Apprendre les hiéroglyphes égyptiens
Dictionnaire des hiéroglyphes Ancien Egyptien
Hieroglyphs dictionay of Ancient Egyptian

CHAP 7... L'Europe corolingienne, culture et religion

 

Précédent Sommaire Suivant

 

   Pour la première fois, on assiste à la mise en ouvre d'un programme politique, économique et religieux.
Cette renaissance à une limite sociale : elle ne répond qu'au besoin d'un petit groupe. Aussi, ces réformes manque d'un arrière plan urbain. La culture carolingienne est essentiellement monastique et donc rurale. Finalement, l'ambiguïté des institutions franques finit par limiter la force politique sur la longue durée.
   Il n'empêche que la réforme a un impact sur tout l'occident. Grâce à celle-ci, on commence à distinguer une aire culturelle occidentale cohérente et homogène basée sur une mentalité chrétienne. Il faut se souvenir des liens étroits entre religion et politique qui donnent une nouvelle dimension aux réformes.
   Cette renaissance va aussi poser les bases de l'outillage intellectuel et artistique du monde carolingien ; elle contribue fondamentalement a définir le bagage culturel et religieux minimal de l'occident futur.
   Cette Renaissance religieuse, législative et culturelle prend trois grandes orientations :
              
+ Une volonté de discipliner et hiérarchiser l'espace ecclésiastique avec des critères clairs et uniformes,
               + La volonté d'atteindre l'objectif avec des instruments de la culture, un encadrement nouveau pour la société.
               + Il faut aussi voir les effets au quotidien sur les masses populaires.

 

 

I] La société ecclésiastique : une structure hiérarchisée.


         1) Evêques et archevêques ; entre l'Eglise et l'Etat.
   St Boniface est appuyé par le pouvoir carolingien et par l'évêque de Rome dans ses réformes. Se réunissent donc des synodes généraux qui devrait amender la discipline de l'Eglise. Il en ressort l'idée que le niveau culturel et moral des clercs est fondamental pour l'évangélisation. On remarquera au passage un basculement des intérêts vers le nord.
   De ces tentatives de St Boniface, on peut voir deux objectifs : rétablir une hiérarchie en renforçant le rôle des métropolitains sur les évêques et mieux définir les évêchés sur le terrain surtout en Germanie et en Saxe.
   On assiste dès alors à une expansion européenne du réseau épiscopale, surtout vers le nord, sous Charlemagne, et Charles le Chauve. Ex: Salzbourg est un évêché en 739 ; fin VIIIe, il devient une métropole ecclésiastique avec un archevêché. Cela donne un empire divisé en une vingtaine d'archevêchés où l'on peut recruter des missi dominici.
   Il y a un net encadrement régional voulu par le pouvoir politique, auquel il faut ajouter deux autres facteurs de la stabilité :
               + Les synodes épiscopaux. Leur pouvoir de délibération ne concerne pas seulement la morale chrétienne ; ils peuvent légiférer en matières politiques. Ce lien a aussi des effets inverses avec des capitulaires qui interviennent dans la sphère religieuse.
               + Recours au droit canon : sous les carolingiens, commencent à être recueillis des textes de droit canon. Ce sont des décisions ecclésiastiques qui prennent valeurs juridiques. Ces recueils sont distribués dans l'ensemble du monde chrétien. Ex : les libri carolini.
   On commence à remarquer l'essor de débats théologiques, sur la prédestination. Cela montre un développement culturel de l'Eglise d'Occident.

         2) La naissance d'un monachisme impérial
   Il s'appuie sur une règle unique : celle de St Benoît. L'autorité des monastères était auparavant commandée par l'autorité royale mais une coopération entre la politique représentée par Louis le Pieux et la religion représentée par l'abbé Benoît d'Aniane va avoir des répercussions importantes. On les connaît par des synodes et des capitulaires. Elle va engendrer deux réformes, l'une monastique et l'autre canoniales.

a. La réforme monastique
   Le but est d'homogénéiser et d'harmoniser les règles et les liturgies. En 816 se tiennent deux grands conciles à Aix-la-Chapelle ; en 817 est établit un capitulaire monastique. Dans les deux cas, on insiste sur la généralisation de la règle de St Benoît. Dès son origine, cette règle insiste sur le contrôle par les évêques des monastères, ce qui intéresse les carolingiens.
   La reprise de l'ancienne règle par Benoît d'Aniane, répond aux changements culturels, géographiques et politiques. Il y a une redéfinition du travail des moines, avec une part accrue du travail manuel, et une mise en valeur des travaux liturgiques. D'un point de vue géographique, avec l'expansion des monastères septentrionaux, on accorde l'utilisation du gras animal...       Finalement, la réactualisation voit la présence d'une nouvelle figure : l'abbé laïc. Il fait office de pont entre le monde politique et le monde religieux. Il est nommé pour régler tous les problèmes temporels du monastère (service militaire, hospitalité, finances).

b. La réforme canoniale
   Toujours en 816/7, sous l'impulsion des deux hommes, on met en place une règle pour les chanoines (clercs qui entourent l'évêque). Cette vie en commun, on veut la définir au mieux. A la base il y a l'idée d'une pauvreté collective, avec des repas et des dortoirs en commun.
   Leur règle reprend une tentative de 754, sous Chrodegang. On en trouve le modèle toujours dans la règle de St Benoît, mais elle est moins contraignante ; les abbayes qui trouvent la règle de St Benoît trop dure vont devenir des abbayes de chanoines.

         3) L'essor des paroisses
   Encore dans des capitulaires, entre 765 et 779, vont établir l'obligation des fidèles à payer la dîme en faveur de l'Eglise paroissiale. Une partie revient à l'évêque, une autre aux clercs, une dernière aux bâtiments ; dans certains cas on distribue une part aux pauvres.
   Sous les carolingiens, il y a une stabilisation de la géographie de ces paroisses. Le diocèse de Coire comprend 230 paroisses. Pour certaines églises paroissiales se développe un double contrôle, l'un ecclésiastique : celui de l'évêque, l'autre laïc : celui du fondateur du monastère.
   Ici aussi, on dénote une volonté de renforcer l'éducation des prêtres, ministres du culte. On l'évalue par des questionnaires. On ne demande pas beaucoup, juste le minimum.

 

 

II] Les renouveau de la culture


   Cette réforme culturelle, royale, épiscopale et politique apporte une culture de base aux élites pour une bonne partie du Moyen Age.

         1) Les buts : comprendre, préserver et rénover.
   Premier objectif, l'idée nouvelle de l'instruction. On veut dépasser le cadre d'un devoir religieux pour atteindre celui d'un moyen de gouvernement (administration et politique). On le remarque dans un capitulaire de 789 : l'Admonition.
   Par cette réforme il faut renforcer le bagage culturel des clercs et le rendre uniforme. A la base de cette connaissance, les textes latins qu'il faut connaître, car indispensable pour le service de Dieu. Il ne s'agit certainement pas d'un programme d'éducation humaniste.
   Lire et chanter pour la liturgie ; la grammaire pour lire et comprendre la Bible, l'arithmétique et l'astronomie pour calculer les fêtes mobiles comme Pâques. Ce sont donc des buts religieux qui sont mis en avant.
   Pourtant, on remarque que ce programme dépasse une simple culture chrétienne : il va prendre en compte des textes d'auteurs anciens. Cela préserve une partie des acquis gréco-romains et donne des fondements à une instruction administrative.
   On peut penser à une culture de la copie plus que de l'innovation ; il n'y a que de rares intellectuels qui traduisent le grec.

         2) Les moyens : écoles, scriptora et liturgie.
   Les écoles ont tendance à augmenter. On en voit trois genres différents, mais toutes ecclésiastiques. Il y a les écoles monastiques (St Gall), les écoles épiscopales et les écoles paroissiales : on y apprend à lire le latin pour les futurs clerc de paroisses. Ces institutions sont avant tout ecclésiastiques pour des ecclésiastiques. Mais une bonne partie des administrateurs proviennent de l'Eglise également !
   On voit bien les liens entre les Carolingiens et l'essor de l'écrit. Pour la première fois, on voit le développement de centre de copie et de la production écrite. Cette éclosion est due à des catalogues de bibliothèques de monastères. Egalement, on note un essor de la qualité : ils nous sont parvenus 1 800 manuscrits pour les VIIe et le VIIIe siècle, 7 000 pour le seul IXe. Ces monastères se situent avant tout au Nord de l'empire carolingien. Avant toute recopie, on fait des comparaisons de manuscrits pour choisir la meilleure. On en fait alors plusieurs copies que l'on expédie à d'autres monastères.
   Les livres sont coûteux. Indiscutablement, on copie de plus en plus. On les relie. La minuscule carolingienne apparaît à
Corbie. Les livres sont souvent accompagnés d'enluminure.
   Il y a une véritable volonté d'unification carolingienne. Jusqu'à Pépin, il n'y a pas de liturgie précise. C'est sous Charlemagne que la liturgie, le chant et la récitation sont mis en commun. Au départ de Charlemagne, il y a de grandes différences de cultures dans les régions. Malgré cela, il est le premier à choisir comme stratégie culturelle le développement autour d'un centre : la cour de Charlemagne.

         3) Les lieux et les hommes.
a. La cour
   Alcuin, anglais, arrive à la cour de Charlemagne. Il est le principal extenseur des capitulaires ; c'est un des plus importants idéologues. On remarque aussi la présence d'intellectuels italiens, wisigoths, et goths.
   Ils se retrouvent tous à la cour de Charlemagne qui agit comme un raccord culturel. Ces gens ont des activités didactiques, littéraires mais aussi politiques et administratives. Ce sont eux qui vont développer les capitulaires.
   Après Charlemagne, la cour va perdre de son brillant...

b. une culture monastique
   Des réseaux monastiques permettent la diffusion de la culture en la coordonnant entre la cour de Charlemagne et les monastères.
   Grâce à ces coordinations monastiques, la culture circule à un niveau européen : prêt de livre. Les libri memoriales contiennent les grands personnages d'une région pour lesquels les moines doivent prier.

c. Les apports laïcs
   Comment se situent les comtes et les vassaux royaux dans cette culture ? Les livres, les lisent-ils ou ils écoutent ?
   On a parfois l'impression qu'une culture laïque peut exister avec des pédagogies pour les princes (miroir des princes). Mais on a aussi des sources concrètes : testament du comte de Macon avec la liste des livres de sa bibliothèque (psautiers, bible, commentaires, œuvres d'intellectuels, droit et histoire).

   Mais cette renaissance culturelle reste l'affaire d'une élite.

 

 

III] Religion et cultures populaires.


   A ce moment, la sensibilité religieuse semble avoir deux traits majeurs : le ritualisme avec des gestes, et une culture individualiste. Comment réussi la christianisation approfondie des masses ?

         1) Les rapports entre Eglise et fidèles.
   La religiosité est importante : volonté de rendre obligatoire le repos du dimanche ainsi que la messe dominicale ; la pénitence reste publique, mais avec un essor des pénitentiels privés. Les péchés pénitenciers et la communion des fidèles demeurent une priorité.
   Ce sont autant d'indices d'une distance qui s'accroît. La religion devient plus importante chez les clercs que chez les fidèles. Leur niveau de christianisation est donc limité.
   Les masses paysannes se contentent de pratiques minimales : les rituels et la liturgie.

         2) Les saints et les anges
   On remarque une diffusion évidente des reliques, des fêtes religieuses. Il y a une régionalisation des cultes et une multiplication des saints : le processus de canonisation n'existent pas. Le concile de 794, interdit le culte à des saints nouveaux. On interdira aussi le culte des anges nouveaux.
   C'est à ce moment là que se développe le pèlerinage vers St Jacques de Compostelle.
   L'Eglise s'efforce de christianiser les principaux axes de la vie : on développe les rites, on augmente les reliques. On se rend compte de cette volonté de besoins sacrés avec les morts.

         3) La christianisation des morts
   La sépulture des morts se trouve au village, au milieu des vivants. Les églises paroissiales sont entourées de mort. Les morts les plus importants pénètrent même dans l'Eglise. On commence à développer l'extrême onction. Signe supplémentaire de l'intégration dans la vie quotidienne.
   Après la mort, on demande aux prêtres de prier pour soi, d'où l'essor des libri memoriales.

Texte établi à partir d'un cours de faculté en 1998-9
Grands Mercis au professeur

Précédent Sommaire Suivant


Mise à jour du : 25/04/99


cliohist.net ©