Eloge de l'Attique
J'ai toujours pensé que tels sont les
chefs d'un gouvernement, tel est aussi le gouvernement. Or on a dit que quelques-uns des
dirigeants à Athènes, tout en connaissant la justice aussi bien que les autres hommes,
prétendaient que, vu la pauvreté de la masse, ils étaient forcés de manquer à la
justice à l'égard des autres États. C'est ce qui m'a donné l'idée de rechercher si
les Athéniens ne pourraient pas subsister des ressources de leur pays, ce qui serait la
manière la plus juste de se tirer d'affaire, persuadé que, si la chose était possible,
ce serait un remède tout trouvé à leur pauvreté et à la défiance des Grecs. (Xénophon, Revenus, I.).. |
L'auteur nous fait un éloge, un panégyrique de l'Attique. A un tel point
qu'il pose question ! Cet homme est originaire du coin ; il est athénien.
Xénophon (426-355)
est à connaître avec Hérodote
(Enquêtes), Thucydide (histoire de la guerre du Péloponnèse). Il appartient à
une famille riche d'Athènes, il fait partie de la jeunesse dorée, disciple de Socrate. Il a eu une carrière militaire et
à fait parti de l'expédition des dix mille. Il faut comprendre 10 000 mercenaires, essentiellement des spartiates
recrutés par Cyrus, qui faisait
la guerre contre son frère pour la conquête de la Perse. L'expédition se passe très
bien jusqu'à la bataille de Cunaxa, bataille victorieuse mais mort de Cyrus ; alors fin de la guerre. Les
généraux sont invités à un banquet par les Perses et tous sont assassinés. On
désigne donc de nouveaux chefs dont Xénophon. A son retour, il est ostracisé pour ses liens avec Sparte. C'est en exil qu'il écrit
l'essentiel de ses livres. Il revient à Athènes à la fin de son exil et y meurt.
Xénophon est un écrivain dont on a conservé
de nombreux ouvrages : Les helléniques, histoire du monde grec de 411
à 367 qui prend la suite de l'ouvrage de Thucydide qui prenait lui-même la suite d'Hérodote, l'Anabase qui raconte l'expédition des dix mille, Mémorables
et Apologie de Socrate en hommage à Socrate. D'autres (Agésilas à la gloire d'un roi de Sparte, Revenus).
Les Revenus ont été écris vers 355,
le texte nous y aide lui-même. Le premier paragraphe parle explicitement d'évènements
politiques majeurs : (l. 3-4), pauvreté de la masse et injustice à l'égard d'autres
Etats.
La pauvreté de la masse renvoie à la fin de la guerre du Péloponnèse. Celle-ci a ruiné la
population athénienne et surtout les paysans. En effet, quand les spartiates ont envahi l'Attique, les paysans sont allés se
réfugier en ville, et les fermes d'être incendiées, et les récoltes d'être ravagées
( ors pour la culture des oliviers, il faut attendre 30 ans ; pour la vigne, 10 ans). Ces
gens sont complètement démunis, on parle d'indigents.
Et Xénophon fait un lien avec l'injustice.
Cette défiance renvoie à la deuxième confédération
athénienne vers (370-355). Pour subvenir aux
besoins de la pauvreté de la masse, les Athéniens vont à nouveaux pressurés leurs
alliés, ce qui aboutit à la guerre des alliés (357-355), désastre pour Athènes qui se retrouve toute seule, d'où la suite du texte. Il faut donc
trouver les moyens de subsistances sur sa propre terre.
Les
cultures
Aux lignes (12-18), Xénophon parle d'une
première ressource : les cultures. Xénophon est explicite pour dire à quoi il pense,
mais se garde de dire à quel type de plantes ou de pêches il fait allusion. C'est que
pour les gens de l'époque, il est explicite : " germer ",
" mer " et " plantes " signifient des
spécificités bien précises.
Le climat tempéré joue un rôle fondamental. La
partie nord est fort montagneuse avec 1 413 mètres d'altitude pour le Mont Parnasse. Plus on va vers le sud, plus
les plaines sont présentes. Cette disposition orographique a des conséquences : dans les
montagnes, les bergers avec des ovins et surtout des chèvres, les boucherons ; le
domaine de la plaine est lui mieux arrosé, c'est là que l'on trouve les cultures avec
surtout la Mesogée. Pour les
céréales, il s'agit de l'orge ; le blé est importé. Pour les légumes : navets, choux,
fèves, raves, oignons ; les fruits : la vigne, les arbres fruitiers, le figuier.
L'olivier sert pour les olives et l'huile, la vigne pour le vin de préférence. Pour la
mer, les eaux antiques étaient poissonneuses, avec des dauphins (qu'on ne mange
pas !), et beaucoup de crustacés fort appréciés
Le
sous-sol
L'Attique est riche en marbre
et en argent. Le Mont Pentélique
offre un marbre blanc à l'extraction et prenant un ton doré au contact de l'air
(Parthénon). Le Mont Hymette
offre un marbre grisé recherché pour les constructions plus ordinaires. A l'époque de
Xénophon, le marbre du Pentélique est fort primé.
Pour l'argent, les mines
du Laurion. 20 000 esclaves travaillaient dans ces mines. Au
Ve siècle, elles sont en pleine
exploitation : de 480 à 431 chaque année sont extraites
vingt tonnes de plomb argentifère. Et aucun des voisins ne possède d'argent. Les seuls
autres gisements se trouvent en Espagne et Macédoine.
A l'époque la découverte d'une mine d'argent se
faisait par hasard : on fait un trou !!
La
situation géographique.
L'Attique est au centre du monde pour les
Grecs de Xénophon, par rapport au monde alors connu.
L'Attique est une île et un continent, une île car une barrière montagneuse rend
difficile la traversée du continent au nord-ouest. Ils ont deux contacts maritimes, ce
qui facilité la spécificité d'île, surtout avec les longs
murs et le Pirée.
Avec cette ouverture sur la mer, on fait des
échanges, on importe du blé, nerf de la guerre (Egypte, Sicile, la mer noire). On
exporte le marbre de pentélique.
Mise à jour du : 15/12/98