CHAP 3... L'empire sous les Sévères
I] Rome, centre de l'empire
1) La cour impériale
Le
centre du pouvoir est à Rome, sur la colline du Palatin depuis Auguste.
Il y a plusieurs demeures juxtaposées qui forment les palais impériaux : la Domus
Augustana, la Domus Tiberiana, la Domus Flavia. Les Sévères ajoutent
une aile supplémentaire à l'angle sud-est du Palatin : la Domus Severiana.
Ce sont les appartements privés des empereurs en même temps que le siège
de la chancellerie à savoir les bureaux.
La cour impériale est aussi aux trois premiers siècles de l'empire une cour itinérante
avec des villégiatures en Campanie, et pour les campagnes militaires. La famille
impériale voyage beaucoup.
2) Rome,
centre du pouvoir
Rome a
été divisée sous Auguste en 14 régions, découpage administratif qui va durer jusqu'à la fin. Le
rempart d'Aurélien va encercler
ces régions. Au IVe siècle, Rome s'étend sur 1 085 ha.
Il faut
tenir compte d'une limite religieuse fictive : la pomerium. Il est matérialisé
sur le terrain par des bornes. C'est une limite sacrée à l'intérieur de laquelle on ne
peut entrer en armes. Il ne peut y avoir d'autres tombes que celles des personnes ayant
triomphés
C'est à
l'intérieur de cette limite que les augures peuvent prendre les auspices : interpréter
les messages envoyés par les Dieux (oiseaux -- lituus--, statues).
Le mot
région signifie arrondissement. Chacun est divisé en quartier : le vicus. A la fin de l'Empire on compte
322 vici à Rome. A l'époque des Sévères, l'administration de la ville est
passée à l'empereur ; la subsistance des magistratures républicaines sont
intégrées dans des carrières. Les fonctions sont vidées de leur contenu.
Le pouvoir est installé à Rome, où réside l'empereur.
II] L'autorité de l'empereur
L'autorité
de l'empereur se situe dans trois pouvoirs concentrés et étendus depuis Auguste.
1)
L'imperium
C'est
l'ancien pouvoir des consuls, mais il est pour l'empereur infinitum et majus. Son pouvoir es est
supérieur à celui de tous les magistrats, cela depuis Auguste. L'empereur est donc le chef des armées, déléguant ses pouvoirs à des
légati :légat de
légion, légat de provinces
Le titre d'imperator le désigne comme le seul bénéficiaire de la
victoire. Il reçoit des salutations impériales et bénéficie seul des triomphes.
L'empereur peut revêtir le titre de consul, toujours ordinaire, mais cela
n'est pas obligatoire.
2) La
puissance tribunicienne
C'est
la tribunicia potestas. C'est en -23 qu'Auguste a repris la totalité des pouvoirs des anciens tribuns de la plèbe
étendus à l'échelle de l'empire. En conséquence, on a étendu le ius auxili à l'ensemble de l'empire
tandis que la sacro-sainteté
lui permet de jouir d'une aura extraordinaire. L'empereur est le protecteur de tous les
habitants, intervenant n'importe où et dans n'importe quel domaine. Elle est attribuée
à vie mais renouvelée tous les ans, le 10 décembre. C'est l'autorité
civile de l'empereur.
C'est l'empereur qui recompose la liste des sénateurs et des chevaliers. Il
peut donc provoquer l'adlectio. C'est à partir de Claude que la procédure se met en place avec des règles.
3) Le
grand pontificat
L'empereur
est le grand prêtre de la religion romaine. Il en devient un personnage considérable :
dans l'antiquité romaine, on ne dissocie pas le religieux du militaire et du civil.
L'empereur dirige donc le collège des 15 flamines parmi lesquels trois sont majeurs (Dialis, Martialis, Quirinalis). Ils
sont placés en tête des processions. Les flamines mineurs sont attribués à des
divinités inconnues, pour préserver leur mémoire.
Il contrôle le calendrier des fêtes, il choisit les vestales parmi les
filles de patriciens, surveille la discipline religieuse des prêtres, le culte des morts.
L'empereur a le droit d'auspices et d'augure.
C'est un pouvoir à vie donné à l'empereur peu de temps après son
avènement. Le grand pontife est en place depuis -12 (Lépide), repris alors par Auguste.
En -2, l'empereur est nomé Pater
Patriae.
Tous ces pouvoirs sont les fondement de l'autorité impériales. Ils
apparaissent dans la titulature impériale. L'empereur est considéré comme un homme
providentiel. A partir de Septime Sévère, on dénote une augmentation du caractère sacré de l'empereur et de sa
maison ; on voit apparaître l'usage de l'expression dominus
noster (nôtre seigneur), ce qui est très différent de princeps senatus. Ajoutons la Domus Divina qui donne un caractère
héréditaire à la maison des Sévères.
III] Les organes administratifs
1) Le conseil du prince
C'est
le consilium principis. C'est un organe assez informel au départ, avec les amici, les proches, que l'on sollicite
pour donner un conseil.
Avec Claude (41-54),
ce conseil va se structurer progressivement : il y introduit des affranchis. Hadrien (117-138) va introduire
des juristes et des fonctionnaires, de véritables techniciens. Sous les Sévères, le
conseil est un élément essentiel de gouvernement, un organe consultatif à compétence
illimité.
On y trouve des comites, mais se sont maintenant des juristes, des chevaliers, des hauts
fonctionnaires comme le préfet du prétoire. On peut citer Papinianus, le plus grand juriste classique. Des assesseurs comme Julius Paulus, Ulpien, un tyrien préfet du prétoire puis jurisconsulte, Monestin.
2) Les
bureaux de la chancellerie
Claude est responsable de l'intégration de cette administration. On distingue
de nombreux bureaux dont :
Ab epistulis
: bureau de la correspondance entre l'empereur et les gouverneurs ou fonctionnaires.
A Libellis
: requêtes de particuliers.
A
Cognitionnibus : bureau des enquêtes.
A Rationibus
: questions financières.
A leur têtes, des chevaliers avec le titre de procurateur.
III] Les grandes préfectures
1) La préfecture de la Ville
Créé
par Auguste en -26,
le poste est destiné à remplacé l'empereur quand il quitte l'Italie. Ce n'est qu'en -13
qu'elle devient perpétuelle. C'est le sommet de la carrière d'un sénateur.
Il est chargé de la répression des atteintes à l'ordre public. Il a à sa
disposition les cohortes urbaines
au nombre de 5 de 1 000 hommes chacune. Elles sont numérotées de XI à XV. C'est la
police de jour. Jusqu'en 270, elles stationnent dans les castra praetoria. Un soldat d'une
cohorte urbaine exerce un service militaire de 20 ans.
Septime Sévère
entrant à Rome augmente leur effectif à 1 500 hommes. Mais il rogne les pouvoirs du
préfet. Ses compétences sont réduites à 100 miles autour de Rome et à des fonctions
pénales.
2) La
préfecture de l'annone
Crée
en -8, elle est exercée par un chevalier. Il est chargé de
l'approvisionnement de Rome en céréales et denrées de premières nécessité. Ce poste
permet en fait d'assurer le calme de la plèbe.
Trois
tâches principales :
Le préfet est chargé de diriger les réquisitions dans les provinces qui
versent tribus.
Il assure la conservation et la gestion des stocks dans les greniers
publics
Il lutte contre l'accaparement et contrôle les prix.
Il s'agit
donc d'un pouvoir de répression et de police.
Sous
l'empire, les régions qui ravitaillent Rome sont pour l'essentiel l'Afrique proconsulaire et l'Egypte. Le reste est la Sicile, la Gaule, Pont-Bithynie.
Septime Sévère va
ajouter des distributions gratuites d'huile d'Espagne. Elagabal les supprime, puis elles sont restaurées par Sévère Alexandre. Elles seront encore
attestées sous Constantin.
Les pouvoirs de l'annone sont élargis sous Septime Sévère au vin et à la
viande.
Il existe un service de l'annone mis en place sous Auguste avec un siège central : la statio annonae sur le forum boarium. Comme la tâche
s'alourdit, Marc-Aurèle donne
au préfet un sub-praefectora qui reçoit 100 000HS par an. Le personnel est nombreux. Il faut être à
Ostie aussi.
Les besoins de Rome en gros correspondent à 400 000 tonnes de céréales par
an. (horrea)
Il y aura 290 entrepôts dans la ville en 350.
L'empereur est responsable des distributions en céréales. Il y a 200 000
ayants droit sur une population d'1 million. Ces distributions sont mensuelles et durent
plusieurs jours. Elles ont lieu au champ de mars, sous le portique Minucia.
Elle se fait sous l'autorité d'un procurator
minuciae. On évite les queues et les cohues. Il y a 45
bureaux numérotés par arcade et on divise les ayants droit en groupes. A chaque groupe
correspond une affectation : 1 arcade, 1 bureau, 1 jour de distribution. Chacun est muni
d'une tablette.
3) La
préfecture des vigiles
Crée
en -6, elle est dirigée par un préfet de rang équestre. Son rôle est
d'assurer la police nocturne dans la Ville, la lutte contre les incendies et la police de
la circulation. César avait institué la circulation des charrettes de nuit.
Il a à sa
disposition sept cohorte de 2 000 hommes numérotées de I à VII. Il y a donc une cohorte
pour deux régions urbaines. Un vigiles fait 16 ans de service militaire.
Pour la
lutte contre les incendies, on disposait de pompes vraisemblablement, et de couvertures.
Mais le plus souvent, on sape les maisons à l'entour du foyer !
A l'époque
de Septime Sévère,
annone et vigiles sont subordonnée à la Préfecture de la Ville.
4) La
préfecture du prétoire
Créée
en -2, elle est dirigée par un chevalier. Ce poste est le sommet de la
carrière équestre. Sous les Sévères, c'est le premier personnage après l'empereur. Il commande la garde
personnelle de l'empereur : le prétoire. Domitien
ajouta une dixième cohorte de 500 hommes. Septime Sévère, après avoir fait le ménage
et les avoir dispersé, place les meilleurs légionnaires de ses légions et on passe à 1
000 hommes par cohorte. Ils sont stationnés dans les castra
praetoriae. Il y a 500 cavaliers, les equites singulares. Ils seront 1 000
sous Septime Sévère.
Jusqu'à Domitien,
sauf exception, il n'y a qu'un seul préfet du prétoire. Après lui, il y en aura deux.
Cela par prudence, mais aussi parce que les fonctions sont plus importantes. Quand l'un
est à Rome, l'autre est en campagne.
A l'époque de Septime Sévère, le préfet du prétoire est aussi un juge criminel en première instance
pour toute l'Italie sauf l'espace du Préfet de la Ville. Il est juge d'appel des
décisions des gouverneurs de province, il dirige le consilium
principis. Responsable du ravitaillement de l'armée, il
peut imposer et réquisitionné.
Il peut recevoir des ornements consulaires. Certains préfets du prétoire
sont adlectés à l'ordre sénatorial sous Septime Sévère.
Le maintien de l'ordre dans la Ville est assuré par des service spéciaux :
les frumentarii. Ce sont
des Barbouzes, buvant dans les tavernes pour faire du renseignement. Service de
sécurité, espionnage et gendarmerie. Ils peuvent interpeller et enfermer dans les castra perigrina.
Une légion, la II parthique, est stationnée à Albanum, proche de Rome depuis 196, pour donner un coup de main à
la défense de Rome au cas ou
IV] Administration de l'Italie et des provinces
1) L'administration de l'Italie
a. Les données de départ sous Auguste
Auguste a divisé l'Italie en 11 régions, qui ne sont pas des provinces, n'ont
pas d'administrations centrales ni de gouverneurs. Une grande autonomie est laissée aux
cités italiennes. Ainsi, la justice est municipale. En réalité, l'empereur peut faire
ingérence par le biais du tribunal de l'empereur.
Les cohortes prétoriennes ont pour charge aussi la surveillance de l'Italie
depuis Rome.
b. Les évolutions les Antonins et les Flaviens
Vers 120,
Hadrien divise l'Italie
en quatre circonscriptions judiciaires. A leur tête un consularis, ancien consul. Mesure impopulaire annulée par Antonins. Sous Marc-Aurèle, on rétablit le découpage avec à leur tête des iuridici qui sont des chevaliers
chargés de dire le droit. Ils ont des compétences administratives, de police, pour
gérer les alimenta,
caisses financières pour élever les orphelins.
On a créé aussi des curateurs pour l'entretien des routes en Italie. Depuis
les Flaviens sont créés des
curatelles de Cité chargées de mettre dans l'ordre dans les finances des cités. On
crée des procurateurs italiens pour prélever les impôts, notamment les 5% sur les
héritages.
c. L'Italie sous les Sévères
Elle
perd une partie de ses privilèges avec la nomination de postes procuratrices destinés à
quadriller l'administration, comme le Praefectus
vehiculorum, chargé du contrôle des voies de
circulation (surveillance et entretien). En 216, sous Caracalla, on voit apparaître un
fonctionnaire supérieur au rang égal au gouverneur de province, sans titre définitif.
Sous Aurélien, il prend le
titre de corrector, à la
tête des quatre régions d'Italie.
On voit se multiplier des officiers chargés de mission dans la péninsule,
des gens très vite détestés : ils réquisitionnent la nourriture pour l'armée, des
animaux pour les transports, et ils font du renseignement et de l'espionnage.
2)
L'administration des provinces
On
rappellera la distinction entre provinces sénatoriales et provinces impériales.
Distinction également selon les types de gouverneurs.
+ Il y a des proconsuls pour les provinces
sénatoriales. Ils peuvent être de rang prétorien, ou de rang consulaire
(Asie-Afrique).
+ Il faut ensuite distinguer les légats pour les provinces impériales.
Ici aussi, des légats prétoriens et des légats consulaires, selon les provinces.
+ Des procurateurs pour des provinces secondaires ; un préfet pour l'Egypte.
Sous les Antonins,
au IInd siècle, on voit un nouveau terme pour
définir un gouverneur : praeses, ides. Ce sont des chevaliers ou des sénateurs sortis de charges. Le terme est
utilisé beaucoup pour les chevaliers. A partir des Sévères, on rencontre de plus en plus de praesides.
Ce sont des chevaliers que l'on utilise comme pro-légats, remplaçant les
gouverneurs titulaires, y compris les proconsuls. Au IIIe siècle on voit de nombreux praesides exercer des
postes d'intérim, plus au moins long, en particulier quand le gouverneur est décédé ou
pas encore arrivé à son poste.
Plus
subtile, dans certains cas il est possible que les vacances de poste aient été voulu par
l'empereur qui ne désignait pas de gouverneurs de rang sénatorial.
Les
Sévères, notamment Caracalla et Sévères Alexandre ont augmenté les curatelles réservées uniquement au chevaliers. Deux
chiffres : sous Commode on a 136 procuratelles équestres. Sous Septime Sévère 176.
Texte établi à partir d'un cours de faculté
suivi en 1999-0
Grands Mercis au professeur