée, et adressé à des évêques d'Egypte revenant d'exil. L'empereur décide de mettre fin aux poursuites contre les chrétiens. Il décide de restituer les lieux de cultes et les cimetières.
   Quelle valeur donner à cet édit ? La première à pour tenant Charles Munier, l'Eglise dans l'empire romain IIe-IIIe. Ils disent que l'édit de tolérance n'est pas une reconnaissance de droit du christianisme en tant que religion licite. Mais il doit être vu comme une simple reconnaissance de fait de la religion, et en particulier de la propriété ecclésiastique. Pour cette école, c'est un simple retour à la situation prévalant avant Valérien.
   L'autre école à pour tenant Pierre Maraval, auteur d'un ouvrage sur les persécutions. Cet édit serait cette fois-ci la première reconnaissance officielle du christianisme ; il abroge les anciennes lois. De ce fait, les communautés chrétiennes deviennent des sujets de droit, tandis que leur droit de propriété est reconnu et que s'opère la restitution des biens confisqués. Tout cela consiste en une reconnaissance du droit d'être chrétien.
   Le problème de taille : le statut du christianisme est encore bien imprécis ; l'édit ne garantit pas une éventuelle reprise des persécutions. Néanmoins, le résultat de l'édit de tolérance est important : il ouvre une période de paix pour 40 années de Gallien à la tétrarchie. C'est au cours de cette période que les chrétiens ont pu en toute liberté prêcher et pratiquer leur foi. C'est à partir de là que le christianisme s'enracine.
   On appelle traditionnellement cette période " la petite paix de l'église ".

         2) Les conséquences de l'édit
   Elle se voit dans l'empire romain : on construit des Eglises dans le style basilique, et les chrétiens pénètrent dans les rouages de l'Etat : l'administration, l'armée, le palais impérial et bien sur dans toutes les couches de la société. On en vient même à les dispenser de l'accomplissement de rites païens.
  
Les dignitaires de l'Eglise sont considérés à l'égal de ceux de l'administration. Il s'agit là d'un tableau idylliques ? Suivant Eusèbe de Césarée, cette période est présentée comme merveilleuse pour mieux l'opposer au cas de la tétrarchie.

   Alors, quelle tolérance ? Les empereurs restent des païens, à commencer par Gallien lui-même, dévot de Démeter, déesse d'Eleusis. Aurélien développe le culte de Sol Invictus. On s'est posé la question de savoir s'il aurait persécuté les chrétiens s'il avait vécu plus longtemps. En 272, Aurélien à tranché en effet pour écarter Paul de Samosate, évêque d'Antioche, fidèle à Zénobie.
   Y a-t-il eut des actes ponctuels de persécution ? Oui, mais cela reste localisé. C'est le fait d'un gouverneur plus païen que les païens, ou encore de vindictes populaires. Il n'y a jamais rien de systématique à l'échelle de l'empire.
   Le fait que le christianisme se soit implanter, va faire retentir la persécution de 303-304 comme un coup de tonnerre.

Texte établi à partir d'un cours de faculté suivi en 1999-0
Grands Mercis au professeur

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