Le roi du Bosphore et le blé d'Athènes
Vous le savez sans doute : plus que tous les
autres groupes humains, nous utilisons du blé importé. Or, le blé qui vogue depuis le
Pont peut se comparer à l'ensemble de celui qui nous arrive de tous les autres centres de
commerce. C'est tout naturel : non seulement il y a abondance de blé dans cette région,
mais Leucôn son maître a accordé l'exemption à ceux qui le transportent à Athènes et
ses hérauts ordonnent que les vaisseaux qui voguent vers votre pays soient chargés les
premiers. Ainsi, tandis qu'il a reçu de vous une exemption qui ne vaut que pour lui-même
et ses enfants, c'est vous tous qui bénéficiez de l'exemption qu'il a accordée.
Examinez aussi de quelle quantité il s'agit. Ce personnage lève sur les exportateurs de
blé une taxe d'un trentième. II arrive de chez lui, ici, quelque quatre cent mille
médimnes, comme on peut le voir sur le livre des comptes des sitophylaques. Par
conséquent sur trois cent mille médimnes il nous fait remise de dix-mille et sur les
cent mille qui restent d'environ trois mille. Et il est si éloigné de priver la cité de
ce cadeau qu'ayant fondé une place de commerce à Théodosie dont les navigateurs disent
qu'elle n'est en rien inférieure à celle du Bosphore, là aussi il nous a accordé
l'exemption. Je pourrais rappeler nombre de bienfaits dont vous lui êtes redevable, à
lui et à ses ancêtres, mais je n'en mentionnerai qu'un : il y a deux ans, alors que le
blé manquait dans toute l'humanité, il ne s'est pas contenté de vous envoyer une
quantité de blé suffisant à vos besoins, il vous en a envoyé tant que vous avez
bénéficié d'un surplus valant quinze talents dont la gestion fut confiée à
Callisthénès. Démosthène, Contre Leptine, 31-33. |
Mise à jour du : 15/12/98