Alexandre et la ville de Thèbes
Apprenant que les Thébains avaient fait
défection, et que les Athéniens étaient d'intelligence avec eux, il fit immédiatement
passer les Thermopyles à ses troupes : "Démosthène, dit-il, me traitait d'enfant
tant que j'étais chez les Illyriens et les Triballes, puis de petit jeune homme quand je
suis entré en Thessalie ; je veux lui faire voir sous les murs d'Athènes que je suis un
homme." Arrivé devant Thèbes, et voulant permettre à la ville de rapporter sa
décision, il se borna à demander qu'on lui livrât Phénix et Prothytès, et fit
proclamer l'amnistie pour ceux qui reviendraient à lui. Les Thébains répondirent en
exigeant que lui-même leur livrât Philotas et Antipatros, et firent proclamer que ceux
qui voulaient concourir à la libération de la Grèce devaient se ranger de leur côté.
Alors Alexandre lança les Macédoniens au combat. Les Thébains luttèrent avec un
courage et une ardeur bien au-dessus de leurs forces, car les ennemis qu'ils affrontaient
étaient plusieurs fois plus nombreux qu'eux. Lorsque la garnison macédonienne à son
tour, sortant de la Cadmée, tomba sur eux par derrière, cernés de tous côtés, ils
périrent pour la plupart sur le champ de bataille ; leur ville fut prise, pillée et
complètement rasée. Au fond, l'intention d'Alexandre était de frapper les Grecs par un
si grand désastre, dans l'espoir qu'ils prendraient peur et se tiendraient tranquilles,
mais de plus il se donna l'apparence d'agir ainsi pour satisfaire aux griefs de ses
alliés, et en effet les Phocidiens et les Platéens avaient fait valoir leurs accusations
contre les Thébains. Mettant à part les prêtres, tous les hôtes des Macédoniens, les
descendants de Pindare, et ceux des Thébains qui avaient voté contre la défection, il
fit vendre les autres, au nombre de trente mille. Le nombre des morts dépassait six
mille. Plutarque, Alexandre,11, 6-12 ;13, 1. |
Mise à jour du : 19/12/98