Apprendre les hiéroglyphes égyptiens
Dictionnaire des hiéroglyphes Ancien Egyptien
Hieroglyphs dictionay of Ancient Egyptian

CHAP 2.. Le tiers état

 

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   Le tiers-état représente 95% de la population ; c'est une écrasante majorité. On l'appelle la roture : toute personne qui n'est pas noble. Cet état est la partie de la population héritière de la paysannerie. Sur les 95% il y a à peu près 80% de paysans.
   Les données sur la population :
            - Sous François Ier : 16 millions.
            - Sous
Louis XIV : 20 millions.
            - Sous Louis XVI : 26 à 27 millions.
   On n'est pas inscrit comme cultivateur, ni paysan. Il existe différents qualificatifs :
            + Laboureur : riche paysan. Il possède une vingtaine d'hectares et une ou deux paires de bœufs. Il représente une famille par village. C'est le coq de village.
            + Ménager : paysan à son aise mais moins riche. Il possède une dizaine d'hectares, peut être une paire de bœufs. On peut en voir deux ou trois par village.
            + Brassiers : celui qui travaille avec ses bras. Terme surtout employé au sud du royaume. Au nord on les appelle plus manouvriers.

 

 

I] La propriété du sol


   Pour définir les paysans, il faut définir la notion de propriété. Sur les textes on peut lire des conditions fort différentes au sein même des paysans :
La Fontaine : Laboureur, meunier, bûcheron.
   La Bruyère décrit les paysans comme des animaux féroces ; Vauban, comme des pauvres disputant les glands à leur cochon. Chez Le Nain, tableaux de paysans avec du confort : table, chaises, nappe blanche, vaisselle de terre cuite ou en étain (l'argenterie du pauvre).
   Tout cela dépend de la propriété que l'on possède. Jusqu'en 1789, on dit qu'ils tiennent la terre. En gros, ils tiennent 50% de la terre. L'autre moitié se répartie entre la noblesse, la bourgeoisie enrichie et le clergé qui en possède 10%.

      1) La réserve et la tenure
   Tenir la terre, c'est la recevoir d'un propriétaire (le seigneur). Pour la pratique, il faut remonter au Moyen Age. Il y avait des fiefs que possédait le noble, mais lui-même n'y travaille pas. S'il travaille, on dit qu'il déroge. Toutefois, il a le droit de labourer ; surtout il plante et greffe les arbres. Ce fief, il le coupe en deux parties cultivées par ses paysans, mais de façons différentes :
            - La première est la réserve. Dessus, les paysans cultivent blé et légumes, et ce gratuitement pendant trois jours par semaine : c'est la corvée. Les produits de la réserve vont intégralement au seigneur et à sa famille.
            - L'autre moitié du fief est divisée en lots, chacun s'appelant une tenure. Celle-ci est donnée au tenancier. Ces tenures sont cultivées pendant trois jours par ceux-là mêmes qui faisaient la corvée. Mais sur les tenures, les denrées sont réparties entre le seigneur qui leur prête la terre, et eux qui la cultivent. La partie à donner est sous forme d'impôts, dont la taille versée au roi. "Ils sont taillables et corvéables à merci".
   Les paysans sont donc des tenanciers qui se considèrent comme les propriétaires de leur tenure, parce qu'ils la travaillent jusqu'à leur mort, parce qu'ils restent sur la terre : manere à manants. Ceux-ci restent sur le domaine seigneurial : la villa à vilain. Mais ces tenanciers n'ont pas la propriété éminente de cette terre ; le véritable propriétaire reste le seigneur. Le tenancier avoue avoir un propriétaire advocatus à les avoués. Ils payent donc le cens ("loyer de la terre"). On dira donc de la terre que c'est une terre acensée.
   Le seigneur se succède de père en fils, et les tenanciers aussi. Mais cela n'exclut pas toute promotion sociale.
   Il existe quelques terres sans seigneur : les alleux, terre libre de tout devoir.

      2) Les impôts
   Le paysan paye beaucoup de choses :
            + Le cens : dû au seigneur, Il est modeste sauf exception. [ cens prendra un autre sens au XIXe pour devenir un impôt. Monarchie censitaire.]
           
+ Le champart : dû au seigneur : c'est une partie des récoltes en nature.
            + La banalité : payée par tous pour utiliser le four banal, le moulin et le pressoir (il y en à deux : à vin et à huile), tous appartenant au seigneur.
            + Le dénombrement trentenaire : tous les trente ans, le tenancier paye un impôt à son seigneur pour lui prouver qu'il sait que la terre n'est pas à lui. Il le paye aussi à chaque changement de seigneur. On lui offre généralement des gants blancs.
            + les lods et ventes : impôts perçus quand il y a cessation de la terre : le tenancier peut vendre sa tenure, alors 10% de la valeur de la terre sont perçues par le seigneur.
            + La main morte : quand un tenancier meurt, le fils peut conserver la tenure s'il verse une taxe au seigneur.
            + La taille : payée au roi
            + La dîme : payée au curé (dixme); 10% des récoltes.

   Réflexion:
      La dîme : sur dix sacs on en donne un. Elle a été crée en 774 par Pépin le Bref. Deux objectifs : assurer l'enseignement et payer les dépenses de santé. Jusqu'en 1789, l'Eglise détient les hôtels-dieu et les hôpitaux qui sont entretenus par l'évêque.
      La taille : Jusqu'en 1789, aujourd'hui, c'est devenu l'impôt sur le revenu, ce qui permet le budget de l'état : création des routes, ponts, etc...
      Les lods et vents : ils existent toujours : frais de notaire et d'enregistrement. Les droits de succession.

   Donc, la pression fiscale est relativement voisine à aujourd'hui. A peu près 30%. La différence est que les impôts se payent en nature.

 

 

II] Les exploitations et les techniques d'exploitation.


      1) Le tenancier exploitant.
   C'est souvent un laboureur, un ménager qui exploite une centaine d'hectares. Dans la plus part des cas on n'est pas tenancier de toute l'exploitation : on en loue une partie à un propriétaire absent : évêque, chanoine du chapitre de la cathédrale, notaire, médecin, etc... Cette terre on la reçoit à ferme. Un propriétaire nous la loue pour un certain temps. On devient donc un fermier et le loyer dû est le fermage. La terre donnée est dite terre affermée.

      2) Les métayers.
   Ce sont des paysans qui reçoivent une terre à ferme, mais dont le propriétaire est moins loin. Par conséquent, on partage les fruits de la récolte avec lui. Le métayer fournit la totalité du travail, le propriétaire la totalité de la terre, et on partage 50/50.
Toutes les catégories de paysans sont possibles. Seul 5% des paysans sont misérables.

      3) Les différences régionales
   Le nord est riche avec des plaines alluviales riches, des bovins et des vaches à lait. La terre se repose une année sur trois : la rotation triennale. En six ans, on a quatre récoltes.
   Au sud, les sols sont acides et il faut mettre du fumier. La terre se repose plus souvent : la rotation biennale. En six ans on a trois récoltes.
   Il y a aussi des différences considérables entre les montagnes et les plaines. Les montagnes sont pastorales. Donc les techniques sont fort différentes.

      4) Les familles d'exploitation conjugale
   Elles sont sans ouvriers agricoles pour les exploitations modestes. Pour les grandes, on a les familles élargies avec les fratries; quatre frères qui occupent la même maison. La communauté est alors de 20-30 personnes commandées par la plus âgée valide. Ce système existe surtout dans les zones d'élevage.

 

 

III] Les modes de vie.


      1) Les laboureurs.
   Ils payent un cens important car ils possèdent beaucoup de terre. On les dit aussi censsiers. Dans le sud on les appelle maître de mas. Ces laboureurs, gros exploitants, sont les chefs de leur village et arrivent en condition sociale derrière le seigneur mais parfois avant ; en notabilité derrière le curé.
   Ils sont surtout dans le nord du royaume, pas trop loin de Paris et forme une bourgeoisie rurale. Ils peuvent avoir une vingtaine de vaches, 150 à 200 moutons, cinq à six chevaux de labour, des charrues à soc de fer, une centaine d'hectares. Ils ont une charrette, deux ou trois valets (ferme, écurie), deux ou trois servantes. Ils ont des journaliers par dizaines qu'ils payent. En période de guerre, c'est eux qui souffrent le plus car on les torture pour savoir où ils cachent leur cassette (pas de banques !).
   Ils prennent à ferme les terres qui sont autour de leurs tenures : celles de l'abbaye, de l'évêque, d'un riche robin... Donc ils savent lire et écrire : il faut rédiger des comptes rendus. Ils administrent le village et sont intendants du seigneur. C'est eux qui oppriment les paysans : ils réclament des impôts plus forts que ceux demandés. Comme ils sont alphabétisés, ils sont souvent les receveurs des dîmes, de la taille.
   C'est eux qui fixent les salaires de la région, qui consentent les prêts aux autres paysans : prêts de bois, prêts de semence, prêts d'argent. Tous sont remboursables en travail.
   Ils ont des livres, sont les seuls à avoir des almanachs. Ils forment une société fermée, pratiquent l'endogamie à niveau égal. Ils deviennent souvent marchands (bois, vins, eau de vie). Chez les laboureurs, la soupe est grasse avec du cochon. Ils portent des blouses tissées serrées (imperméabilisé)
   Ce sont les notables, ils achètent des terres et constituent la base de la société en renouvelant les élites.

      2) les brassiers.
   Ils constituent la catégorie pauvre et majoritaire de la société. La maison est petite, en bois et en chaume. Ils ont une pièce ou deux, dorment à côté de la vache et des moutons. Ils ont un jardin clos, non assujetti à la dîme, un ou deux champs qui font moins d'un hectare. Jamais de bœufs, de chevaux, donc pas de charrue. On creuse les sillons avec l'araire au soc en bois. Ils n'ont pas de charrette non plus
   Ils ne peuvent se nourrir et donc se louent et vivent de la vente de leur basse-cour (canards, lapins, deux ou trois brebis). Les matelas sont en pailles (paillasse). D'où dans les contrats de mariage l'attention du retour de la couverture : prêt de dix ans. Il y a très peu de meubles : des bancs, un coffre dans lequel on met tout. Il n'y a pas d'armoire, de livres.
   Ces paysans on les voit dans les archives avec deux professions. L'été, ils sont marqués brassiers, l'hiver, ils sont notés tisserand. La petite paysannerie travaille à domicile la laine, le chanvre, le lin et on tisse des toiles en fonction des régions. On fait tous les travaux de charbonnage, bucheronnage.
   Cette population vit de braconnage et de cueillette. Le pain est noir : du seigle ou pain de pis. Ils mangent de la soupe matin et soir : c'est la nourriture de base. Elle est claire : choux + eau chaude dans laquelle où on fait tremper le pain rassis. On mange des œufs, assez peu de fruits frais : il n'y en a pas ! Mais des amandes, noix et fruits des bois : fraises, framboises. Comme légumes : des pois cassés, lentilles, fèves (soupe). Pas de pomme de terre, tomate ou haricots.
   Les vêtements sont rapiécés en haillons. C'est la catégorie la plus menacée par la misère. La mort du père entraîne la misère de la veuve et des enfants. Ils sont la base de la violence et du grand banditisme.

      3) Les vignerons.
   Ils se situent entre les deux. C'est une catégorie en pleine expansion. La France est le premier pays consommateur et producteur. On assiste à l'apparition du beaujolais, du champagne (dom perignon). La vigne est assez omniprésente même en Alsace, Île-de-France, essentiellement à cause de l'Eglise : il faut du vin de messe.
   Les vignerons ont de petites terres mais qui produisent un produit de qualité. Ils sont donc dans une catégorie plus aisée de la paysannerie.


      Au XVIIe siècle, on a une population variable suivant les catégories et suivant les périodes (petit âge glaciaire / 1694 : le vin gèle dans les carafes du roi à Versailles / 1709 : les oliviers gèlent en Provence).
   A noter de nombreuses crises de subsistance. On parlait de disette. Ce sont des crises de soudure. Donc des révoltes nombreuses anti-fiscales contre le fisc mais jamais contre le roi : 1639: En Normandie les nus pieds ; 1637-41: Au Périgord les craquants ; 1675: En Bretagne révolte du timbre. 1707: Aux Cévennes.
   A partir de 1720, on ne connaît plus de peste.
   Il faut rajouter le problème de la guerre de Trente Ans (1618-1648), et de la Fronde (1648-52).

 

Texte établi à partir d'un cours de faculté suivi en 1997-8
Grands Mercis au professeur !

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Mise à jour du : 23/03/99


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