Apprendre les hiéroglyphes égyptiens
Dictionnaire des hiéroglyphes Ancien Egyptien
Hieroglyphs dictionay of Ancient Egyptian

CHAP 9... La réforme catholique.

 

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   Les catholiques sont lents à réagir. Le concile de Trente a lieu de 1545 à 1563 alors que Luther présente ses 95 thèses en 1517. La réforme catholique est une opposition nette au dogme protestant, comme une contre-attaque. Le terme "contre-réforme" est réducteur, car elle lui enlève son aspect créatif, son originalité, et lui enlève son mouvement fondamentalement réformateur.
   L'originalité de la réforme catholique : l'essentiel du mouvement est donné par le pape lui-même, par Rome. Elle vient d'en haut, après des tentatives nationales. Le système romain doit prendre les choses en main.

 

 

I] Le Concile de Trente 1545-1563


   Un concile est une réunion autour du pape de tous les
évêques de la chrétienté. Il y a donc de prime abord les difficultés de déplacement. Se joignent aussi les abbayes, les chefs d'ordres de congrégations, des universitaires théologiens et des observateurs. Charles Quint ouvrira la cérémonie: on est en terre impériale.
   On commence à en parler en 1519. Mais Il a fallu attendre que Charles V convainc Paul III de l'importance du concile, ce dernier y rechigne en effet à cause du souvenir du grand schisme. Les séances commencent le 13 décembre 1545. Il a eut 25 cessions, coupées de longues trêves. On peut distinguer trois phases :
            1545-1549 : On s'est réfugié à Bologne à cause de la peste. Il apparaît des difficultés dogmatiques entre évêques. Il y a 70 votants : ce sont des séances modestes.
            1551-1552 : On est revenu à Trente pour six sessions. On tourne à 60 votants. Il faut noter la bataille de Charles contre la ligue de Smalkalde.
            1562-1563 : On réunit plus de prélat et on a 255 signatures à l'acte final. Le concile fait œuvre dogmatique. On ne peut parler d'un concile universel : la plus part des évêques sont italiens. Il n'y a pas d'observateurs protestants.

      1) L'œuvre théologique
   Trente a fait une œuvre théologique : préciser la doctrine et répondre pieds à pieds aux thèses de Luther.
            Le péché originel et la justification : le baptême lave le péché originel et le rend libre devant dieu. La justification est la grâce de dieu par laquelle un injuste devient juste. Il n'y a pas de prédestination, importante chez Calvin. On revalorise donc l'importance des œuvres. Pierre Chaunu : le catholique maintient le suspens (balance entre biens et mal).
            La légitimité du pape est réaffirmée, ainsi que celle de la structure ecclésiastique, on réaffirme les livres saints et la validité de la Vulgate (St Jérôme).
            Les sacrements. Ils sont les signes efficaces de la grâce (canaux de la grâce). Ils sont indélébiles : la grâce passe quand même. Il y a sept sacrements : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence (confession), le mariage, l'ordre pour les prêtres, l'extrême onctions pour les morts. Reconnaissance très forte des sacrements qui en fait un pilier. L'eucharistie est essentielle (cons et transsubstantiation). D'ou le culte du saint sacrement, de l'ostie, que l'on expose, qu'on adore et prie.
   Trente, c'est l'affirmation du dogme catholique avec force.

      2) La réforme du clergé séculier
   Il y a le souci de former les prêtres, il faut apporter l'enseignement de dieu. Alors, le clergé doit prêcher. L'évêque dirige la prédication. Le théologal est spécialisé dans la prédication. Il naît l'importance de la catéchèse, sur le modèle de Luther : le catéchisme de Trente et celui de P.Canissius. C'est la volonté d'amener la vérité.
   On s'occupe donc de la nécessaire réforme du clergé. On interdit le cumul des bénéfices, difficile à imposer. Cela entraîne une obligation de résidence, c'est le grand changement. On tend à renforcer l'autorité des évêques : ils sont responsables de la prédication, du choix des curés, des visites pastorales — visites obligatoires des paroisses une fois tous les deux ans (problèmes techniques : hiver en Savoie et nombre des paroisses dans le nord France). Tous les ans, ils tiennent un synode diocésain (un peu un concile).
   On installe des limites : on ne fait plus des évêques enfants, il faudra une dote pour les ecclésiastes, pour s'assurer qu'il n'y aura pas de pauvres. Cela exclue toute une série de gens. On va lutter pour la moralisation du prêtre : plus de fils bâtards, plus de femmes ; il doit avoir une vie digne et chaste. Pas de prêtres alcooliques et chasseurs (très long à se mettre en place). Pour représenter la dignité du prêtre, il est obligé de porter la robe : il est désormais mis à part.
On uniformise le culte : il y a un
bréviaire (les prières) romain, une micelle (technique de la messe). On parle de séminaires, lancé par Charles Quint. Il en faudrait un par diocèse.

      3) La réforme du clergé régulier
   Après la réforme du clergé séculier, celle du clergé régulier : retour nécessaire à l'observance stricte de leurs règles. Toutes les familles religieuses vont y passer. Il s'agit d'un retour à la clôture des monastères : on ne rentre pas si on est pas du monastère. On renforce le rôle du supérieur : abbé, abbesse. Ses décisions sont irrévocables, et on voit l'apparition de la prison.
   On veut lutter contre le cumul des fonctions monastiques : les commendes (laïque qui touche les revenus du monastère). C'est l'abbé qui prend tout en main.
   Innovation importante dans le monde monastique : la création de vœux simples. Au Moyen Age, on faisait des vœux solennels devant la communauté, maintenant, les religieux peuvent s'engager de manière moins contraignante, pour quelques années seulement et/ou pour des fonctions particulières : les jésuites ne sont pas soumis à résidences.

   L'œuvre du concile est considérable, bien repris par Pie V (1566-72). Un problème de fond : la mise en place du Concile ; le faire accepter par les Etats qui sont peu chaud. Espagne, Savoie, Italie très catholiques sont d'accord, mais en France on tombe en pleine guerre de religion et le roi ne fait pas enregistrer les décrets du concile de Trente par le parlement — c'est la tradition gallicane. C'est en 1614, que le clergé met en place le concile de Trente sans l'autorisation royale. L'empereur d'Allemagne Ferdinand doit compter sur la minorité protestante.

 

 

II] La mise en place du Concile


   Il faut compter 100 ans pour que les décisions du Concile s'installent, à cause des résistances des grandes familles, des princes. La famille des Conti possède le diocèse de Paris de 1569-1662, c'est un bien familial. Sully possède également deux abbayes en commande donnée par Henri IV. Le séminaire diocésain de Paris est en place fin XVIIe seulement.

     
1) Les forces vives du catholicisme.
   La ville de Rome : le pape Pie V veut faire de Rome un vaste couvent. La ville de débauche et de luxe va devenir austère et extrêmement digne, écrin de la monarchie pontificale. On construit des églises en grand nombre. Elle retrouve une population de 100 000 habitants et elle en attire 500 000 à l'occasion du jubilé. Le gouvernement est réorganisé. Le ministère est organisé en congrégation. On fonde un collège romain chargé de former les prêtres d'élite.
   C'est l'affirmation du "leadership" de Rome.

      2) Les réguliers.
   Ils apparaissent comme l'avant garde de la réforme. Pour exemple : les capucins créés par Matteo Badchi, réformés des franciscains, sont très pauvres avec une vie de prédication. Ils vont partir partout pour amener la parole de dieu. Ils tiennent un discours facile, du côté populaire.
   Les jésuites fondés par Ignace de Loyola, ancien militaire, constitue un ordre original, non cloîtré, lié par des vœux simples, fondés sur l'étude. Ils vont se spécialiser sur les missions, l'enseignement et l'apostolat des jésuites. Ils s'adressent au fils de l'aristocratie. Ils ne sont pas très nombreux : 400 collèges, 13 000 jésuites sur le monde catholique au début XVIIe. Ils sont confesseurs des rois, les missionnaires les plus efficaces.
   Il y a aussi une vie religieuse intense chez les femmes : Ste Thérèse d'Avila, qui impose sa mystique. Elle est de l'ordre des
carmélites déchaussées. Les ursulines, les visitandines (1610, St François de Salle) aussi.
On compte de très nombreux saints. La sainteté est très exigeante, il faut un goût pour la mortification, de mourir en martyr. Ignace de Loyola et ses exercices spirituels. Le château intérieur (St Thérèse d'Avila).

      3) Les grandes réalisations.
   Elles se font sur un modèle épiscopal : l'évêque de Milan, Charles Borromée qui transforme son palais en séminaires, tient 11 synodes sur son diocèse, vit de façon austère et rigoureuse. C'est le modèle de l'évêque tridentins (qui vient de Trente). Sur ce modèle se multiplient les séminaires. Le premier français à Reims 1567. Le modèle italien de séminaires est différent.
   Les visites pastorales se mettent en place mais ne se multiplient qu'au XVIIe siècle, et elles ne sont visitées que tous les 12 ans en France.
   Rome reprend les choses en main. En 1570, on excommunie Elizabeth Ière. Certains le regrettent. En 1571, c'est la bataille de Lépante, croisade contre les Turcs. On réforme le calendrier grégorien, fixant le calendrier des fêtes : 1582. Il y a une multiplication des livres religieux. 48% des imprimés sont religieux.

 

 

III] Forces et faiblesses du monde catholiques 1610-1620


      1) Les missions.
   On a envoyé des missions à Goa à partir de 1534, en Amérique, en Asie. Roberto de Nobili, vit en Inde, a appris le sanskrit et aurait obtenu 4 000 conversions. Philippe II, reçoit une ambassade de Nagasaki. Le Bouddhisme est en décadence, et les missionnaires impressionnent les populations. Matteo Ricci pénètre en Chine et essaye de trouver des points d'encrages entre confucianisme et catholicisme ; c'est la rencontre des cultures.
   En Amérique, on voit apparaître la civilisation d'Amérique latine. On crée 65 diocèses. On baptise en masse en premier lieu, puis on prend la défense des indiens face aux conquistadores et on fonde des écoles, collèges et université. Au Pérou, les Dominicains ont crée l'université de Lima. A la fin du siècle, il y a un véritable clergé. On regroupe les Indiens dans des villages pour les catéchiser. Souci pastoral extraordinaire.
   Au début du XVIIe siècle, pour estimation : 60 millions de catholiques dont 10 millions hors d'Europe pour 25 millions de protestants et 15 millions d'orthodoxes.

      2) Remodeler le fidèle.
   On veut faire un fidèle tridentin. Chaque fidèle appartiendra à une paroisse et à un curé qui doit désormais tenir le registre. La vie est centrée autour de l'église. La cloche sonne les grands évènements. Il y a une chaire pour prêcher la parole divine, un confessionnal. On renforce les rites : le baptême dans les trois jours suivant la naissance. Le mariage doit être donné en face de l'église. On impose la communion pascale.
   On encadre les fidèles avec le catéchisme — petit catéchisme pour les enfants et grand catéchisme pour les adultes. On doit se confesser au moins une fois par an. Il y a une réorganisation de l'année rythmée par les fêtes religieuses, pèlerinages. On multiplie les confréries. Il faut rassurer et protéger le catholique. L'épidémie est un péché envoyé de dieux.

      3) Les limites.
   On peut accuser l'Eglise d'avoir propagé une religion de la peur, presque terroriste. Pendant cent ans, on a vécu dans une période ou s'agite la menace du péché et de l'enfer, et on n'a pas encore les conséquences de Trente : entre 1560-1650, c'est la grande époque des procès de sorcellerie. On assiste à une flambée de bûchers : 63 femmes en Allemagne en 1562, puis les Pays-bas et la France. Entre 1570-1630, on compte 3 000 bûchers en Allemagne, 4 000 en Ecosse et 2 000 en Lorraine.
   Ce qui est remarquable : la création d'une géographie originale : la majorité des sorcières sont allemande. On brûle dans les régions de front entre catholicisme et protestantisme (zone de crainte réciproque. Zone ou l'état est aussi faible : le parlement de Paris ne brûlera presque pas. Les états faibles ont un maximum de sorcellerie. Il y a un univers magique, dans un monde ou la maladie n'est pas naturelle. Le surnaturel est partout. L'Inquisition en 3 siècles aura tuée 12 000 personnes, les procès de sorcelleries 50 000 entre 1570-1630.
   A Rome, on brûle Bruno après 7 ans de procès. Le procès Galilée à lieu de 1616 à 1633. On lui reproche qu'il n'admet pas qu'à côté de la vérité scientifique, il y ait une vérité biblique. C'est une querelle de forme plus que de fond.

   Au début du XVIIe siècle, commence à se poser la question de la tolérance civile temporelle : édit de Nantes. C'est la distinction entre temporelle et spirituel, la remise en cause du pouvoir de l'Eglise.

 

 

Texte établi à partir d'un cours de faculté suivi en 1997-8
Grands Mercis au professeur !

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Mise à jour du : 23/03/99


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