Apprendre les hiéroglyphes égyptiens
Dictionnaire des hiéroglyphes Ancien Egyptien
Hieroglyphs dictionay of Ancient Egyptian

CHAP 7... Les renouveaux de la spiritualité au XIIIe siècle

 

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   Le regain de spiritualité est une des conséquences du renforcement politique, et dogmatique de l'Eglise et de la papauté. En regardant les aspects religieux, c'est au XIIe siècle, que l'obéissance à l'église voit l'hérésie considérée comme un crime de lèse-majesté. C'est ce qui explique les croisades internes contre les cathares.
   La répression oblige l'Eglise à rendre plus claire ses positions par rapport aux nombreuses autres formes de religiosité pour distinguer les hérétiques des orthodoxes.
   Il y aura d'une part les cathares et les vaudois, de l'autre les communautés religieuses.

   On a vu le renforcement du pape au XIIe siècle, et dans le même temps, l'augmentation du niveau de vie des masses rurales et urbaines. Face à ce double renforcement, va se poser dans ce monde occidental très chrétien, le problème de la sensibilité religieuse des laïcs.
   Avec la réussite de la réforme grégorienne, un fondement de la spiritualité est l'exaltation de la pauvreté avec l'essor des cisterciens. Mais de l'autre côté, on constate l'enrichissement des structures et des pratiques du pouvoir. Cette contradiction va déboucher au XIIe siècle à l'essor spontané de la religiosité de clercs et laïcs à la recherche des fondements véritables du christianisme.

 

 

I] La nouvelle religiosité du XIIe, entre orthodoxie et hérésie

   La base principale de ces nouvelles formes de religiosité n'est pas nouvelle. Encore une fois, comme pour les cisterciens ou les clunisiens, c'est la volonté d'un retour aux sources : la vie apostolique. Elle était censée représenter un modèle de moralité et de discipline, mais aussi l'occasion de vivre de manière active leurs besoins spirituels.
   On reproche alors au clergé traditionnel sa richesse et sa puissance. C'est pourquoi on tend vers la recherche de la pauvreté personnelle et le refus des liens politiques avec le monde. On va ainsi assister à un réveil des mouvements religieux, à la fois hérétiques et orthodoxes.
   Le premier courant poursuit un niveau spirituel, à partir des exigences de pureté apostolique et des paroles évangéliques. Le courant est formé de moines et de laïcs, et il propose de nouvelles formes de vie mais sans structure véritable
   Le deuxième courant est plus radical, mettant les bases d'une véritable contre-église : les mouvements dualistes et cathares.
Ces deux courants sont très différents. Le premier est interne aux dogmes et croyances catholiques en insistant sur la pauvreté. Le second entre directement en concurrence avec le credo catholique. Malgré ces différences, on distingue une tendance commune : le refus de la religion en place ; l'Eglise comme institution n'est pas nécessaire au salut du croyant.

 

A/ Les cathares

   Certaines sources font état de prédicateurs prêchant dans les campagnes la vie apostolique et la pauvreté comme Pierre de Bruis ou Arnaud de Brescia. On nous parle aussi de groupes religieux à Cologne, Toulouse ; des régions éloignées les unes des autres.
Pour parler des Cathares, il faut faire table rase des préjugés sur les cathares : ce ne sont pas les seuls chrétiens purs, ils ne sont pas seulement la version occidentale du manichéisme, ni le symbole de la civilisation languedocienne…
   Pourquoi ont-ils été donc combattu par le roi et l'Eglise alors ? La réponse est facile : à la différence des prédicateurs, les cathares donnent naissance à une contre-église avec des structures et un clergé. Ils apparaissent donc comme un danger.

         1) La doctrine cathare
   Elle a un fondement dualiste certain. C'est à dire une doctrine dans laquelle s'affronte le bien et le mal. A cela s'ajoute l'influence des Bogomiles qui ont des thèses manichéennes. A Toulouse en 1167, à lieu un concile cathare. Mais ces influences ne sont pas tout : les cathares ont un clergé et une liturgie propre.
   Le clergé reprend les noms de l'Eglise romaine : elle est formée d'évêques etc. Quant à la liturgie, on remarque particulièrement la pratique d'un baptême par l'application des mains. Il est un sacrement qui ordonne les parfaits.

         2) Les lieux d'implantation
   La doctrine n'est pas seulement présente au Languedoc, mais dans toutes les régions les plus avancées de l'Occident ; les pôles économiques et culturels. Il existe néanmoins deux régions principales : le Languedoc et plaine du Pô. Mais la religion cathare n'est majoritaire nulle part. Les membres sont en majorité la petite aristocratie seigneuriale.
   Mais finalement, le plus dangereux pour la papauté était la possibilité des cathares de mettre en place une contre-église basée sur une spiritualité apostolique et de pauvreté. Les cathares semblaient en mesure de développer une structure conduisant à l'essor d'une véritable religion ne remettant pas en cause la suprématie seigneuriale.

 

B/ Les Vaudois et les Humilies

   Les mouvements vaudois et humiliés sont deux exemples de la spontanéité laïque.
  
Les Vaudois furent fondés vers 1170 à Lyon par Vaudès ou Valdès. Ils n'ont pas pour centre d'intérêt de concurrencer la religion catholique. Au contraire, ses adhérents se font remarquer par une lutte anti-hérétique, contre les cathares notamment. Seulement, la raison principale de leur excommunication est dans la prédication laïque.
   Vaudès apparaît dès le départ comme un chantre de la vie apostolique. Il va alors prêcher en public, traduire des morceaux choisis de la Bible en langue vernaculaire. Il choisit ses disciples parmi les hommes, mais aussi les femmes. Il prêche sans en référer à l'Eglise et surtout, il n'obéit pas à l'évêque !
   L'Eglise ne contrôle plus alors le monopole de la transmission des paroles divines, soit par le clergé séculier, soit par le clergé régulier. L'Eglise se rend compte que derrière l'hérésie vaudoise se trouve une spiritualité urbaine. Elle va alors essayer de réintégrer ces hérésies dans des ordres religieux.
   Début XIIIe siècle, Innocent III autorise les humilies à prêcher, mais avec des réserves. Ils vont être transformés en ordres laïques : la congrégation des humiliés est divisée en trois paliers, des plus laïcs au plus religieux.

 

 

II] Les ordres mendiants : essor d'une spiritualité catholique

   Ce sont des congrégations de frères qui vivent ensemble en ville, pratiquant l'étude. Mais en même temps ils suivent les courants de l'Eglise catholique, obéissant à la hiérarchie ecclésiastique romaine.
   Les débuts sont parallèles entre dominicains et franciscains. Même l'organisation des deux ordres mendiants est semblable. C'est une organisation est hiérarchisée et d'envergure européenne.

 

      A/ Les franciscains

   Ils sont aussi appelés les frères mineurs. François d'Assise est né en Ombrie en 1181. Eduqué dans une culture chevaleresque, il va se convertir et se dépouiller de ses biens. Il va se retirer, vivre selon l'humilité avec l'obéissance à l'Eglise romaine et la pénitence.
Puis
Claire le rejoint et fonde l'ordre des Clarisses.
   Cet ordre va se doter d'une règle en 1223.

      B/ Les dominicains

   Au contraire, les frères prêcheurs de Dominique sont dès le départ un ordre de clerc. Il reprend les fondements de la règle des chanoines. La prédication est au centre de leur vie.
   Mais comme chez François, le choix originel est celui d'une fidélité à l'Eglise. Dans leur règle, on réserve une place privilégiée à la prédication. Son essor est européen et urbain ; notamment les grandes villes industrielles. D'ailleurs, de plus en plus de professeurs universitaires vont provenir des ordres dominicains ou franciscains.
   Conséquence de leur intérêt pour la prédication : la papauté leur confie la répression des hérétiques et notamment des cathares avec l'instauration de l'Inquisition.

   D'autres ordres mendiants : Les carmes et les augustins.

 

 

III] Développement d'une nouvelle spiritualité laïque

   La pauvreté est devenue une des bases de la spiritualité laïque. Des ordres nouveaux sont apparus pour répondre à cette demande.

 

      A/ Spiritualité laïque et religiosité urbaine

   L'essor des confréries de laïcs a permis de résoudre ces besoins de religiosité. Elle est typiquement urbaine et orthodoxe (par rapport à l'Eglise de Rome !). De cette manière l'espace urbain est quadrillé sur le plan religieux.
   Ce mouvement de dévotion eut aussi une extension beaucoup plus large avec le développement de confréries de métiers ou de paroisses.
   Il s'agit à chaque fois de groupe de laïcs avec des besoins religieux forts qui entendent exprimer très fort leur religiosité tout en demeurant des laïcs.

 

      B/ La force de la parole

   C'est la volonté de vouloir comprendre la Bible et la nécessité ressentie de divulguer la parole divine. D'où l'importance des ordres de prédications, ce qui est une nouveauté dans le sens d'une prédication des masses urbaines. De plus le siècle voit une professionnalisation de la parole.
   Les dominicains s'intéressent à la culture savante et vont légitimer l'activité des universités. Les dominicains sont les principaux acteurs du renouveau culturel. Les franciscains, sont un peu à la traîne dans les universités, s'orientant vers les cultures populaires.

Texte établi à partir d'un cours de faculté en 1998-9
Grands Mercis au professeur

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Mise à jour du : 31/03/99


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