La reddition de comptes des magistrats athéniens

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   Dans cette cité si ancienne et si réputée par sa grandeur, personne parmi les gens qui s'occupent d'une charge publique ne peut échapper à la reddition de comptes. Je vous le montrerai d'abord avec des exemples surprenants : ainsi la loi impose la reddition de comptes aux prêtres et aux prêtresses, à tous en général et à chacun en particulier, alors qu'ils n'ont qu'à recevoir les offrandes et à adresser aux dieux des prières pour nous, et cela concerne non seulement chaque individu, mais le génos tout entier, les Eumolpides, les Kérykes et tous les autres. La loi impose également la reddition de comptes aux triérarques, qui n'ont pas entre leurs mains des biens appartenant à la communauté, qui n'ont pas détourné une grande partie de vos ressources, n'en dépensant pour l'État qu'une faible partie, qui ne prétendent pas vous faire des dons alors qu'ils vous rendent ce qui est à vous, mais qui au contraire mettent à votre disposition leur patrimoine pour recevoir de vous des récompenses honorifiques. Et ce ne sont pas seulement les triérarques, mais aussi les plus grands parmi les collèges de magistrats de la cité qui sont soumis au verdict des tribunaux. Et d'abord la loi ordonne à la Boulè de l'Aréopage de rendre des comptes devant les logistes, et cette assemblée redoutable, maîtresse des affaires les plus importantes, se soumet ainsi à votre vote. La Boulè de l'Aréopage ne peut donc être couronnée ? La tradition des ancêtres ne le veut pas. C'est donc que ses membres méprisent les honneurs ? Non certes, mais ils ne sont pas satisfaits si l'un d'eux commet une injustice, et si quelqu'un commet une faute, ils le punissent. Vos orateurs sont moins exigeants. La Boulè des Cinq-Cents est également contrainte par le législateur à rendre des comptes. Et il y a une telle méfiance à l'égard de celui qui n'a pas rendu ses comptes que la loi dit : << que celui qui n'a pas rendu compte de sa gestion ne s'absente pas >>... La loi en outre interdit à celui qui n'a pas rendu ses comptes de consacrer ses biens aux dieux, de faire des offrandes, de se faire adopter, de léguer ses biens ou toute autre chose lui appartenant. En un mot, le législateur met sous séquestre les biens du magistrat jusqu'à ce qu'il ait rendu ses comptes à la cité.

Eschine, Contre Ctésiphon,17-21.

 



Mise à jour du : 15/12/98