CHAP 2... Les grandes découvertes
Entre 1450 et 1600, les navires européens partent à la découverte du monde. Pierre Chaunu parle de "désenclavement planétaire". Le monde est pensé pour la première fois comme un tout, au profit des européens.
I] Pourquoi les grandes découvertes
Les causes sont multiples, complexes, et elles ont
joué un effet cumulatif.
- recherche de la gloire, de l'or, de la
conversion.
- les moyens : la caravelle.
1) Causes
politiques, religieuses et psychologique
La reconquête sur le monde musulman d'Europe entraîne un gain
d'activité pour la conversion. Le prince portugais Henri le
navigateur (1393-1460), recherchait le royaume du
prêtre Jean en Afrique, vieux
mythe médiéval. Il crée au cap Saint-Vincent, à Sagres, une école de navigation ou il rassemble marins, mathématiciens et
astronomes, et lance des explorations. Les Portugais sont les premiers grands
explorateurs. Ils en lancent en Afrique; Cap Vert (1445),
cap de Bonne Espérance (1488).
Pendant une bonne moitié du XVe, ils
font la découverte de l'Afrique.
On pense aussi que ces expéditions seraient un bon moyen de limiter la
démographie, et les violences des cadets mis en chômage depuis la prise de Grenade en 1492
aux turcs et la fin de la Reconquista. Parmi ceux qui vont fournir les marins, on trouve des miséreux, tous
ceux qui se croient "fils de quelqu'un", anoblis par l'idéal chevaleresque de
l'expédition, nourris par les livres nombreux de ce genre Amadis de Gaule. Ils
pensent trouver châteaux, dragons et princesses.
Les marins sont
agités par la curiosité, la recherche d'îles enchantées dans les Antilles. En voyant Mexico, Cortes croit voir les choses d'enchantements du livre d'Amadis. C'est le
fabuleux des mythes : Eldorado, Royaume des Amazones, Paradis sur Terre. Marco Polo en racontant ses voyages a nourri
aussi ces colons. Quand Christophe Colomb arrive
en Amérique, il se croit en Chine. A Cuba, il envoie une ambassade au grand Khan ! Les savants et humanistes sont
désireux d'éprouver les méthodes des jeunes sciences.
2)
Les causes économiques
Dans l'atmosphère
de dynamisme de la période, on cherche de nouveaux champs d'action et de nouvelles
sources de profits. Les historiens matérialistes ont insisté sur le manque de métal
précieux en Europe, à cause du fort commerce méditerranéen : il faut de l'or pour
irriguer les flux économiques. En Afrique, on ne trouve pas grand chose, et le reste de la Méditerranée orientale
est conquis par les Turcs. Le Soudan, tous ce qui est au-dessus du Sahara, est une espérance. On recherche de
l'ivoire, des esclaves, le faux poivre la malaguette.
Le commerce avec
les turcs étant en fait ordinaire avec les capitulations de
commerce qui permettaient de faibles taxes, la conquête des
épices n'était pas une phobie en soi.
Ce qui meut les
expéditions est la crise de sous-consommation, faute de colorants pour le textile, de produits de base (poisson).
Surtout, la soif de l'or,
vieille comme le monde.
La conquête est
vécue comme une organisation économique familiale, ils sont entourés de plusieurs
membres de leur famille, les commandants sont des fidèles de l'entrepreneur le Caodibio
(?) qui fournit le matériel divisé en part d'action. Le territoire conquis sera
divisé en seigneuries encomienda (?) droit d'autorité sur les peuples
vaincus : les gens espèrent mieux vivre en Amérique. Le système de plantation existait déjà dans le sud de l'Espagne et on l'exporte aux Amériques.
Beaucoup des entrepreneurs faisaient déjà du commerce avec les
musulmans, cela était juste un nouveau champ d'investigation.
3)
Les progrès techniques
Les instruments de
la découverte malgré les perfectionnements restent rudimentaires.
a. Le bateau
La jonque, la
pirogue ne permettent pas d'affronter la houle. La galère, trop basse sur l'eau ne
résiste pas à la houle océanique. Le bateau à quille avec le gouvernail d'étambot du
XIIIe est une découverte. L'instrument de trafic
est le vaisseau.
La merveille pour
l'exploration est la caravelle,
bateau rond à voile latine, petit navire de 130 à 150 tonneaux.
b. La navigation
Ces vagues de
conquêtes ont été possible grâce au progrès
des géographes : connaissance des alizés qui permettent la découverte des
routes les plus rapides,
de l'évolution de l'astronomie :
perfectionnement des tables de déclinaison et de l'astrolabe.
La géographie est
celle de Ptolémée, qui
montrait que la Terre était ronde, mais l'avait conçue beaucoup plus petite qu'en
réalité.
Mais les
expéditions restent une aventure : on navigue à l'estime : marinette (aiguille
aimantée), boussole fixe XIIIe Siècle,
astrolabe suivant la polaire problème en passant l'équateur. On maîtrise la
latitude, mais la longitude reste aléatoire. On navigue avec des portulans plus ou moins exact. En 1491,
Martin Behaim, géographe de Nuremberg construit le premier globe en
suivant la projection de Mercator.
II] Les découvertes
Ce sont une poignée de gens qui sont
partis et ont réussi à faire des conquêtes face à des peuples de niveaux de
civilisation fort différente mais avec des archaïsmes poussés. Ce qui frappe est la
réussite de ces centaines d'individus.
Combien d'habitants aux Amériques ? Entre 80 et 100 millions, avec
une population plus importante dans le sud.
1)
Les voyages portugais
Ils se sont lancés
dès le XIVe siècle avec en 1312 les Canaries et la conquête de Madère en 1341. On colonise
les îles volcaniques sans indigènes, puis dés 1415 avec la prise de Ceuta en Afrique du nord on descend la côte du Sahara Occidental en suivant les alizés :
système de la volta.
Golf de Guinée en 1450. Créations de comptoirs, zones relais, puis
installation commerciale. En 1482, ils rentrent en contact avec le roi du
Mani-Congo et échangent des ambassades. Ils vont aller jusqu'en Angola en 1480. L'homme le plus
célèbre est Vasco de Gama.
Dans le Zambique, ils font des
traités et font des métisses, les pombeiros ; il n'y a pas de racisme. On échange de l'or, des esclaves, de
l'ivoire. Les Portugais trouve largement de quoi se satisfaire.
Ensuite, la
recherche de la route des Indes avec Vasco de Gama qui commence son voyage à la fin du XVe,
en juillet 1497. Il touche Calicut en 1498. L'Océan Indien va devenir une chasse gardée et
les portugais garnissent la route de comptoirs, Calicut, Cochin, Goa.
Le commerce de
l'Océan Indien était à l'origine propriété des chinois et des ottomans... Mais les
Portugais ont une politique habile.
Cabrale, lors d'une volta, se serait déporté et a découvert par hasard
le Brésil.
Le Portugal va avoir un destin fabuleux pour un
pays peu peuplé qui s'y est ruiné.
2)
Les espagnols
Christophe Colomb, génois établi à Lisbonne, avait proposé son projet aux Portugais qui ont refusé
catégoriquement, puis il demande au roi catholique. L'idée n'a pas trop convaincu alors
on ne met pas beaucoup d'argent: il n'y aura que trois bateaux. La couronne ne demandait
que 1/5 des profits. Colomb s'en
réservait 1/10 à lui tout seul. L'expédition part de Palos, le 3 août 1492. Il est associé à l'armateur Pinzon et à Juan
Nino. Ils ont une petite expédition d'une centaine d'hommes.
Le 11 octobre, on touche Haïti après seulement deux mois de navigation. La Santa Maria va couler. Le
retour est moins rapide à partir de janvier 1493.
Colomb est certain d'avoir trouvé la route de l'Asie. Il va faire encore trois
voyages, 1493, 1498, 1502. Ce n'est que lors du
dernier qu'il touche le continent. Assez rapidement, on se mit à douter qu'il ait trouvé
l'Asie, ses rapports ne correspondant pas avec ceux de Marco
Polo. Dès 1503, on parle d'Amérique par rapport à Amerigo Vespucci.
D'autres ont
continué les découvertes. On parle d'Indes Occidentales et d'Indes Orientales. Les
Espagnols sont déçus et les Portugais triomphent. On va chercher longtemps un passage
par le nord-ouest vers la Chine.
Dés 1520,
on avait reconnu la plus part des côtes américaines, les espagnols commencent
l'établissement de villes comme Panama, puis se lance dans la conquête : Pérou. En 1540, le temps des découvertes est à peu près clos.
3)
Le monopole espagnol
C'est une vieille
idée que les terres découvertes sont propriétés des découvreurs. Dès le XIIe le pape avait expliqué qu'en marchant sur la mer, St Pierre donnait droit au pape de diriger le monde. Il prend des bulles et
reconnaît les colonies portugaises et espagnoles. En 1494 le traité de Tordesillas permet de faire le
point.
Magellan, portugais passé sous Charles Quint en
Espagne, part en 1519 de la côte espagnole vers le Brésil, il atteint le détroit de Magellan
en 1521 et passe dans le Pacifique, atteint les Philippines au printemps où il est tué par des indigènes. Elcado prend le commandement et bourre le
seul bateau d'épices et arrive à échapper au portugais. Il arrive avec vingt marins sur
deux cents. Le voyage aura duré trois ans. On demande au pape une nouvelle limite et pour
350 000 ducats le Portugal achète le traité de Saragosse en 1529. Reste le problème des Philippines, normalement aux Portugais. Deux
fois par ans, les Espagnols auront autorisation de prendre des épices avec le Galion de Manille.
Tous ce grand
commerce va intéresser les autres : François Ier déclare en 1540 que
le soleil luit pour tout le monde. On envoie une expédition, celle de Jaques Cartier vers le Canada. En remontant le Canada, il pense
trouver la Chine
intéressante pour la forte présence d'hommes et la possibilité de commerce. Il prend Montréal pour le roi de France. Les
Français tentent le coup au Brésil, avec un rêve protestant de colonie. Les Portugais ne sont pas d'accord.
Tentatives sur la Floride, mais
là ils se heurtent aux Castillans.
Les marchands de Bristol et de Londres ont longtemps soutenu les expéditions étrangères. John Cabot, italien au service des Anglais,
se tente autour du Labrador. Il s'installe à Terre-Neuve. En 1555 on crée à Londres la compagnie de Moscou qui
traite avec le duché de Russie. Les anglais vont se doter de corsaires célèbres : Cavendish, Francis
Drake qui fera le tour du monde en 1577.
C'est
l'extraordinaire de ces expéditions lancées à la conquête du monde.
III] La constitution des empires
1)
L'Amérique espagnole
Les rois catholiques travaillent pour dieu et veulent convertir,
mais recommandent les mariages mixes. L'esclavage n'est pas autorisé, les indigènes sont
libres ; il faut juste les convertir. Le drame, c'est que vu de Madrid, le cur est
bon mais chez les conquistadores, on veut de l'or, des terres et du pouvoir. Il y a donc
divorce entre les idéaux et la réalité. L'asservissement va se faire car il est
indispensable aux yeux des colons.
L'empire aztèque conquis entre 1519-1522, se solde avec la prise de Mexico et l'asservissement de la population.
Les Espagnols constituent la Nouvelle-Espagne en 1522. Les Incas sont touchés par Pizarro en 1522. La conquête commence
en 1532 et va se poursuivre pendant trente ans. Les Incas sont à l'âge de
bronze. Ils vont fournir 88 mètres cubes d'or.
Les rois veillent
à une organisation rationnelle des conquêtes. L'organisme qui gère sied à Séville : Casa
de contratacion, crée en 1503. Elle
obtient le monopole du commerce avec l'Amérique. Elle prélève 1/5 des profits pour les
rois. Elle a un rôle administratif : sur place, on crée des vices rois en la
Nouvelle-Espagne qui a pour capitale Mexico et la Nouvelle-Castille avec Lima. L'unité administrative de base est l'audiencia ; il y en a neuf à la fin du XVIe, douze à la fin du XVIIe. Le système de base
et l'asservissement sur un système féodal. C'est une conquête faite par la Castille pour les Castillans.
La population
locale va vite être décimée : aux Antilles, à l'arrivée de colons, ils sont 50 000. Trente ans plus tard seulement
10 000. C'est un choc microbien qui a décimé ces populations. Les colons blancs ne sont
que 30 000 au début du XVIe. On peut ajouter 100 000 soldats. Il s'agit d'une conquête lente.
Les Indiens ne sont pas de bons esclaves, ils travaillent mal,
peu, et meurent facilement. Dès 1501, on amène des nègres.
Sur le reste du continent, il y a 50 à 60 millions d'indien à l'arrivée
des conquistadores, 15 millions en 1550, ils seront 9 millions à la fin du XVIe, La Casas va
voir Charles Quint et se plaint de la disparition de la
culture. Les religieux ont été les seuls à conserver la culture, à se soulever contre
les massacres.
L'évangélisation
progresse. Le pape a rappelé que les Indiens étaient des hommes et qu'on ne devait pas
les forcer. Il y des succès réels, mariage, monastère. Mais c'est une christianisation
de surface, il n'y a pas de pénétration. On crée des évêchés en 1511
à St-Domingue. Il y en aura quinze à la fin du
siècle. Les jésuites sont là et tenteront des rééducations, village d'indiens sans la
présence du conquistador. Il y a création d'une nouvelle civilisation.
Le stock d'or à
doublé avec celui des Antilles
et du Mexique. On y ajoutera
l'argent avec les mines du Potosi au Pérou et Zacatoca au Mexique. Les indigènes font le travail forcé de la mita.10 tonnes seront extraites en 1500,
40 à 50 tonnes par an en 1550, 300 tonnes en 1600. On assiste aussi à un
développement des élevages ovins et bovins qui prospèrent sur des terres vierges jamais
cultivées et on crée de grandes haciendas. On découvre des produits nouveaux : cacao,
pomme de terre, tomate.
Il semble que les
communautés indiennes sont restées en marges car on préfère les nègres, ils vivent en
communautés indépendantes du pouvoir.
2)
L'empire portugais
C'est un ensemble de
89 mille km2.
L'ensemble brésilien restera longtemps en marge et ne
servira que de réserve de bois. Les indiens ont la sarbacane agile, la végétation y est
difficile, il y des cannibales on leur donne des nègres. Les missionnaires ont
été effrayés mais on christianisé. Début du mythe du bon sauvage
qui vivent en accord avec la nature en prend un coup.
Texte établi à partir d'un cours de faculté
suivi en 1997-8
Grands Mercis au professeur !
Mise à jour du : 15/04/99 19:06