CHAP 4... La Réforme
Au XVIe siècle, la
journée entière est rythmée selon la religion : corporation, université, décoration
du mobilier. La religion est l'élément enrobant de la vie.
La Réforme est la grande affaire du siècle après le grand schisme
d'orient. Mais la rupture entre catholiques et protestants est dogmatique ; il s'agit
cette fois d'hérésie et non plus de schisme. Et le protestantisme sera la première
hérésie ayant résisté et réussi.
Il s'agit de la Réforme ou de Réformation. La Réforme est
l'idéal de tout chrétiens. Les religieux se réforme régulièrement pour être plus
près de dieu. Mais cette fois-ci, la rupture sera totale avec le catholicisme.
A la Réforme va réagir la Contre-Réforme catholique.
Longtemps on a expliqué la réforme comme une simple réaction aux abus
cléricaux à tous les niveaux : du pape au moine. Lucien Febvre dit que les abus ont
existés de tout temps et que tous n'ont pourtant pas aboutit à la Réforme.
Il faut chercher des causes spirituelles.
L'angoisse de l'époque est celle du Salut ; que va-t-il se passer lors de la
mort, pendant la vraie vie. Le catholicisme ne sait répondre à cette question.
Melanchthon: " ce que nous demandons à la théologie, c'est une réponse à la mort". On reproche au
curé de ne pas savoir répondre aux questions, de rassurer, d'être ignare
théologiquement.
1) La religion vécue
C'est l'angoisse du salut qui prime. Epoque de la guerre de cent
ans, des grandes épidémies (peste noire), une omniprésence de la mort (1/2 en bas
âge). Il y a les artes moriendi, petits livres qui préparent à la mort, c'est le best-sellers de
l'époque. L'imprimerie multiplie cette idée. Elle va de paire avec la peur des sorciers
qui se développe fin XVe et début XVIe.
Cela montre une inquiétude ; on a besoin de trouver un bouc émissaire pour régler ses
problèmes avec dieux.
Le Catholicisme dit qu'on peut obtenir le Salut avec la foi et les bonnes
uvres. On développe le chapelet, on multiplie les messes des morts, on fait des dons, des pèlerinages, création du purgatoire, des indulgences.
Frédéric le Sage, détenait 17 443 reliques qui lui valaient 128 000
années d'indulgences. En 1530, en une journée on a vendu pour 11 000 jours
d'indulgences.
Une guerre, un orage, un incendie, une épidémie, sont des signes de dieux.
En1499 il y a eut 3 soleils dans la journée, 3 lunes dans la nuit, et il a plut du sang.
Un peintre se peint en autoportrait et à côté de lui apparaît un squelette et un
sablier.
On multiplie les processions
pour la pluie et le beau temps, les confréries de dévotion on y prie, dit des messes, s'occupe des veuves. A Rouen on compte
273 confréries en 1500 ; en 1550, 236 en plus.
Montaigne lui-même va en pèlerinage en 1481, et fait faire un petit tableau
pour protéger sa famille.
A l'époque de la renaissance, le magisme fait partie de la vie. On ne se coupe pas les ongles le vendredi.
2)
La réforme avant la Réforme
Le mouvement qui commence au XVe
voit bouillonner une série d'expérience, des individus, des
religieux.
a. La "dévotio moderna" flamande
Tentative en Flandre. Dès le XIVe
siècle se crée les frères de la vie commune qui se regroupent en communautés laïques, encadrées par des prêtres.
Ils se retrouvent pour des messes, prières, pèlerinages. Il apparaît comme un grand
progrès de l'individu qui prie seul devant Dieu.
A Wihdesheim, ils créent une congrégation pour former de bons prêtres. Les
Best-seller : l'imitation de Jésus Christ (T. a Kampis) fin XIVe ensemble de petites historiettes saintes. Il se trouve dans
tous les inventaires de bibliothèques et de testaments de l'époque.
b. Expériences nationales.
Les évangélistes avec Jacques Lefèvre
d'Etaples. Professeur, grand humaniste, spécialiste
d'Aristote et de Platon qui veut revenir aux textes originels. Il publie des textes
antiques et des uvres chrétiennes. Il est invité par l'évêque de Maux à mettre
en place la réforme dans le diocèse.
On y forme des nouveaux prêtres, dans la volonté de l'Eglise de l'époque.
En 1520, les idées de Luther percent. Ils ont le soutien de Margueritte d'Angoulême,
sur de François Ier. Clément Maraud tourne autour du petit groupe
aussi, Rabelais lui-même va s'y
intéresser.
Dès 1525, le groupe de Maux va être accusé d'hérésie. En 1526, le parlement français interdira
la lecture en français de la Bible.
c. Les cas espagnols
Les rois catholiques avaient convoqué des conciles nationaux où on
discutait des problèmes de la réforme. Cisneros, archevêque de Tolède va diriger la réforme, développer un bon
clergé, créer une université, développer l'Inquisition, pourchasser des érasmiens,
des sorciers, sous la direction de l'Etat. La Réforme ne passera pas en Espagne. L'Eglise
a répondu aux besoins du peuple. dès 1510-20, à plus Réforme ; -)
d. Les réguliers.
Depuis longtemps, on parle de réforme, la stricte observance de la règle
qui est souvent très austère.
Elle se résume à un retour à l'obéissance à l'Abbaye, rétablissement de
la discipline religieuse, retour à une organisation en chapitre. On voit se multiplier
les monastères. en 1350 - 100 chartreuses, en 1500 - 200. Il y des réformes chez les Franciscains, les Dominicains. Les couvents sont pleins. Ils
ont l'avantage de parler un langage simple, une popularité.
Cela traduit une volonté de réforme vers le peuple.
e. Le concile.
Le Pape aurait pu réunir un grand concile à Rome et on discuterait des
problèmes de l'Eglise. Mais le pape en avait un mauvais souvenir : le grand schisme
d'orient. On avait réuni un concile pour voter un nouveau pape et on a démit les trois
papes, ce qui montra que le concile est au-dessus du pape. Il faudra l'imposer au Pape.
En 1512, il y a les cinq conciles de Latran à Rome. Le pape parle de réforme dans les têtes et les membres de
l'Eglise. Mais on parle plus qu'on ne fait.
Au début du XVIe, un christianisme
populaire s'est développé, la demande est forte en réforme théologique. La première
grande Réforme, la première solution, c'est Luther et les protestants.
II] Luther et la réforme en Allemagne
1) L'homme
Il est né en 1483 à Eisleben. Un jour d'orage, il fait vux
de rentrer chez les augustins s'il s'en sort. Luther est angoissé par son propre salut.
Il devient prêtre et professeur de théologie à Wittenberg. Il est envoyé à Rome par son supérieur pour la réforme de l'ordre
augustin. La, il découvre la vie peu recommandable des cardinaux et de s papes. En 1512,
il a une révélation chap1,
verset 17 de l'épître romain de Saint-Paul : " le juste vivra par la foi".
Seule compte alors la grâce de dieu ; l'homme est pécheur dès sa naissance. Dieu est
là pour envoyer sa grâce à ceux qu'il veut sauver et qui ont foi à prédestination. Il n'y a pas chez Luther de
libre arbitre : tout est dans le nouveau testament.
A un moment il ne peut plus se taire et commence à publier des commentaires
sur l'épître de St Paul. En 1517, il envoie à Wittenberg 95
propositions concernant la foi, les indulgences. Il défend
ses opinions devant l'université. Ca va mettre les feux. Les universités de Paris et les
autres condamnent les propos de Luther. En 1520, le 15 juin, Léon
X condamne Luther et lui donne deux mois pour revenir sur ses
idées.
Charles Quint s'en mêle en temps que suzerain de Luther. On brûle ses
uvres. Le 11 décembre 1520, il brûle la bulle pontificale qui l'excommuniait. La
rupture à mis quatre ans et porte essentiellement sur la théologie.
2) Une nouvelle théologie
En 1520 il publie quatre ouvrages, les grands récits réformateurs : de la liberté du chrétien. La
foi seule sauve, mais l'homme n'étant pas libre ne peut choisir entre le bien et le mal.
Erasme lui répond par du libre arbitre. L'humanisme se casse les dents sur
Luther. Il rejette le culte des reliques, des saints, qui ne sont que superstitions. Il
publie une bible complète en 1534. Dans d'autres ouvrages, il s'attaque aux sept
sacrements. Dans l'évangile il y en deux : le baptême et la cène. Il
en modifie le sens : le baptême permet de recevoir la grâce de Dieu et non de laver le
péché originel. La cène est chez les catholiques pain=corps, vin=sang. Il y transsubstantiation. Chez les protestants il
y a consubstantiation : le dieu
est présent avec mais le pain reste le pain, le vin du vin.
Charles Quint convoque Luther a Worms en 1521 pour qu'il s'explique. On
discute et Luther reste ferme. Luther est mit au ban de l'empire. Il sera sauvé par Frédéric le Sage, Electeur de Saxe qui
"l'enlève" et lui offre l'hospitalité. Luther va se marier, fait des enfants,
mange bien, boit, jure. Il meurt en 1547 à Eisleben.
L'Eglise va rejeter Luther, mais des villes entières vont passer à la
Réforme. A Zurich le prêtre Zwingli prêche la Réforme et en 1523, elle devient la première ville
protestante. Les biens de l'Eglise vont être sécularisés et en 1525 on interdit la
messe catholique. La Suisse va se partager : Bâle, Berne à protestant
Urie, Lucerne à Catholique.
3) Une nouvelle
Eglise.
Luther a réformé l'Eglise protestante en Saxe.
Il organise la messe allemande. Le culte se limite au sermon ; les pasteurs instruisent et
font chanter les psaumes, donne la communion. La confession n'est pas obligatoire, il n'y
a plus de curé ni de prêtre. Tout le monde peut devenir pasteur. Luther sera le premier
à écrire des catéchismes.
Luther n'est ni révolutionnaire, ni tolérant. Il donne aux princes
l'autorité sur l'Eglise. Il n'y a pas de voie au delà de la réforme de Luther.
Autour de T. Müntzer se créent les Anabaptistes qui mettent en avant le baptême des adultes, l'anarchie, remise en cause
des autorités traditionnelles. En 1524-25, révolte paysanne qui a été massacrée avec
la bénédiction de Luther.
En 1529, six princes et quatorze villes indépendantes à Spire protestent officiellement contre les
lois de Charles Quint.
Le protestantisme n'est pas homogène. Bucer tente de concilier Luther et
Zwingli. On s'aperçoit qu'on ne peut les mettre en accord. Il y aura donc des divergences
importantes. Suisses et protestants se mettent en guerre ; Zwingli sera tué. Strasbourg
avec Bucer sera luthérien mais un peu différents. Il y aura des régions zwingliennes.
III] En Angleterre et France
Henri VIII, est défenseur de la foi. Il est
marié à Catherine D'Aragon et demande le divorce. Le pape refuse. Henri VIII rompt avec
le pape en 1534 et se fait proclamer chef de l'Eglise. Il y aura révolte des catholiques.
Edouard VI va pencher du côté
protestant, interdit les processions catholiques et fait adopter dans toutes les églises
le book of common priers.
La Réforme en Angleterre va être complexe suivant les rois. Marie Tudor pourchasse les hérétiques
protestants, particulièrement les écossais. Elisabeth I est furieusement protestante, revient à la réforme, exige un serment à
l'Eglise protestante et fait publier 39 articles protestants. Le décor est catholique
(prêtre église etc.) mais la théologie est protestante.
1) En France et à Genève.
Jean Calvin est
né en 1509 en Picardie. Il fait des études de droit, fréquente les humanistes. Calvin
s'affirme protestant. Il se réfugie à Bâle et en 1536 il publie l'institution de la religion chrétienne.
Jean Dulmeau : naissance et affirmation de la réforme.
Calvin affirme un goût pour les écritures saintes. Un pessimiste accrue sur
la condition de l'Homme : l'homme est destiné dès la naissance, la foi n'est
qu'un signe extérieur.
En passant par Genève, il est retenu par Farrell qui lui demande de réformer la ville. En 1536, ils interdisent la messe
catholique, font de la ville un symbole de la Réforme version Calvin. Calvin y mourra
1564. Pour former les pasteurs, on crée l'Académie. Calvin n'est pas un tendre. 1553 Michel Servet est brûlé pour avoir
contester la Sainte Trinité. La réforme calviniste = reste de la Suisse, Hongrie,
Pologne, une partie de l'Allemagne.
2) La France.
Dès 1520, il y a des sympathies pour le protestantisme Luthérien puis
Calviniste. Une église s'organise, les protestants se réunissent, lisent l'écriture
sainte. Longtemps ils continuent par fréquenter l'église catholique. Mais les choses
vont s'organiser autour de Calvin qui envoie des pasteurs dès 1555.
L'apogée se situe vers 1560-2 : 670 églises dressées avec peut-être 2
millions de protestants.
Qui sont-ils ? Plutôt des urbains : Rouen, Paris, Lyon, Montpellier, avec
une forte présence Méridionale. Le bastion est la France du Midi. Il y a des régions
peu touchées : Bretagne. Il y a 60% d'artisans dans un monde essentiellement paysans ; 3%
de paysans seulement. Parmi les hérétiques chassés dès 1560, beaucoup sont dans les
élites, chez des gens qui ont la capacité de réflexion et d'information. Les élites
étaient aussi en crainte pour leur salut. La conversion des nobles fut un fort soutien.
Peu à peu se développe une communauté Huguenote. Il y a une structure
pyramidale, presque démocratique. Les temples se dressent, très sobre formé autour de
la chaire. On lit la bible en famille à alphabétisation. Il y a quatre scènes
par an, seulement si on en est digne --> le méreau.
On peu repérer les familles protestantes par
des prénoms bibliques : Judith Ibrahim à ancien testament. On interdit la danse, le
blasphème, le juron.
Vers
1560-65, avant les guerres de religion, il est clair que la réforme protestante a
réussi. Les deux grandes familles :
Luther = Allemagne, Baltique, Scandinavie ;
Calvin = Palatinat allemand, la Suisse, l'Angleterre, les Pays-Bas et la France.
Texte établi à partir d'un cours de faculté
suivi en 1997-8
Grands Mercis au professeur !
Mise à jour du : 15/04/99 20:21