CHAP 9... La genèse de l'Etat moderne
C'est la formation d'un Etat qui ressemble à notre Etat actuel. On a vu jusque là le roi et son gouvernement utilisant les moyens féodaux pour établir leur pouvoir. Mais indiscutablement, on note un approfondissement des moyens propres de l'Etat : fiscalité, armée, fonction publique.
I] De Philippe le Bel à Louis XI : histoire politique
Au début du XIVe, avec la date fétiche de 1328,
on note un changement dynastique qui affirme le passage de la royauté des Capétiens aux Valois. Une conséquence en sera la guerre de Cent
ans qui contribue à modifier la place de l'Etat dans les
structures : la guerre rend nécessaire une réserve financière pour payer des
spécialistes de la guerre, engendrant un poids nouveau de l'Etat sur son royaume.
La guerre qui a lieu sur le royaume développe des modifications
sociales et économiques : les bandes armées qui vivent sur le territoire.
A/ De Courtrai à Crécy : les limites de l'expansion royale et les causes de la guerre de cent ans.
Avant le début de cette guerre, le pouvoir royal est en pleine expansion entre Saint Louis et Philippe
le Bel. Il continue à se renforcer dans sa géographie et
son prestige. Pour la géographie, il y a encore de nouvelles terres à être intégrées
dans le domaine 1284 : Champagne. Fin XIIIe, les terres de mouvance sont reculées aux marges du
royaume : Bretagne etc...
En 1303, une ordonnance décide que la
langue utilisée pour les textes officiels sera le français.
1) Renforcement du prestige international
Il se fait surtout par rapport au mode ecclésiastique et à la papauté. Deux
cas exemplaires : les templiers et les rapports entre Philippe
Le Bel et Boniface VIII.
Les templiers jusqu'à fin
XIIIe avait la haute main sur le trésor royal stocké dans la maison du temple. Le
procès des templiers, en partie fabriqué de toute pièce se termine en 1310
par la liquidation de l'ordre. Un des buts : récupérer le contrôle du trésor royal.
Dès lors, celui-ci sera aux mains du gouvernement royal.
1296-1303 : C'est un
problème de fiscalité et d'impôt. C'est la taxe extraordinaire au profit de la croisade
: la décime. Cette taxe
devait toucher le clergé également, entraînant la réplique de la papauté qui s'est
habitué à agir en tant que pouvoir politique. C'est pourquoi Boniface VIII refuse cette idée de contrôle
du clergé.
On réunit les trois Etats pour la première fois pour acquérir une
légitimité. Boniface répond par une bulle : "unam sanctam" en 1302,
excommuniant Philippe le Bel.
S'en suit des discussions diplomatiques qui aboutissent sur une volonté de Philippe le
Bel de s'émanciper du pouvoir pontifical. L'autonomie de la papauté va alors diminuer au
cours du XIVe siècle, chaque roi intervenant dans son royaume sur son clergé. On parle du
début d'un gallicanisme royal.
Mais des limites à ce renforcement
du pouvoir royal.
Courtrai est le lieu d'une bataille en 1302 entre l'armée
"officielle" du royaume, et de l'autre côté l'infanterie des villes de Flandre. Elle vit une étonnante défaite de
la chevalerie noble. Philippe voulait intervenir dans le choix du nouveau comte de
Flandre.
1314-1315 : les nobles vont se révolter
dans les ligues nobiliaires. Comparable aux élites urbaines : on considère que le
royaume intervient de plus en plus dans leurs affaires notamment sur l'aspect fiscal.
2) Les causes de la guerre de cent ans
Le problème féodal des Plantagenêts demeure. En 1314, Philippe le Bel attaque le roi d'Angleterre
pour la Guyenne. Deuxième
attaque en 1336-7 qui voit des empiétements anglais sur le territoire
royal, avec le refus d'accepter les prérogatives suzeraines du roi de France pour la
Gascogne.
Mais des causes dynastiques dues au changement de dynastie aussi :
Mort de Louis X en 1316 sans fils : la
couronne passe à ses frères Philippe V et Charles IV.
Mort de Charles IV en 1328 sans frère
ni fils. Par la sur, le royaume de France reviendrait aux Anglais. On prend alors
une décision politique d'exclure les descendants par voie féminine et de donner
la couronne à une nouvelle branche cousine : Philippe VI. On aurait autant pu transmettre le royaume à l'Angleterre.
3) La guerre de cent ans
Elle commence avec des défaites françaises comme à Crécy ou l'armée de chevaliers nobles se
fait battre par une armée plus professionnelle engageant notamment des auxiliaires
archers.
Jusque là, le royaume de France était de plus en plus contrôler
par le gouvernement royal. 1328 voit la mise en écrit de l'Etat des
paroisses et des feux. On voit un domaine royal qui contient au minimum 500 000 feux. Il
est beaucoup plus peuplé que le royaume anglais, richesse démographique qui va être
remis en cause par la guerre et la peste.
B/ De Crécy à Azincourt
C'est une suite de défaites royales et l'apparition d'une France polycentrique.
Mais il n'est toujours pas question de modifier les structures de l'armée. 1356
: bataille de Poitiers
reconduisant le massacre de Crécy. Le roi Jean le Bon est fait prisonnier. Une rançon faramineuse sera rendue. En 1357-8,
des troubles concentrés sur Paris et dans les campagnes alentours avec les Jacqueries.
Mais en 1360, le traité de Brétigny fait
apparaître une France divisée en trois : une France royale surtout au centre, France
anglaise, et France des principautés.
Fin XIVe siècle, un nouveau problème se pose au gouvernement
royal : Charles VI va
souffrir de crises de folie. Ce sont ses oncles qui vont gouverner la France, chacun se
taillant une principauté (Louis d'Anjou, Jean duc de Berry etc...). Entre ces gens des
conflits politiques, militaires, en forme de guerre civile dans un royaume en guerre
défavorable contre l'Angleterre !
Deux parties s'affrontent : les Orléans (partisans d'un Etat fort) et les Bourguignons (autour du duc de Bourgogne, une volonté d'autonomie des princes).
Début XV, les choses empirent : le duc de Bourgogne
assassine le duc d'Orléans, et chasse le roi. A Azincourt, en 1415, les nobles meurent et les Anglais sont
vainqueurs. Ils vont alors s'allier au duc de Bourgogne en achetant sa neutralité,
approchant ainsi de Paris.
Un Armagnac (Orléans) assassine le duc de Bourgogne ;
en 1420, traité de Troie par lequel le royaume semble passer aux mains des rois d'Angleterre : Henri V et Henri
VI.
C/ Les trois Frances aux prémices de l'Hexagone
Après le traité de Troie, cette division est évidente. La plus importante des trois est
l'anglaise avec le contrôle de la capitale. D'autres part la France princière avec avant
tout la principauté bourguignonne. Elle a la cour la plus rutilante et la plus renommée.
La France française est dirigée par Charles
VIII, le dauphin qui n'est pas sacré et ne contrôle pas
Paris. En 1421 sont mort Henri V et Charles VII.
Un sentiment royal fait son chemin dans les élites qui vont se souder derrière Charles
VII. On reprend les hostilités. En 1429 : siège et prise d'Orléans suivit
du sacre de Charles VII. En 1431 : Jeanne d'Arc est prisonnière et jugée
par les Anglais et les universitaires de Paris.
On voit alors un rapprochement entre le duc de Bourgogne et Charles VII
avec le traité d'Arras. En 1450,
la Normandie retourne à la
France ; la guerre de cent ans est terminée.
L'expansion politique du royaume n'en est pas terminée
: Louis XI rajoutant des
territoires aux domaines : Dauphine (1461), Bourgogne(1477), Anjou(1480),
Bretagne(1498).
II] L'évolution des institutions
A/ Les organes de gouvernement
1) L'Hôtel du roi
Il est composé des grands officiers
de cour (connétable, chambellier...). Se réunit un conseil du roi qui apparaît comme un
honneur politique. Les conseillers professionnels sont souvent des membres de
l'administration centrale ou territoriale.
2)
Administration centrale et territoriale
Elle se spécialise, se
professionnalise et se hiérarchise. A la fin du Moyen Age, il existe un milieu
d'officiers distinct des seigneurs et des notables urbains.
Mais qui compose ces administrations ?
Pour l'administration centrale : il existe quatre grands appareils :
La
Chancellerie : responsable de l'administration écrite, de la diplomatie ; c'est le
bras droit du roi. On y trouve le chancelier et une foule de notaire-secrétaires du roi.
La Trésorie :
La cour des comptes : elle contrôle la bonne gestion des comptes
fiscaux.
Le parlement : C'est parmi les parlementaires que l'on remarque un
milieu social autonome.
Pour l'administration territoriale le personnel est nombreux et
divers :
Baillis :
Sénéchaux :
Receveur :
récupérer les impôts royaux. Finances ordinaires
Elus : Finances
extraordinaires.
Les officiers prennent de plus en plus de pouvoir ; la carrière
administrative est prometteuse.
B/ La base du pouvoir royal : la fiscalité
Cette fiscalité se développe au XIVe siècle, à la fois dans ses
fonctions directes qu'indirectes. Le roi est un super seigneur devant vivre de son
domaine, sur des bases féodales et seigneuriales. De plus en plus, la fiscalité directe
ne suffit plus et on développe une fiscalité indirecte : développement des traites (taxes sur les marchandises au
passage du royaume), 1350-70 apparition de la gabelle du sel (production et vente).
L'impôt par répartition détermine une somme globale à percevoir
sur un ensemble. Cette taxe peut être personnelle (sur les hommes) ou réelle (sur les
terres). L'impôt de codité :
On trouve une légitimité à cette énorme fiscalité par la
réunion des assemblées des Etats qui se développe à l'échelle royale et provinciale.
Leur rôle principal est de discuter des impôts.
Au travers des Etats on remarque que la royauté se réfère à la
société politique des élites.
Les assemblés des Etats sont
convoqués par le Roi. De plus en plus, la politique royale est faite de confirmation et
de réformation.
Ces élites se modifient, avec l'essor d'une nouvelle voie administrative. Ce
milieu n'est pas fermé, sauf pour le parlement de Paris
Texte établi à partir d'un cours de faculté
en 1998-9
Grands Mercis au professeur
Mise à jour du : 25/04/99