L'Opulente Corinthe
Les Corinthiens, dit-on, ont montré dans le domaine maritime un esprit d'entreprise semblable au nôtre, et c'est à Corinthe que, pour la première fois en Grèce, ont été construites des trières. Il semble aussi que ce soit pour des Samiens que le constructeur corinthien Améinoclès ait bâti quatre navires ; le voyage d'Améinoclès à Samos se place autant dire trois cents ans avant la fin de notre guerre. Le plus ancien combat naval que nous connaissions survient entre Corinthiens et Corcyréens et il a lieu, autant dire deux cent soixante ans avant la même date. Habitant une ville sise sur l'Isthme, les Corinthiens avaient toujours disposé d'une place de commerce ; les Grecs d'autrefois usaient plus de la terre que de la mer, et c'est en passant par leur ville que les gens du Péloponnèse et ceux du dehors se rencontraient, d'où pour Corinthe d'abondantes ressources en argent dont témoignent les poètes d'autrefois qui qualifient ce pays d'opulent. De plus, quand les Grecs développèrent la navigation, les Corinthiens, s'étant donné une flotte et possédant une place de commerce sur Ies deux rives de l'Isthme, durent à leurs revenus la puissance de leur cité. Thucydide, I, 13,1-5.
Strabon, VIII, 6, 20 (C 378). |
Il s'agit de parler de l'opulence mais aussi des raisons qui ont fait sa
prospérité.
On mentionne la fin de la guerre du Péloponnèse en 404, la tyrannie des Bacchiades de 657 et le combat naval de 664-3.
Deux textes sont en présences, l'un de Thucydide, l'autre de Strabon. Ces deux auteurs ne sont pas de la
même époque, mais ils parlent de la même chose. Le plus éloigné fera le plus
facilement des erreurs.
Thucydide (avant 460 vers 395) est un athénien
du Ve siècle. On sait qu'il
appartient à une grande famille athénienne et qu'il a occupé de grandes fonctions, la
plus importante étant celle de stratège en 424 pendant laquelle on le
charge de défendre la ville d'Amphipolis contre les spartiates. Il échoue et il est condamné à une peine d'exil
de vingt ans. Pendant cet exil, il commence la rédaction de Histoire de la guerre
du Péloponnèse. C'est un ouvrage fondamental pour l'histoire de la Grèce du Ve siècle, mais aussi l'histoire du monde grec
entre 478 et 411. Au bout des vingt années d'exil, il rentre
à Athènes et y meurt. Thucydide est considéré comme le premier
véritable historien : il est le premier à raconter l'histoire des hommes sans faire
intervenir les divinités.
Strabon (64 av J.-C. 21ap) est un grec
originaire du Pont. Il
appartient à une grande famille locale et il a été un grand voyageur, ses voyages lui
on permit d'écrire deux livres, l'un sur l'histoire grecque de 145 à 21ap
J.-C et l'autre Géographie. L'ouvrage est aussi fondamental : Strabon fait un tableau historique et
géographique du monde méditerranéen à son époque. Et pour chaque région, il donne
des informations historiques. Le seul inconvénient et l'ancienneté des évènements
cités.
1) Une bonne situation géographique
La ville est située sur un isthme,
coincée entre le golfe de Corinthe et le golfe Saronique. L'auteur parle de gens du dehors ; il s'agit des gens du continent. Les
Péloponnésiens qui veulent passer sur le continent doivent passer par Corinthe ; c'est donc un nud de
communication terrestre.
Corinthe excellemment bien placée
géographique, est aussi un lieu de rassemblement panhellénique important. Les jeux
isthmiques ont lieu dans le sanctuaire panhellénique de Poséidon. C'est une copie des Jeux Olympiques : tous les quatre ans, même
jeux, même récompenses. Et les jeux attirent tout le monde et donc les marchands. S'y
ajoute le sanctuaire d'Aphrodite,
au sommet d'une colline de 500 mètres : l'acrocorinthe. Dans ce sanctuaire, il y avait 1 000 hiérodules qui prenaient grand soin des pèlerins ! Elles attiraient beaucoup
de monde aussi
.
2)
De bonnes infrastructures.
Mais aussi, c'est un
nud de relations maritimes. Ses ports sont tournés vers l'Asie et vers l'Italie. Les fouilles nous ont permis de les retrouver. Le premier à Kenchrée (Kenchréai) et l'autre à Lechaion (Vrachali). Mais Strabon se trompe en parlant de deux
ports : il en est un troisième à l'est : Perachora.
C'est une zone d'échange pour les cargaisons.
Corinthe est un relais commercial. Les corinthiens transportent les bateaux sur le diolcos. On hâlait les bâtiments sur
des chariots le long d'une voie d'hâlée qui court tout le long de l'Isthme. Le système
ingénieux demandait des hommes en nombre considérable.
De plus, ce système évite un grand problème :
celui du cap Malé, dont la
navigation est dangereuse par ses remouds et courants.
1)
Les produits échangés
Aucun des deux textes n'explicite les
marchandises qui transitent à Corinthe. Pour les marchandises extérieures, elles sont
multiples : marbre, vin, tissus, ors, esclaves. Et les corinthiens eux-mêmes exportaient
de la céramique.
Il s'agit de céramiques proto-corintiennes. Elles sont
de petites tailles pour la vie quotidienne : la toilette, l'alimentation. Ils sont
proto-géométriques. Ils ont une caractéristique : ils portent des frises animalières.
A l'époque archaïque, les corinthiens inondent le monde grec de ce produit. Elle sera
détrônée plus tard par la céramique athénienne.
Corinthe implique des échanges à longue distance, à
l'échelle internationale. On trouve des produits corinthiens à l'étranger avec le Pont-Euxin, le Proche-Orient, l'Italie et
toutes les cités grecques de la Grande Grèce. On peut même dire que l'éloge de Strabon est en deçà de la réalité.
2)
les Corinthiens et la mer
On note une relation intime
entre Corinthe et la mer dans le début de Thucydide. Ors un peu plus bas on apprend que les Grecs regardaient autrefois plus
vers la terre.
On remarquera une erreur de Thucydide. Il dit
que les premières trières sont crées au VIIIe siècle, ors les premières données archéologiques date du VIe
siècle. Thucydide veut peut-être parler d'un autre type de bâtiment : le pentécontore, qui existait à
l'époque. On apprend que les corinthiens ont été une puissance maritime : ils ont
inventé un type de navire et ils disposent d'une flotte de guerre conséquente.
En d'autres termes, les corinthiens peuvent
être une synthèse entre les spartiates qui regardent résolument vers la terre et les
Athéniens qui regardent vers la mer.
1)
L'arsenal douanier
Quand un produit étranger quittait ou
venait dans un port, on payait un droit de douane. Le simple fait de traverser la
corinthie était payable.
2)
Les bénéficiaires
Il s'agit des Bacchiades, ancienne famille royale corinthienne qui après la chute de la royauté
a conservé toute sa puissance. Et elle revient au pouvoir en 657 sous forme
de tyrannie.
Mise à jour du : 15/12/98